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roit, afin que par cette résurrection feinte il parût avoir le don des miracles. Mais Calvin ayant ordonné à cet homme de fe lever, il ne fe leva point & fe trouva véritablement mort (a).

Cochleus rapporte dans fa vie de Luther, qu'il voulut en 1545 exorcifer une fille énergumene, dans l'églife de Wirtemberg, en présence d'un grand nombre de fpectateurs; mais que cette fille mépri fant fon pouvoir, lui fauta à la gorge, le mit en fuite, & que, dans fon effroi, il paroiffoit prêt à perdre l'efprit.

Mais files fondateurs de la prétendue réforme n'ont pas eu le don des miracles, peut-être ont-ils eu celui des prophéties. Vous allez en juger par le trait fuivant. Luther avoit prophétifé p'ufieurs fois qu'il anéantiroit le regne du pape, & dans la certitude où il croyoit être de l'événe ment, il avoit pris cette infolente devife: Vivus ero peftis, moriens ero mors tua, papa. O pape, pendant ma vie je ferai ton » fléau, & en mourant je ferai ta mort. » Il prétendoit avoir trouvé, par certains calculs, l'époque de la ruine prochaine du pape & du monde entier, que le miniftre Jurieu fixa enfuite à l'année 1714; cependant le monde & le pape fubfiftent encore en 1780.

(a) Bolsec, vie de Calvin, ch, 7.

LE PROTESTANT.

les

Mais ne pourroit-on pas dire que fuccès, les progrès de Luther & de fes difciples femblent merveilleux & tiennent lieu de miracles?

LE DOCTEUR.

Eh non fans doute, Monfieur, on ne peut pas dire que les progrès de l'aria nifme qui a eu plus d'étendue que le lu théranifme, ni que les progrès des diffé rentes fectes hérétiques, ou du mahométifme, foient miraculeux. Il n'est point furprenant qu'en abrogeant une grande partie de ce qu'il y a de gênant & de pénible dans la religion, en flattant les paffions, ouvrant la porte des monafteres, ménageant les intérêts des princes, profitant de leur divifion, & joignant dans les occafions la force ouverte à l'artifice, Luther & Calvin aient fait des profélytes.

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Quand Luther permit en 1539 à Philippe Landgrave de Heffe d'époufer une feconde femme, & par conféquent d'en avoir deux à la fois puifque la premiere étoit vivante, il eft évident que par-là il engageoit furement dans fon parti ce prince qui étoit comme l'ame de la ligue Smalkade, & qui pour obtenir de Luther cette difpenfe, lui avoit promis tous les biens des monafteres de fes états.

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C'eft ce que S. Paul avoit prévu quand il avertiffoit fon cher Timothée, que les hérétiques feroient de grands ravages dans l'églife, mais que 1 urs fuccès ne devoient point ébranler fa foi. « Les hommes mé» chans & les impofteurs, lui dit-il, fe» ront de grands progrès dans le mal, » étant eux-mêmes dans l'erreur, & y je» tant les autres : Quant à vous, demeu→ > rcz ferme dans les chofes que vous avez » apprites, fachant de qui vous les te» nez (a). »

LE PROTESTANT.

Je fuis fatisfait, Monfieur, de ce que vous m'avez dit fur les quatre caracteres de l'églife, fon unité, fa fainteté, fa catholicité & fon apoftolicité. Vous m'avez appris fur la doctrine & la vie des premiers auteurs de la réforme, beaucoup de chofes dont je n'avois jamais entendu parler; mais indépendamment de ces faits particuliers, je vois bien que les quatre marques diftinctives de l'églife de JéfusChrist, conviennent à l'églife romaine, & qu'on ne peut les appliquer aux fociétés proteftantes.

Je me rappelle que vous m'avez annoncé qu'outre ces caracteres diftin&tifs de l'églife, il y a quelques autres propriétés

(a) 2, Tim. 3. 23.

qui lui font effentielles, & qu'on ne trouve que dans l'églife romaine. Voudriez-vous bien auffi me donner quelques inftructions fur ces propriétés.

LE DOCTEUR.

Je n'aurois pas oublié de vous en parler, mais j'abrégerai ce que j'ai à vous en dire parce que ce ne feront que des conféquences de ce que je vous ai déja expliqué.

L'églife de Jésus-Chrift a des propriétés qui, fans être renfermées en propres termes dans les deux fymboles de la foi chrétienne, le font implicitement. Les peres & les théologiens les réduifent à trois principales, qui font l'indéfectibilité, la vifibilité & l'infaillibilité.

L'indéfectibilité ou perpétuité de l'église confifte en ce qu'elle a dû fubfifter toujours depuis fa fondation, & qu'elle doit fubfifter fans interruption jusqu'à la fin du monde.

Sa vifibilité confifte en ce qu'on a toujours pu & qu'on pourra toujours la reconnoître, la diftinguer avec certitude de toute autre fociété, & recourir à fon tribunal & à fes décisions.

On entend par fon infaillibilité, qu'elle ne peut tomber dans l'erreur.

Ćes trois propriétés appartiennent à l'églife de Jéfus-Chrift, & on en trouve des

1

preuves évidentes dans la fainte écriture, & même dans les deux fymboles.

Jéfus-Chrift a promís à fes apôtres qu'il feroit avec eux & leurs fucceffeurs tous les jours & jufqu'à la fin du monde : fon églife eft donc indéfectible.

Ce divin fauveur a dit expreffément : »Si votre frere a péché contre vous » dites-le à l'églife, & s'il n'obéit pas à » l'églife, qu'il foit à vos yeux comme un » païen & un publicain (a). » Pour cela il faut qu'elle forme un corps à qui on puiffe recourir, un tribunal qui donne des décifions & à qui on doíve obéir: elle est donc vifible.

Dieu veut le falut des hommes ; JéfusChrist a donné fon fang pour eux: mais hors de l'église il n'y a point de falut. Il faut donc que l'églife de Jéfus-Christ subfifte jufqu'à la fin des fiecles, pour que, jufqu'à la fin des fiecles, les juftes puiffent être fauvés. Il faut encore pour cela qu'ils puiffent toujours reconnoître cette églife, & la diftinguer de toute autre fociété : elle doit donc être indéfectible & vifible. Son infaillibilité eft garantie par l'affiftance perpétuelle que Jéfus-Chrift lui a promife, & parce qu'il a prédit que les portes de l'enfer ne prévaudroient jamais

contr'elle.

(@) Matth. 18. 17.

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