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du monde les artifices, les souplesses, les ménagemens, les ruses, le mensonge dont il est le père. Ce sont des armes foibles et méprisables, mais dont il ne peut se passer pour perpétuer ses illusions parmi les hommes et vous ne leur avez donné pour toute arme que le bouclier de la foi, contre lequel tous les traits les plus enflammes de l'erreur viennent s'émousser et s'éteindre; et le glaive de la vérité avec lequel ils abattent, ils terrassent toute hauteur qui s'élève contre votre science, ó mon Dieu ( 1 )! Toute la force de vos ministres est dans la vérité : avec elle ils peuvent défier toutes les puissances de la terre; mais dès qu'ils l'abandonnent, ou qu'ils n'osent plus en faire usage, ils ne sont plus que des hommes vils et méprisables; et le monde lui-même sent diminuer son respect pour eux, à mesure qu'ils en obtiennent plus de complaisances lâches aux dépens de la vérité ( 2 ). » Puissent de

debemus, recedere videatur : charitatis tamen ordo poscit, ut Ecclesiam et rempublicam magis amemus; neque committendum est, ut universitas periclitetur, dum unius existimationi servando studemus. Veritatem itaque revelare, ac super tecta prædicare, falsaque dogmata, quantis poterit, viribus impugnare, hìc non solùm unicuique christiano licebit, sed necesse erit sacris Ecclesiæ custodibus. Immò, istis præ timore, negligentia, ignorantia, aut conspiratione tacentibus, privato cuicumque homini id oneris incumbet, ut in lupum exsurgat, dormientesque pastores suis clamoribus excitet, etc. Il avoit dit auparavant. Summo ac præstanti ingenio viri, quos desidia numquàm invadere, numquàm turbulenti rerum terrenarum affectus occupare diù possunt, solent, abjectis omnibus curis, se totos ad inquisitionem veritatis conferre, atque in ejus contemplatione tamquam in beatissimis Elysiis consistere, ac sese abdere.... Inter tot autem veritates, quibus si rectè utamur, ad benè beatèque vivendum quasi manu perducimur, illa certè omnium princeps, et sola propemodùm necessaria est veritas christianæ religionis, unde tot sanctorum dogmatum eruditio fluit. Qui verò hìc profecère, vix imperare sibi deinde potuerunt, quominus alios quoque homines continuò adsciscerent in suæ felicitatis communionem. Itaque aut in libris, aut in disputationibus, aut etiam in publicis scholis et rostris, veritates a se compertas, magná contentione animi atque ingenii, vulgarunt, illustrarunt, suaserunt.

(1) Scutum fidei, in quo possitis omnia tela nequissimi ignea extinguere (Ephes. 6). Et omnem altitudinem extollentem se adversùs scientiam Dei (II. Cor. 10).

(2) Dans une province, où j'ai été, il n'y a pas long-temps, on parlait dans une assemblée de curés et de prêtres, de différentes situations possibles ou probables qui pouvoient faire jouter la conscience avec l'intérêt. L'un d'eux " ancien curé et prétendant donner le ton aux

telles réflexions ne s'effacer jamais de l'esprit des ministres du Seigneur, des maîtres et des pasteurs des ames, puissent-elles pénétrer et consolider leur cœur contre toutes les vues d'espérance, de crainte, de vanité et d'intérêt ( 1 ); contre tout déguisement, sophisme, faux-fuyant, spéculation hétérodoxe, système de mode, opinion de faveur, imaginés pour mettre à leur aise les ames froides et indifférentes: Tantùm ut crucis Christi persecutionem non patiantur (Gal. VI. 12 )!

A la fin du second volume l'abbé Asselin a placé quelques réflexions sur des sujets édifians et instructifs, une explication de la prose Veni Sancte Spiritus, attribuée à Innocent III, etc. Tout cela est marqué au même coin de sagesse, de zèle, d'orthodoxie (car cette qualité doit être remarquée aujourd'hui même dans les prédicateurs, les théologiens, et les évêques) que les Discours de l'éloquent et très-estimable auteur.

autres, n'eut pas honte d'élever la voix et de s'écrier je tiens avec le pain. Un pauvre vicaire, là présent, releva avec un courage digne de la Foi chrétienne, la lâcheté du vieux pasteur, déjà renegat dans l'ame et n'attendant que les circonstances pour apostasier.... Que l'homme foible tremble sous le glaive prêt à l'immoler, que la vue d'une mort prochaine et terrible trouble ses sens et son esprit au point de renier son Dieu, ou, ce qui est parfaitement la même chose, de trahir les intérêts, les droits et les lois de son Eglise; condamnons et en mêmetemps plaignons cette victime de la terreur. Mais que de sang froid et dans le moment d'une tranquillité complete, hors de tout ce qui trouble et écarte la réflexion, un ministre du Seigneur se décide froidement à devenir traitre à son devoir, à son état, à l'Eglise qui le nourrit et le fait honorer, au Dieu qui l'a marqué du caractère de son sacerdoce; et qu'il donne cette résolution comme un fruit de prudence, comme un moyen de sûreté et de bonheur !... Non, il n'y a qu'une ame avilie par le crime, aveuglée par un long égarement où les lumières de la foi ont peri avec les sentimens de l'honneur, qui puisse se ravaler à ce degré d'infamie.

(1) Ce que c'est que cette fatale divinité de Mammone, aujourd'hui comme du temps de J. C., et comme dans tous les temps, inconciliable avec le service du Créateur. Matth. VI. 24 !... « Combien de ministres de l'Eglise (disoit un homme aussi ingénieux qu'excellent Chrétien) qui n'ont d'autre Dieu que l'intérêt, qui changent, pour ainsi dire, le Dieu qu'ils adorent contre le dieu qui les enrichit!

Converso in pretium Deo. Hor. Od 16. L. 3.

La béatitude évangélique: Beati pauperes spiritu, a toujours marché à côté d'un zèle courageux et constant, a toujours été le partage de ceux qui pouvoient dire ; Et arbitror ut stercora (Philipp. III. 8).

EFFETS SALUTAIRES DU CHANT ECCLÉSIASTIQUE.

PROCESSION DU

SAINT SACREMENT A MARSEILLE. — REMARQUES SUR LE CANTIQUE TE DEUM LAUDAMUS REFLEXIONS SUR LE SILENCE DE LA NUIT ET SUR L'IMPRESSION DES OBJETS religieux.

Janvier 1787, page 95.

(Lettre à l'auteur du journal. )

Diverses observations que j'ai lues depuis quelque temps sur le chant ecclésiastique, que la fausse et antichrétienne philosophie voudroit bannir de nos temples, me rappellent un voyage, que je fis, il y a quelque temps, à l'abbaye d'Orval, avec un chevalier de St. Louis homme d'esprit d'ailleurs, mais un des plus chauds partisans de l'Ante-Christ (1) de Ferney, et du citoyen de Genève. Il me prouva ce que peut, sur le cœur méme d'un philosophe du siècle, l'éclat et la dignité du culte que nous rendons au Maitre souverain de l'univers dans nos églises. Vous pensez bien, monsieur, qu'en route il ne fut question que de moines, que mon philosophe, suivant la marotte du jour, déclama beaucoup contre tous ces pieux fainéans que la religion retire du monde, pour ne les occuper que de la prière, que c'étoient autant de gens inutiles à l'Etat; il contrôla jusqu'aux aumônes, que le pieux chef de cette maison respectable répand avec profusion dans nos cantons. Arrivés sur le soir à l'abbaye nous allámes à l'église, pour entendre toucher des orgues qui venoient d'être achevées, les religieux chantoient Complies; mon philosophe fut tout-à-coup si frappé du chant de ces pieux solitaires, qu'il ne put s'empêcher de s'écrier qu'il est beau d'entendre chanter ainsi les louanges du Seigneur, dans le silence de la nuit! Il se prosterne un moment, se relève et me dit sortons, je n'y tiens plus. Eh bien repris-je, sont-ce encore des gens oisifs et inutiles, que les ames dévouées au service de Dieu? Moïse étoit-il un homme inutile, lorsque retiré sur la montagne sainte, il attiroit sur tout un peuple la bénédiction

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1) Nom que Voltaire aimoit à se voir donner.

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du Dieu des armées? se livroit-il à une occupation sté rile, lorsque sans combattre lui-même, il assuroit la vic toire à ceux qui combattoient, par la ferveur et la continuité de sa prière etc.? Mais tout ce que je pus lui dire, ne fit pas sur son cœur le même effet, que l'éclat et la dignité de notre culte. Ne soyez donc pas étonné de tous les efforts des impies pour le bannir de nos saints temples. Je crois comme vous, monsieur, que nous ne sommes pas éloignés de ces jours prédits par les prohètes, où les fêtes du Dieu vivant seront changées en des jours d'opprobre et d'ignominie, en des jours de deuil pour la religion, parce que les lois de Dieu y sont anéanties son nom déshonoré, sa sainteté profanée, sa majesté avilie; dies festi ejus conversi sunt in luctum, sabbata ejus in opprobrium, honores ejus in nihilum (I. Mach. I. 41). Unissons-nous donc d'esprit et de cœur, pour prier Dieu d'abréger ces jours de tristesse, et de hater l'heureuse révolution qui doit les finir. Redoublons de zèle, mais ne perdons point courage. Notre divin Législateur n'étoit point de ces architectes imprudens, qui donnent tous leurs soins à la splendeur de l'édifice, et ne songent point à la solidité des fondemens; il batissoit pour tous les siècles à venir, il savoit à combien de tempêtes et d'assauts l'Eglise qu'il établissoit, seroit exposée; et sûr des événemens qu'il voyoit arranges devant ses yeux jusqu'à la fin des siècles, il déclaroit hautement, que les portes l'enfer, c'est-à-dire, la malice des démons et l'hypocrisie de nos philosophes, ne prévaudroient pas contre elle. J'ai l'honneur d'être, etc.

Ce 17 Novembre 1786.

V. c. de B.

de

RÉPONSE. Je crois faire plaisir à l'auteur estimable de cette lettre, en y ajoutant quelques exemples relatifs au même objet, je veux dire, à l'impression puissante que font les rites de l'Eglise catholique non-seulement sur l'esprit de ses enfans chéris, mais encore sur les gens dissipés du monde, sur des hommes séduits par les maximes philosophiques, et qui se défendent de leur mieux de tout ce ce qui peut les rappeler à des sentimens religieux. Voici T. III.

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ce que je viens de lire dans un ouvrage récent ( 1 ), dont l'auteur a presque toutes les petites allures du jour, et ce n'est qu'en mutilant çà et là le passage que je vais rapporter, que je l'ai rendu supportable aux lecteurs qui ne les aiment pas. Il s'agit de la procession du St. Sacrement, le jour de la Féte-Dieu, à Marseille.

« Dès le matin tous les navires qui sont dans le port arborent leurs flammes et leurs pavillons; les quais sont balayés, arrosés et semés de fleurs; les marins ont pris leur habit de fête, leur gilet de coutil bleu, et leur bonnet rouge de Tunis; ils ne travaillent pas, ils se réposent, ils fument. Voici à peu près la marche et l'ordonnance de la procession. Toutes les confréries rangées sous leur bannière, marchent au bruit des tambourins et des galoubets. Celle des jardiniers est sur-tout remarquable par les phénomènes potagers que chaque membre tâche de faire éclore pour décorer son cierge. Ce sont des fleurs rares, des artichauts monstrueux, des poires précoces, des nids d'oiseaux, etc., etc. »

« Plusieurs centaines de jeunes filles vêtues de blanc parées de fleurs, ceintes de rubans frais, défilent deux à deux en chantant des pseaumes, et ressemblent de loin à de beaux lis parmi les arbustes fleuris d'un parterre. La symétrie leur prête un nouvel éclat. »

«Viennent cent grouppes de petits enfans habillés en abbés, en anges, en bergers, conduisant des agneaux; la plupart représentent les diverses histoires du vieux Testament. Les acteurs sont précédés et suivis d'une légion de lévites vêtus d'aubes blanches, et tout chamarrés de rubans, lesquels portent des corbeils de fleurs, et en font voler des nuages. »

« Les corps religieux de tous les Ordres, les bras croisés, suivent à pas lents de longues files de pénitens.... Ces étendarts qui flottent déployés, ces brillantes oriflammes, ces guidons, ces pannonceaux, ces riches bannières brodées en or, peintes souvent par de grands maîtres, meu

(1) Les Soirées provençales, ou lettres sur la Provence, par Berenger. A Paris 1786, 3 vol, in-12.

Mr.

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