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phiques de nos jours? (Et après avoir dit que MarcAurèle separoit la morale de la religion et la subordonnoit à la politique, il continue) comment justifier ce Marc-Aurèle quand on lit les cruautés qu'il exerça contre les Chrétiens? L'on peut être un philosophe et en mêmetemps un monstre. Libera nos, Domine, a tali philosophia.

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LES HISTORIENS

LES PLUS INFIDÈLES DE L'ANTIQUITÉ PRÉFÉRABLES

AUX HISTORIENS PHILOSOPHES DE NOS JOURS.

Février 1787, page 245.

(Histoire d'Hérodote, traduite du grec avec des remarques historiques et critiques, un essai sur la chronologie d'Hérodote et une table géographique; par Mr. Larcher, de l'académie des inscriptions et belles-lettres. A Paris 1786, 7 vol. in-8°./

Il y a plus de deux ans que Mr. Larcher a proposé cet ouvrage par souscription; et quoiqu'il paroisse que la souscription n'ait pas été remplie, son zèle pour la gloire d'Hérodote, et la belle occasion de déployer son érudition grecque, l'ont décidé à ne point tenir sa traduction et ses érudites notes dans son porte-feuille. Pour faire la fortune de 7 volumes in-8°, il falloit nécessairement combattre la vieille et générale persuasion que le père de l'histoire est aussi le père des mensonges, et c'est ce que Mr. Larcher fait de son mieux. Il ne tient pas à lui qu'on ne prenne Hérodote pour le plus exact et le plus véridique des écrivains. C'est dommage que non-seulement tous les savans modernes, mais les anciens sur-tout, les gens qui rapprochés d'Hérodote de près de deux mille ans, sont un peu plus à même de le juger et de prononcer sur les faits qu'il rapporte, soient d'un avis absolument opposé à celui du traducteur françois. Le père de l'histoire, dit Cicéron, est rempli de fables. Apud patrem historic sunt innumerabiles fabulæ ( de Leg. Lib. I). Quintilien (Inst. Lib. 2, c. 4), et Strabon (L. 1.) ne défèrent pas davantage à l'autorité d'Hérodote qu'à celle d'Homère, d'Hésiode,

et des poètes tragiques. Lucien, dans son voyage aux enfers, dit qu'il trouva Hérodote parmi ceux qui étoient punis pour en avoir imposé à la postérité. Le sage Plutarque a fait un Traité de la malignité d'Hérodote: il nous avertit de nous défier des calomnies de cet historien, cachées sous des figures agréables, comme une cantharide est cachée sous des roses, de peur que nous ne concevions des opinions absurdes et fausses sur les villes les plus renommées et les plus grands hommes de la Grèce. D'autres après l'avoir représenté comme crédule et menteur, lui ont reproché d'avoir fait quelquefois un trafic honteux du blâme, et de la louange. Dion Chrysostôme raconte (Orat. 37) qu'Hérodote demanda aux Corinthiens quelque récompense pour les histoires qu'il avoit écrites, mais qu'ayant reçu d'eux cette réponse qu'ils ne vouloient pas acheter de l'honneur à prix d'argent, il changea tout le récit de la bataille de Salamine, et accusa faussement Adhimantius, général des Corinthiens, d'avoir fui dès le commencement du combat avec toute l'escadre qu'il commandoit. Quand il y a plusieurs traditions, Hérodote ne manque jamais d'adopter celle qui lui paroît la plus extraordinaire et la plus merveilleuse. Son histoire de Cyrus, par exemple est un tissu d'atrocités absurdes et incroyables, et que par cette raison là même, il a préféré à l'opinion suivie par Xenophon, etc., etc. (1).

(1) Avec tout cela (qui le croiroit?) Herodote est encore infinement préférable à la plupart des historiens modernes. Si on a tort de regarder son ouvrage comme fort digne d'un long et savant commentaire, et des exagérés éloges qu'on lui prodigue, il faut convenir qu'il n'est pas, au moins dans sa totalité, le fruit de l'artifice et de la méchanceté; qu'il n'a point été écrit dans la vue de dénaturer les annaies des nations, de calomnier les grands hommes, de séduire et de corrompre la postérité; but auquel, comme nous l'avons tant de fois observe, tend cette foule d'écrivains faux et lâches qui ressassent aujourd'hui les histoires sagement et sincèrement écrites, pour en faire un dépôt de mensonges et une matière de déclamations fanatiques. « Lui a-t-on jamais reproché, dit Mr. Rigoley de Juvigny dans un excellent ouvrage dont nous rendrons compte (De la décadence des lettres et des mœurs. Paris 1786) de n'avoir écrit que dans l'intention formelle de fronder les lois et les usages de son pays ou des peuples qu'il avoit visités? de se moquer des dieux qu'ils adoroient? d'avoir essayé d'anéantir leur culte? de s'être attaché à combattre, à détruire toutes les T. III. 14

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Après cela on sera étonné de l'enthousiasme de Mr. Larcher, ainsi que d'un autre écrivain (1) pour Hérodote : mais il faut savoir que parmi les contes de ce père des mensonges historiques, il s'en trouve qui sont contraires au texte sacré (et qui par-là même sont suffisamment réfutés au jugement des critiques chrétiens [2]); la chro

persuasions utiles, à souffler l'esprit d'indépendance et d'orgueil sous le masque hypocrite de la philosophie ? L'a-t-on accusé d'avoir insulté à l'autorité légitime des puissances, et soulevé contr'elles tous les peuples, sous le prétexte absurde d'une égalité, d'une liberté absolue, dont l'homme, de quelque état, de quelque condition qu'il soit, quel que pays qu'il habite, n'est pas même susceptible? A-t-on jamais pu fui reprocher encore d'avoir, en style láche, rampant, diffus et boursoufflé, raisonné l'histoire, c'est-à-dire, de l'avoir noyée dans un fatras de réflexions inutiles, triviales, dangereuses, prétendues philosophiques, ou dans de froides et assommantes digressions capables de rebuter ou de faire mourir d'ennui le lecteur le plus intrépide ? » (1) Mr. Savari dans ses Lettres sur l'Egypte, à Paris, 1786 t. 2o et 3. Il y admire Hérodote presqu'autant que Mahomet son héros favori. C'est aussi là qu'il nous apprend d'après Paucton Cagliostro (voyez son mémoire adressé au parl. de Paris 1786), que toutes les connoissances humaines sont écrites dessus ou dessous les pyramides d'Egypte, « Livre immortel, espèce d'Encyclopédie, qui contenoit tou a tes les sciences et tous les arts inventés depuis des siècles. » porter les sciences à leur comble, il s'agit seulement « d'aller à la «Mecque, d'y examiner la bibliothèque commencé bien avant Mahomet, « d'acheter ou de copier les manuscrits les plus intéressans; et après xavoir observé le culte, le négoce et les monumens de cette ville, u dont l'antiquité remonte à Ismaël, partir avec la caravanne de Damas, « se reposer de ses fatigues dans cette belle capitale de la Syrie, et <<< se procurer encore un grand nombre de livres rares. » Il est vrai que Mr. S. manque d'argent pour faire ce voyage, mais il s'est présenté au gouvernement pour en avoir; et peut-on douter qu'il n'en obtienne puisqu'il ne sauroit être mieux employe? Pour concevoir ce doute, il faudroit croire avec l'auteur du Journal général de France,

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Pour

que l'air de savantise que ces Lettres paroissent avoir en certains << endroits, est emprunté du Pantheon Egyptiacum de Jablonski; «que l'auteur a beaucoup mis à contribution la Description de l'Egypte « du consul Maillet, rédigée par l'abbé le Mascrier, et les Lettres « du P. Sicard, le moins verbeux de tous les voyageurs, et cependant un des plus instructifs. »

(2) Et ne fussent-ils pas Chrétiens; le bon jugement et tant soit peu de principes d'histoire et de critique permettent-ils de préférer des rapsodies évidemment fabuleuses à la Bible même considérée comme un livre ordinaire? Voyez les puériles annales des Grecs, Egyptiens, etc., solidement réfutées dans les leçons d'histoire de Mr. l'abbé Gerard (voyez ci-dessus Août 1786, p. 64), dans l'Histoire véritable des temps fabuleux, dans la Démonstration évangélique de Huet, etc.

nologie d'Hérodote est aussi raisonnable que celle des Ba byloniens, des Indous, des Chinois et des sujets du Grand Lama; les notes du traducteur beaucoup plus grandes que le texte, commentent tout cela d'une manière lumineuse; et l'on sent bien que dans le temps où nous sommes, de pareils ouvrages sont précieux.

Quand on se rappelle que c'est ici le même Mr. Larcher qui a eu de si vives contestations avec Voltaire, qui n'a pas voulu s'asservir au père des mensonges de l'histoire moderne, qui a préféré d'être honnêtement traité de pédéraste, etc.; qui tout-à-coup devient l'admirateur du vieux romancier d'Halicarnasse, pour détruire les mêmes vérités que son antagoniste combattoit sans relâche, on ne sait trop que penser (1). Un de ses critiques ose conjecturer que n'ayant pas acquis par la guerre avec Voltaire la célébrité qu'il y cherchoit (artifice très-connu et de très-vieille date, magnis volunt inimicitiis clarescere. Tacitus), il a tâché de l'obtenir par des voies contraires. Mais ce soupçon est trop vague et trop odieux pour que nous puissions l'adopter.

CONTRASTE DU PAGANISME ET DE LA RELIGION CHRÉTIENNE.

Février 1787, page 251.

Panégyrique de St. Denis, apótre de la France, et premier évêque de Paris, prononcé dans l'église royale et paroissiale de St. Paul, à Paris, le 9 Octobre 1785; par Mr. l'abbé de Balestrier de Canilhac. A Paris 1786.)

Les légendaires ont long-temps confondu Saint-Dénis l'Areopagite avec l'apôtre de la France; tous les critiques conviennent que celui-ci est de beaucoup postérieur au

( 1 ) M. Larcher fut gagné par ce même parti dont il avoit réfuté les écarts. Il se lia avec les philosophes, et servit leurs vues dans les notes de sa traduction d'Hérodote. Mais l'âge, la réflexion, et peut-être la révolution ramenèrent M. Larcher aux sentimens de religion qu'il avoit oublies; temoin des excès de plusieurs partisans de la philosophie, il en abandonna les drapeaux, et le fit d'une manière éclatante. Afin que son changement ne fût pas équivoque il donna en 1802 une nouvelle édition de son Hérodote, dans laquelle il réforma les notes dont s'étoient plaints les amis de la religion. Il en avertit lui-même dans sa préface, et dans des termes qui font honneur à sa bonne foi. Il mourut à Paris en 1812, à l'âge de 36 ans. (Note des éditeurs.)

premier. Il arriva à Paris, alors Lutetia, sous le règne de l'empereur Gallien vers l'an 265, et après de grands et heureux travaux il fut mis à mort en haine de la foi qu'il prêchoit, sur la montagne appelé aujourd'hui MontMartre, Mons Martyrum (1); où il y a une église et une abbaye de dames. On montre dans un souterrain la place de son martyre et des monumens qui en font foi ( 2 ). On comprend sans peine combien l'éloge de son apôtre doit intéresser la France, combien la mémoire de cet homme courageux et charitable doit être cher à ceux qui savent apprécier le don de la Foi chrétienne, qui savent comparer la lumière du royaume de Dieu, pour me servir des paroles de l'Ecriture, avec les ténèbres dont la Providence nous a tirés par le ministère de ses envoyés. Qui de tenebris vos vocavit in admirabile lumen suum. I. Pet. 2. Voici comme l'orateur dépeint le payen. « L'homme privé de la foi, livré aux seules lumières de la raison, s'égaroit dans les ténèbres de l'erreur; foible par sa nature, timide par ignorance, il s'étoit créé autant de dieux qu'il y avoit d'êtres capables d'occuper son cœur ou d'exercer son imagination; les animaux de toute espèce reçurent tour-à-tour son hommage; le soleil, les astres, tout ce qui

(1) Mr. de Saint-Foix dans ses romanesques Essais sur Paris, où les contes les plus absurdes sont donnés pour des faits authentiques, a vu dans ce lieu un temple de Mars et en fait Mons Martis, malgré le témoignage de l'histoire, de la tradition, du nom existant et généralement reçu, et tous les monumens qui couvrent cette montagne. (2) C'est dans cette même église que la défunte société des Jésuites a pris naissance, et que St. Ignace et ses premiers associés ont fait leurs vœux en y recevant les saints Mystères. Un grand tableau y retrace cet événement, et sur une table de cuivre on lit :

D. O. M.

Siste viator, atque in hoc sacello
Probati ordinis cunas lege.
Societas Jesu

Quæ Ignatium Lojolæum Parentem agnoscit,
Lutetiam Matrem,

Anno salutis 1534. Aug 15 hic nata est.

On m'a assuré, il y a quelques années, qu'un parti qui porte à cette société, toute morte qu'elle est, une haine implacable, avoit proposé de fournir à la bâtisse d'une nouvelle église (l'ancienne est petite et caduque), à condition qu'on aboliroit ces monumens, mais que cette offre n'avoit point été acceptée.

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