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« Il seroit superflu de donner la description d'une ville aussi fréquentée que Glasgow: la prospérité de son commerce paroît par la magnificence de quantité de maisons particulières, et par un air général de richesse. C'est la seule ville épiscopale dont la cathédrale ait échappé à la rage de la réformation. »

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EFFETS DU FANATISME RELIGIEUX COMPARÉS A CEUX DU FANATISME RENDUS PAR LES ÉCCLÉSIASTIQUES.

PHILOSOPHIQUE.

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CONFESSIONS DE J. J. ROUSSEAU.

PHILOSOPHIQUE.

TABLEAU DU SIÈCLE

Octobre 1787, page 159.

(La Religion considérée comme l'unique base du bonheur et de la véritable philosophie. Ouvrage fait pour servir à l'éducation des enfans de S. A. S. Mgr. le duc d'Orléans, et dans lequel on expose et l'on réfute les principes des prétendus philosophes modernes; par Madame la Marquise de Sillery, ci-devant Mad. la C. de Genlis. A Paris 1787, 1 vol. in-8°.)

Quelle confusion pour la philosophie du jour, d'être confondue par une femme, et cela de manière que tous les coryphées et initiés de la secte n'ont pas osé régimber contre! les journalistes même asservis au parti et soudoyés par lui, ou se sont tus ou ont souscrit à la défaite de leurs

commettans.

Il faut convenir qu'une dame distinguée par ses connoissances, sa naissance et son rang, avoit ici des avantages sensibles qui assuroient le succès de son ouvrage. Les philosophes, à force d'injures et de calomnies atroces, sont parvenus à persuader aux gens du monde, que les critiques les mieux motivées et les plus judicieuses, n'étoient que d'affreux libelles, des satyres grossières et dégoûtantes, dictées par un intérêt sordide. M.me la Marquise de Sillery, contre laquelle on n'a aucune prévention, a pu tourner avec plus d'effet et de succès contre les philosophes, les mêmes observations qui dans l'ouvrage d'un critique, d'un théologien sur-tout, sont regardées comme d'horribles injures, comme de sanglans outrages faits aux talens et à la T. III.

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mémoire des grands hommes; mais qui paroîtront dans son livre, des jugemens dictés par le goût, et pourront peutêtre désabuser une foule d'enthousiastes aveugles.

Madame de Sillery, a divisé son livre par chapitres, qui roulent sur les vérités les plus importantes de notre religion, celles qui sont les plus consolantes pour l'homme, qui contribuent le plus à son bonheur, et d'où découlent les lois d'une morale pure et invariable. Pour l'ordinaire ces chapitres sont accompagnés et étayés de quelques passages des meilleurs écrivains en matière de religion, tels que Pascal, Bourdaloue, Massillon, Clarke, Abbadie, Mr. l'abbé Guénée, etc.; elle explique ces passages, elle y ajoute ses propres idées. Sa manière est correcte, claire et facile. On la connoît par les Veillées du château, et autres ouvrages où le mérite littéraire est réuni avec la sagesse des principes (1). Il y a certainement contre l'incrédulité et la mauvaise philosophie, des ouvrages plus raisonnés et plus profonds que celui-ci; mais il n'y en a peut-être pas qui confonde la secte d'une manière plus intelligible, et si l'on veut, d'une manière plus expérimentale. Mad. la M. de S. connoît mieux les soi-disant philosophes, quant à leur conduite et leurs petits manèges, que les savans qui, concentrés dans leur cabinet, ne connoissent de l'erreur que la seule face qui heurte directement la raison : Mad. de S. en a vu les artifices et les effets; elle juge sur sa connoissance personnelle, et pour me servir d'une expression sainte, par les fruits elle décide de la nature de l'arbre Ex fructibus eorum cognoscetis eos. Matth. 7.

:

Le grand argument des philosophes, ou si l'on veut, leur seule ressource, quand les raisons leur échappent, est de traiter de fanatiques ceux qui les réfutent et confondent. Il n'y a pas de mot, si l'on excepte peut-être ceux de sensibilité, d'humanité, de bienfaisance et de tolérance, qui ait été plus souvent répété dans ces dernières années, que celui de fanatique et de fanatisme. Mad. la M. de Sillery détruit par le fondement cette petite ressource, en comparant les effets du fanatisme religieux avec ceux du

(1) Théatre à l'usage des jeunes personnes、

fanatisme philosophique: "Remarquons que le fanatisme de religion n'a qu'un objet ou un seul prétexte, la religion : par conséquent, il ne sauroit produire des maux permanens. Il ne peut troubler l'Etat que dans des temps d'hérésie et de disputes de controverse, et même alors la discorde qu'il excite, ne se répand point dans l'univers entier; il n'a ni l'intention, ni le pouvoir redoutable de soulever tous les peuples à la fois. Il n'en est pas ainsi du fanatisme philosophique, qui brave toutes les bienséances, qui offre l'exemple de l'audace la plus effrénée, qui déifie les auteurs des ouvrages les plus licencieux, qui donne à ces corrupteurs des mœurs publiques, le nom auguste de bienfaiteurs du genre humain !..... Traiter de préjugés la décence et la pudeur, flatter et favoriser toutes les passions, vanter le luxe, insulter les rois, leurs ministres et les magistrats, déclamer contre le gouvernement, proposer aux nations l'abolition totale et du culte et des lois, exhorter tous les peuples de la terre à la révolte, au parricide; tel est le fanatisme philosophique. Ce n'est-là ni un vice local et passager; ni un mal produit par une cause particulière; c'est un feu dévorant et destructeur, qui peut embraser la terre entière, et qui ne manquera jamais d'aliment, tant que les hommes auront du goût pour la volupté et pour l'indépendance.

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En renvoyant l'accusation de fanatisme à ceux qui l'ont si long-temps et si injustement intentée aux religieux et aux prêtres, l'auteur en absout cette précieuse portion de l'Eglise chrétienne, en fait voir l'utilité et l'importance, et lui rend un témoignage aussi honorable qu'exactement vrai. Il y a long-temps qu'on a prouvé dans d'excellens ouvrages, qu'en général les ecclésiastiques sont des citoyens très-utiles par l'emploi bienfaisant que la seule décence de leur état les oblige de faire de leurs richesses. J'ai vu toutes les provinces de la France, et dans toutes les terres possédées par des religieux je n'ai point trouvé de pauvres; j'y ai vu l'agriculture florissante, des paysans plus heureux et moins grossiers qu'ailleurs. Sans parler des aumônes immenses distribuées à Paris par son archevêque et ses curés, combien de millions de pauvres secourus, de laboureurs encouragés dans toute l'étendue du royaume

par les ministres de l'Eglise! Si les ecclésiastiques suivent strictement les obligations que leur impose leur état, leur charité n'a point de bornes, et même lorsqu'ils ne les suivent pas avec une scrupuleuse exactitude, ils font encore infiniment plus d'aumônes dans leurs terres que n'en font communément les seigneurs séculiers. Le faste leur est interdit, il est à la fois pour eux un tort et un ridicule, et c'est le faste sur-tout qui produit l'avarice et l'endurcissement du cœur; ne pouvant se faire remarquer par le luxe et la magnificence, les ecclésiastiques ne sauroient avoir qu'une sorte de vanité, la seule qu'on puisse respecter, celle de se distinguer par des vertus; il en est une qu'on exige particulièrement d'eux, c'est la charité. L'opinion publique, l'honneur, la religion, leur font également l'indispensable loi d'être humains et charitables. Que l'on considère encore combien les ecclésiastiques sont utiles par les instructions qu'ils donnent, et les principes qu'ils enseignent? Que deviendroit le peuple des campagnes; à quels vices affreux ne seroit-il pas livré, s'il étoit privé des exhortations et des leçons de ses pasteurs! Les ministres de l'Eglise seroient-ils remplacés par des philosophes? Il est à croire que dans ce cas, on verroit d'étranges révolutions, et que les principes sur l'égalité et l'amour de la liberté, pourroient bien affranchir les paysans et les laboureurs de cette profonde soumission que leur imposent les préceptes de l'Evangile. Enfin, quelles obligations les sciences et les lettres n'ont-elles pas à plusieurs Ordres religieux, dont les laborieuses recherches ont produit dans tous les genres, des ouvrages si savans et si utiles ? »

Il faut bien du courage pour attaquer les prétendus grands hommes du siècle, pour fronder l'opinion des gazettes, journaux et brochures, devenus autant de trompettes pour exalter les héros de la philosophie. J'ai dit récemment, que les femmes s'emparoient de la valeur quand les hommes en manquoient, afin que les dons de Dieu soient conservés ; et c'est précisément ce qui arrive encore ici. Les noms les plus bruyans n'effraient pas cette généreuse Amazone. Nous n'osons répéter ce qu'elle dit de Voltaire; cette répétition seroit un crime de lèse-philosophie. On jugera de tous les portraits des grands hommes du jour, par celui de J. J.

Rousseau. Que doit penser un laquais, dit-elle, qui entend ses maîtres louer avec enthousiasme l'ame, les principes et le génie de Rousseau? Quelle impression feront sur lui les Confessions de cet homme si célèbre, si vanté, qui, étant laquais, vola et rejeta son vol sur une personne innocente; de cet homme qui abjura sa religion pour de l'argent; de cet homme qui a manqué de mœurs, qui eut la plus noire ingratitude envers ses bienfaiteurs, qui fut inhumain pour ses enfans, et qui, après tous ces aveux, prétend être le meilleur des hommes ?.... Rien ne pourroit m'engager à prendre un laquais philosophe.

Le tableau que l'auteur trace du siècle philosophique, n'est pas plus flatté que les divers portraits de ses héros. « Je vois, dit M.me la Marquise de Sillery, une multitude de gens d'esprit, des sociétés entières, adopter et croire des folies dont on se seroit moqué dans des temps que nous appelons barbares; la baguette divinatoire, les mystères de la cabale occupent de très-grands personnages. On entend parler familièrement de morts ressuscités; plus d'une personne a soupé souvent avec Socrate et MarcAurèle. On est environné de prodiges, on se trouve dans des cercles nombreux où l'on voit des valets et des servantes qui marchent en dormant et qui prédisent l'avenir. On se promène dans des jardins magiques, dont les arbres enchantés causent à ceux qui les touchent, des convulsions et des crises salutaires; l'on rencontre des gens qui, par le pouvoir d'une admirable harmonie, lisent au fond des cœurs, en pénétrent les plus secrets replis, et sont euxmêmes forcés invinciblement de répondre à la pensée et d'obéir à la volonté muette des objets auxquels ils s'unissent. Enfin, on a vu le contraire de ce qui s'étoit jusqu'alors constamment pratiqué, la rusticité villageoise se jouer impunément de la crédulité de l'habitant des villes, et des médecins dupés par la charlatanerie des malades. Tels sont les résultats de ces lumières philosophiques si vantées (1)! Mr. de Voltaire a voulu être universel, tous

(1) Des personnes pieuses et qui pour être bien chrétiennes, n'en pensoient pas moins profondément, ont cru voir dans cette stupide

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