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les Etats, on les vit à la tête des partis animer les con jurés et fomenter l'esprit factieux; durant les siècles de la chevalerie, allumer dans le cœur des guerriers, le feu de l'héroïsme martial, et par leurs mains, prendre les villes, forcer les citadelles. Mais aujourd'hui, que leur crédit s'accroît en raison de la foiblesse des hommes toujours plus efféminés et plus asservis à leur empire, n'est-il pas nécessaire de prémunir un sexe si nuisible, ou si utile, contre les abus du pouvoir exorbitant qu'on lui confie, ou qu'il usurpe? Et pour y réussir, peut-on de trop bonne heure le pénétrer des principes de l'honneur, de la religion et de la justice, trop répéter que celle-ci est la première des vertus morales; que toute bienfaisance qui empiète sur le droit public, ou s'exerce aux dépens des propriétés des citoyens, est un crime; que les postes, les charges, les emplois importans, ne sont pas des grâces dont la faveur puisse disposer arbitrairement; qu'en un mot, il n'est de véritables vertus que les vertus appuyées sur la probité, et de probité vraie et durable que celle que la religion produit et soutient? Or, il n'y a qu'une education aussi chrétienne, aussi éclairée que celle de St. Cyr, l'école nationale du sexe pour la noblesse, qui puisse faire de la plupart des femmes autant de modèles, de réformatrices, et d'apôtres de la nation. »

Que de vérité et de sentiment dans le morceau suivant! Que d'excellentes réflexions sur l'instruction catéchétique, sur l'exposition tout unie des dogmes de la foi, plus propres à éclairer les esprits, à conserver purs on changer les cœurs, que de longues et profondes études; sur le zèle de la religion; sur l'usage des Sacremens; sur l'exercice des vertus chrétiennes; sur les impressions de la conscience! « Religion sainte, c'est sur-tout à ta gloire que le Constantin du dernier siècle consacra cet asyle! Le bien de l'Etat est inséparable de tes intérêts. Malheur aux empires, aux écoles, aux familles, où la religion ne seroit pas le grand mobile du gouvernement; où l'on adopteroit l'absurde et funeste système de ne parler aux enfans, ni de Dieu, ni du culte divin, sous prétexte que ces grands objets ne sont pas à la portée de leur foible raison! Frein dont tous les âges ont besoin, la religion est encore plus

nécessaire pour réprimer les passions de la jeunesse. La religion! la religion! voilà ce que tout enseigne, inspire et prêche dans cette enceinte sacrée. Avec quels soins toujours nouveaux on y instruit des premiers élémens de la foi, on y explique ce court abrégé de notre croyance, la théologie des enfans, et qui devroit être celle de tous les âges! Ce recueil de vérités saintes, plus utile que la plupart des traités dogmatiques, développé d'une manière simple, claire et lumineuse, dans ces jours où la France étoit à moitié protestante, faisoit ici parmi les jeunes victimes de l'erreur, je ne sais combien de prosélytes à la Catholicité; et peut-être que l'enseignement des dames de St.-Louis opéroit autant de conversions, que les controverses des plus savans missionnaires. Nulle part ailleurs le zèle ne peint la religion plus en grand, n'en donne des idées plus nobles et plus vraies. Nulle part l'appareil du culte ne se concilie si bien avec la décence. Quel respect n'y inspire-t-on pas pour l'autel et ses ministres ; pour l'Eglise et ses mystérieuses cérémonies; pour le siége de Rome et toutes ses décisions; pour les Sacremens et leurs efficaces symboles ! Dans la piscine sacrée, il ne descend que des cœurs pénitens ; il ne sort de la Table sainte que des cœurs enflammés. Nulle part le zèle ne pose tant de barrières au-devant des sens et des passions. Mais la plus ordinaire et la plus forte, c'est la présence de l'ÊtreSuprême, dont on environne ces jeunes élèves. Dans le temple comme dans les lieux profanes, dans le silence des travaux comme dans le tumulte des divertissemens, par-tout elles voient, elles entendent le grand Dieu, dont l'immensité embrasse les cieux les plus étendus, atteint aux plus élevés, et descend dans les abîmes les plus profonds; qui, peu content de peser nos actions, interroge le désir, lit et juge la pensée. Par-tout on les met sous cet ceil invisible, pour qui la nuit n'a point de ténèbres; le cœur, point de replis; la dissimulation, point de voiles; l'avenir, point de profondeurs impénétrables. Par-tout on accoutume l'oreille de leur ame à la voix de la conscience, témoin fidèle, juge incorruptible, qui toujours dépose pour la vérité lorsque l'intérêt se parjure, veille lorsque la vigilance humaine s'endort, parle et crie lorsque le

zèle trop timide se tait, et punit par ses remords lorsque la tolérance excuse et pardonne.

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Après avoir parlé des spéculations du Quiétisme, qui pendant quelque temps trouvèrent des apologistes à St. Cyr, l'orateur continue de la sorte. « J'ai cru devoir rappeler ces jours orageux, pour vous mettre toujours plus en garde 'contre l'esprit de nouveauté et de vertige. La piété a ses illusions; la sévérité, ses excès; le zèle est à côté du fanatisme; chaque siècle eut son délire; et l'erreur favorite du nôtre, c'est l'indifférence pour toutes les vérités. Quel malheur si quelques-unes des productions dangereuses dont la France est inondée, se glissoient furtivement dans ce saint asyle! Si les grâces de l'esprit, la magie d'un style enchanteur, l'attrait d'anecdotes piquantes, et peut-être le ton philosophique et de hardis paradoxes étoient préférés à la simplicité touchante des ouvrages vraiment religieux! Ce ne sera qu'en continuant à vous interdire tout livre dont la doctrine ne seroit pas évidemment pure et orthodoxe, que vous conserverez l'intégrité de la foi et l'esprit de Saint-Cyr.

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I

Le portrait de l'illustre fondatrice n'est pas oublié, et confond par une vérité exacte, celui que les philosophes du jour, entre autres le fameux Harpula (La Harpe), comme l'appelle Linguet, a fait de cette femme célèbre ( 1 ). » Du sein de la pauvreté et de l'obscurité d'une prison étoit parvenue au faîte des honneurs, une femme supérieure à son sexe, par une façon de penser mâle et vigoureuse; à l'infortune, par un courage héroïque; à la prospérité, par le bon usage qu'elle en fit; à l'envie, par sa modération; une femme qu'on doit mettre au nombre des grands hommes de son siècle. Chez elle, l'esprit l'emportoit sur la beauté, le bon sens sur l'esprit, et la vertu sur tout le reste. Le monde brillant et dangereux où elle fut jetée dès sa première jeunesse, n'altéra point la pureté de ses mœurs.... son élévation fut grande mais légitime. Dans une cour voluptueuse et galante, où s'attirer les regards d'un roi plus

(1) Voyez son Eloge de Fénélon, ouvrage pétri de toutes les petitesses et méchancetés du philosophisme.

T. III.

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aimable qu'aucun de ses courtisans, étoit l'ambition d'au peuple de rivales, elle osa prononcer le nom de vertu,etc. »

Ce discours peut être très-utile aux instituteurs, aux parens qui élèvent et instruisent leurs enfans par eux-mêmes. On y trouve d'excellentes maximes d'éducation, sagement opposées à l'empirisme du jour qui réprime on corrompt les facultés qu'il prétend développer. Telle est la maxime suivante sur les enfans précoces. « Quoiqu'il importe fort de hâter dans les enfans les progrès de la raison et le règne de la vertu, il faut se défendre de cette impatience du bien, qui exigeant trop de ce premier âge, voudroit moissonner aussitôt qu'on a semé, et cueillir les fruits avec les fleurs. D'ordinaire les succès de l'éducation sont achetés de longs travaux ; et qui ne sait pas les attendre, ne mérite pas de les obtenir. Pour rendre son champ fertile, le cultivateur se lasse-t-il d'arracher et de détruire, d'arroser et de planter? Que de coups de ciseau donnés par l'artiste, avant que la statue sorte du bloc de marbre avec ses belles formes et ses justes proportions! »

par

A la fin du Discours il y a des notes où l'on trouve des particularités curieuses et peu connues. Par exemple peu de personnes savent que ce fut Louis XIV lui-même qui donna en ces termes l'approbation du livre de l'Esprit de l'Institut: « J'ai lu ce traité qui explique parfaitement les intentions que j'ai eues dans la fondation de la maison de St. Louis je prie Dieu de tout mon cœur que les dames ne s'en départent jamais. » Signe Louis. On peut dire que c'est réellement l'approbation d'un Censeur royal. -Louis XIV avoit une si haute idée du jugement de madame de Maintenon, qu'il lui disoit : « on donne aux papes le titre de Sainteté, aux rois celui de Majesté, celui d'Excellence aux ambassadeurs : il faudroit vous appeler Votre Solidité. »

Dans une de ces notes il est dit (p. 104 ) qu'on devient heureux et vertueux, à mesure qu'on a une enfance, une éducation agréable, douce et fortunée. Je crois cette observation très-fausse et démentie par l'expérience ; une enfance, une éducation dure, austère, laborieuse, parsemée de chagrins et de revers, éclairée d'ailleurs et dirigée par de bons principes, devient, sur-tout pour des ames

pensantes et sensibles, un, germe précieux de tranquillité, de patience, de contentement et de bonheur. Les gens dont la jeunesse a été riante et heureuse, ne supportent pas l'aspect de l'adversité et ne sont bien nulle part.

LES ÉVÊQUES DOIVENT ÊTRE ATTACHés au pape.

ESPRIT GÉNÉRAL

DE MURMURE ET DE RÉVOLTE CONTRE LE VICAIRE DE J.-C.

Septembre 1787, page 48.

(Refutation des notes historiques, théologiques et critiques sur la lettre pastorale de S. A. R. l'ArchevêqueElecteur de Cologne du 4 Février 1787. Par un ami de la vérité.)

L'auteur prouve que tous les fidèles doivent être attachés à leur évêque, et en cela il a infiniment raison; mais sur quoi il n'insiste pas assez, c'est que l'évêque est lui-même supposé être attaché au chef de l'union et fidèle à l'observation des lois de l'Eglise universelle sans cette modification, sa thèse deviendroit dans des temps de malheurs (qu'heureusement nous ne devons pas appréhender de la part du sage et orthodoxe prélat dont il parle directement ) la justification de tous les schismes et de toutes les hérésies. Car les Ariens, les Nestoriens, les Donatistes, etc., étoient certainement d'accord avec leurs évêques. Les paroles de S. Irénée qui font l'épigraphe du livre (Omnes qui Dei sunt et Jesu Christi, cum Episcopo consentiunt. L. 4, cap. 34) doivent donc, ainsi que tout ce que l'auteur dit du pouvoir épiscopal, être pris dans l'ensemble et selon tous. les rapports de la constitution et de la hiérarchie de l'Eglise catholique (1). Quant aux réponses qu'il oppose aux notes

(1) On ne peut mieux exprimer cette observation que par ces remarquables paroles de St. Jerome au pape Damase. Ego nullum nisi Christum sequens, Beatitudini tuæ, id est, Cathedra Petri, communione consocior. Super iliam Petram ædificatam Ecclesiam scio. Quicumque extra hanc domum Agnum comederit, profanus est. Si quis in arca Noë non fuerit, peribit regnante diluvio .. Non novi Vitalem Meletium respuo, Paulinum (e'étoit son évêque) ignoro. Quicunque tecum non colligit, spargit; hoc est, qui Christi non est, Antichristi A ce passage d'un ancien Docteur de l'Eglise, ajoutons celui d'un archevêque moderne, aussi distingué par sa piété que par sa haute naissance et le rang qu'il tient parmi les princes souverains. (Leure

est.

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