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traduction dont il n'y a jamais eu d'exemples que dans ce siècle. J'ai eu de la peine à en croire à mes yeux.

Lisons :

.... Sed dicis, ut arbitror, certos esse limites intra quos hoc liceat: nec extra legitimas matrimonii faces progredi debet hic appetitus. Ità est sane; et sæpè inter ipsa nuptiarum claustra scelus admittitur. Bibendi quoque comedendi et loquendi certi sunt termini: sed quis servat illos? Quis tàm justus ut sep. ties in die non cadat? Loquatur hypocrita, seque nullius culpæ scium dicat. Ego nullum meritum in me scio, solaque mihi divina pietas spem facit, hæcque nos la biles scit, et ad lasciviam proclives. Nec nobis, qui potest omnibus, fontem venice claudet. Sed de hoc satis.

.... « Vous répondrez sans doute que ce penchant est seulement légitime lorsqu'il est renfermé dans certaines bornes, et que l'on ne doit jamais s'y livrer qu'en vertu des nœuds du mariage. J'en conviens; mais vous savez aussi qu'en défendant le mariage aux prêtres, on n'a pu leur défendre d'être hommes. S'il y a eu quelques bonnes raisons pour leur interdire cet acie civil qui les met hors de la classe des citoyens, pour en faire des espèces d'êtres surnaturels, il y en a encore de beaucoup meilleures pour le leur permettre. Mais en voilà assez sur cet article. »

On voit que la prétendue traduction est un plagiat fait à quelques philosophes du jour dont les yeux découvrent partout des alimens et des fruits de luxure. Oculos habentes plenos adulterii et incessabilis delicti. II. Pet. 11, 14 ( 1 );

(1) Je crois cependant m'apercevoir que le cannevas sur lequel le pauvre philosophiste a exécuté sa gauche broderie, pourroit bien étre un passage de Platina, où cet écrivain très-défectueux, passionné et vindicatif (voyez Dict. hist. art. PLATINE), met entre les adages de Pie une maxime favorable aux mariages des prêtres, maxime contradictoire à tout ce qu'il a fait et écrit depuis son élévation au Sacerdoce, et dont il n'y a pas même de vestige dans ses ouvrages de jeunesse. Par quel genre de confidence ou d'imprudence Platina l'auroit-il apprise? Il falloit au moins en citer la source et les garans. Mais c'est un conte de sa façon, aussi n'y a-t-il que le fanatique Flaceus Illiricus et quelques autres sectaires qui aient eu la mal-adresse de

et que l'original est le langage du jeune homme qui s'excuse vis-à-vis de son père d'avoir eu un enfant hors de l'état de mariage. Il avoue ingénument sa faute (fateor ingenuè erratum meum, et la fait consister précisément en ce qu'il n'étoit pas engagé dans les liens de l'union conjugale (extra legitimas matrimonii faces). Pas un mot du célibat des prêtres, et à quel propos eût-il parlé d'un état qui n'étoit pas le sien (1)!

Loin de tirer de sa faute quelque conclusion contre le célibat ecclésiastique, il convient que ce n'est que l'oisiveté et son inconsidération à converser plusieurs jours avec une angloise arrivée à l'auberge où il demeuroit, qui lui a fait oublier les lois de la chasteté chrétienne Ibi cùm otiosus diebus essem pluribus, mulier ex Britannid veniens diversorium meum etc. Encore a-t-il fallu au jeune poète, attaché alors au cardinal Fermo ( 2 ) ( nullement ambassadeur apostolique comme dit l'auteur de la prétendue notice) des idées exaltées et romanesques, le souvenir de Cléopatre et de sa victoire sur Antoine et César, d'Aristote et de qui sais-je encore, avant qu'il pût se résoudre à devenir amoureux. O que la continence sera bien assurée pour tous les prêtres pénétrés de l'esprit de leur état, s'il faut pour la leur ravir, un tel concours de circoastances! et qu'il leur sera facile d'éviter la chute du poète Sylvius en restant un peu moins oisifs et ne s'amusant pas plusieurs jours dans les auberges avec des femmes inconnues (3)!

le répéter:... Du reste Platina n'a eu garde de placer ce romanesque propos dans la lettre du poète Eueas Sylvius, et c'est précisément de cette lettre qu'il est ici question.

( 1 ) Dans l'édition que j'ai sous les yeux (Lyon 1505 ) les dates des lettres ne se trouvent pas, mais elles sont rangées selon l'ordre et répondent aux quatre différens états de l'auteur, qui a été secrétaire imperial, évêque, cardinal, pape, ainsi que l'éditeur en avertit à la premiere et à la dernière pages. Or la lettre dont il s'agit ici, est la 15, et dans la 50 il dit en termes exprès adhuc cavi ne me sacer Ordo involveret, et délibère s'il se mariera ou non.

(2) Le titre de la lettre porte précisément Eneas Sylvius poëta genitori suo.

(3) Voyez div. observ. sur le célibat, sur ses effets physiques et moraux, tome 1, Juin 1779, page 183. Sur la conyenance et la dé

Si l'on veut connoître les sentimens de Pie II sur le prix de la continence, sur la nature et les funestes effets d'une passion que, jeune et étourdi, il avoit cru pouvoir excuser, qu'on lise la lettre 116, où il fait de l'amour un tableau bien propre à guérir ceux qui en sont atteints; et la lettre 409 où il gémit d'avoir composé dans sa jeunesse un poème (Euriali et Lucretia amores), parfaitement analogue à cette 15 lettre, s'abaisse en grand homme et prie qu'on oublie tout ce qu'il a écrit en ce genre :

De amore igitur quæ scripsimus olim juvenes, contemnite, o mortales! atque respuite. Sequimini quæ nunc dicimus, et seni magis quam juveni credite. Nec privatum hominem pluris facite quàm pontificem. Eneam rejicite, Pium suscipite.... O miseri, o insipientes etc.

Je ne doute pas que Mrs. les auteurs du Journal encyclopédique, trompés par un correspondant de mauvaise foi, ne se fassent un devoir de redresser les erreurs mul❤

eence du célibat ecclésiastique, Cat. phil. p. 623. De l'autorité des deux Puissanees, t. 3, p. 369, 370, 505, 506. Le moyen de concevoir que tant d'hommes vertueux qui depuis la naissance de J.-C. ont illustré l'Eglise et le sacerdoce chez toutes les nations chrétiennes, aient moins bien compris l'impossibilité de la continence que les libertins du 18* siecle; ou qu'ayant eu le sentiment de cette impossibilité, ils aient eu l'injustice et la scélératesse de soumettre constamment et généralement leurs successeurs à une loi absurde et barbare? Mais laissons le vice calomnier la vertu, laissons les malheureux esclaves de la luxure s'étonner qu'il y ait des ames pures, laissons-les blasphemer contre une liberté dont ils ne connoissent ni les délices ni le prix. Admirantur non concurrentibus vobis in eandem luxuriæ confusionem blasphemantes. I. Pet. 11. 4. J'en appelle à l'intimité de vos consciences, ministres du Seigneur, qui avez conservé l'esprit de votre état, qui en remplissez les fonctions avec une ponctualité exemplaire et une ardeur sainte! Vous savez si malgré les combats inévitables dans la conservation de tout genre de vertu, si malgré les alarmes d'une imagination active et inflammable, vous n'avez pas, avec le secours de celui qui tient la nature dans sa main, commandé à la fragile organisatiou de ce corps de chair et de terre. Et vous, respectables dépositaires du secret des ames dans le consolant Sacrement où les Saints même déplorent des fautes légères! vous savez si au milieu même du siècle, sans aucun engagement religieux, il n'y a point des ames pures et chastes, qui persévèrent par un choix toujours libre dans un état, qu'elles n'hésiteroient pas un moment de quitter, si le péché d'incontinence en étoit un mal inséparable.

T. III.

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tipliées contenues dans cet article; qu'ils n'avertissent les lecteurs scandalisés de cette calomnieuse notice, 1o. qu'à la date de cette lettre Eneas Sylvius n'étoit point engagé dans les Ordres, 2°. qu'il n'étoit pas nonce ou ambassadeur apostolique, 3°. que dans tout le cours de la lettre il n'y a pas un mot touchant les prêtres ou le célibat ecclésias tique. 4°. que tout ce qu'a écrit Pie II dans un âge mûr, est contradictoire aux propos qu'on lui attribue. L'honnêteté et l'amour du vrai dont ils font profession, les en gageront certainement à rejeter ce nouveau moyen, plus détestable que tous ceux qu'on a mise encore en œuvre, de corrompre les annales des nations et des hommes célèbres, déjà si étrangement défigurées par les mensonges d'une impudente philosophie ( ).

* Je finissois cette réponse, lorsque je vis le no. 15 de l'Année littéraire, où l'abbé de St. Léger réfute la notice et démontre la corruption de la lettre, avec cette érudition que tout le monde lui connoît, et dont il fait un si bon usage. Au lieu d'une seule édition des lettres de Pie 11 que j'ai su me procurer, il en cite cinq (toutes différentes de la mienne) dont aucune n'a un mot de ce barbouillage philosophique sur le célibat. Il montre que la lettre n'est pas seulement plus ancienne que l'ini-, tiation de Sylvius aux Ordres sacrés, mais beaucoup antérieure à l'an 1439, date où très-certainement il étoit encore laïque. L'abbé de St. Léger réfute également ce que la notice porte de l'origine d'Eneas Sylvius, et expose l'ignorance, la mauvaise foi, les vues iniques qui régnent dans tout cet article, avec une évidence et un détail de preuves qui provoquent l'indignation de tous les gens de bien contre l'auteur d'une imposture dont il n'y a peutétre pas d'exemple depuis que les hommes cultivent les lettres, et qui étoit réservée à ce siècle d'horreurs.

(1) Que la Religion chrétienne, que l'Eglise catholique et ses ministres se glorifient de la haine d'une secte qui, lorsque la violence n'est point en son pouvoir, n'a pour arme que l'artifice et la fourberie, qui ne pouvant combattre ses adversaires avec les traits de la vérité, se couvre du voile de l'imposture et de l'hypocrisie, et compte assez sur la lâcheté ou sur l'ignorance des hommes, pour croire que personne n'osera le lui arracher!

MULTIPLICITÉ DE PRÉTENDUS GENS DE LETTRES

SOURCE DE DÉCA

DENCE POUR LES LETTRES ET LES SCIENCES.

Mai 1786, page 124.

L'érection de musées, lycées et d'autres associations savantes, proposée à Stockholm par quelques particuliers, à l'occasion de la fondation que S. M. Suédoise vient d'y faire d'une académie de lettres, donne lieu à l'abbé De Feller de revenir sur les causes de la décadence des sciences et des lettres. La multiplicité des gens qu'on nomme savans et qui pensent bien l'étre, lui paroît étre une des principales sources de ce mal; il appui son assertion des observations suivantes, tirées du journal général de France par l'abbé de Fontenay, 3 Janvier 1786.

«S'il est permis de prendre le luxe pour une richesse réelle, assurément nous n'avons jamais été mieux fondés à nous énorgueillir de notre fortune; jamais elle n'a paru avec tant d'éclat. Musées, clubs, lycées, de quelque côté que nous tournions nos regards, nous ne voyons que des sanctuaires multipliés, des asyles privilégiés du belesprit. Prose, vers, dissertations philosophiques, histoire naturelle, physique, chimie, anatomie même, dont bien des gens, et jusqu'à des dames paroissent aussi s'engouer, tous les arts, toutes les sciences semblent nous avoir révélé leurs secrets les plus mystérieux. Frappés de cette espèce de frontispice d'un superbe palais, céderons-nous à la tentation de visiter l'intérieur ? L'enchantement ne tardera pas à se dissiper. Dès les premiers pas, nous trouverons un édifice mesquin, et qui est bien loin de répondre à l'illusion majestueuse de la façade. Mais quittons le style figuré. Si l'on excepte un très-petit nombre de productions, que nous présentera cette littérature à l'embonpoint hydropique? des compilations sans ordre, sans goût, "dont le seul objet est une basse cupidité; des collections pour la plupart insipides, qui ne renferment que des réminiscences volumineuses et faites pour rester dans l'oubli; de nouvelles éditions quand les premières occupent encore les magasins de librairie; un commerce de matières d'es

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