Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

NON, ma Délie, je ne recherche ni les louanges, ni la gloire : et que m'importe qu'on me reproche mon indolence, pourvu que je sois avec toi ? Quand je me verrais obligé d'atteler mes bœufs et de paître moi-même mes troupeaux; ces soins rustiques me paraîtraient doux auprès de Délie. Que je puisse toujours te serrer dans mes bras mollement enlacés, et que je retrouve un doux repos sur les gazons enfans de la simple nature! Que sert d'être couché mollement sur la pourpre (5), quand il faut veiller dans les pleurs, privé de l'objet de ses amours? Alors les tapis brillans, le duvet, le murmure des eaux, rien ne rappelle le sommeil.

Oh! quel cœur d'airain aurait celui, qui te possédant, préférerait la gloire des armes et le partage des dépouilles sanglantes arrachées à l'ennemi ? Qu'il traîne en triomphe une foule de vaincus ; qu'il déploie son camp dans le pays de ses conquêtes; que magnifiquement vêtu et chamarré d'or, il s'offre à tous les regards, monté sur un coursier fougueux.

Te spectem, suprema mihi cùm venerit hora; te teneam moriens, deficiente manu. Flebis et arsuro positum me, Delia, lecto;

Tristibus et lacrymis oscula mixta dabis. Flebis non tua sunt duro præcordia ferro Vincta, nec in tenero stat tibi corde silex. Illo non juvenis poterit de funere quisquam

Lumina, non virgo sicca referre domum. Tu manes ne læde meos; sed parce solutis Crinibus, et teneris, Delia, parce genis.

Intereà, dùm fata sinunt, jungamus amores. Jam veniet tenebris mors adoperta caput. Jam subrepet iners ætas ; nec amare decebit Dicere nec cano blanditias capite.

Nunc levis est tractanda Venus, dùm frangere

postes

Ah! je lui laisse sans regret ses plaisirs. Pour moi, que je te regarde encore, ô ma Délie, quand ma dernière heure sera venue! Que je te presse en mourant de ma main défaillante! Tu pleureras sur le bûcher funèbre (6), où je serai étendu : tu mêleras des baisers aux larmes de ta douleur : tu pleureras : ton cœur n'est pas dur comme la pierre, et infléxible comme l'acier. Les jeunes filles et leurs jeunes amans ne reviendront point l'œil sec des funérailles de TIBULLE. Mais toi, Délie, n'offense pas mes mânes: épargne tes beaux cheveux épars et tes joues délicates.

MAIS, tandis les destinées le per

mettent encore

que

unissons nos amours.

Trop tôt, et dans un temps incertain la mort m'enveloppera de ses ténèbres; bientôt l'âge froid et inutile s'emparera de moi et me conviendra-t-il d'aimer et d'avouer que j'aime, lorsque mes cheveux auront blanchi?

SACRIFIONS à Vénus (7), Déesse volage, tandis que je puis encore briser, sans

Non pudet, et rixas inseruisse juvat. Hic ego dux, milesque bonus. Vos signa, tubæque

Ite procul cupidis vulnera ferte viris : Ferte et opes. Ego composito securus acervo, Despiciam dites, despiciamque famem.

honte, des verroux, et me livrer à des folies que l'amour fait pardonner. C'est dans cette guerre que je suis à la fois général habile et brave soldat. Loin d'ici, clairons bruyans, étendards pompeux : Portez des blessures et des richesses aux ambitieux et aux avares. Pour moi content de mon champ paisible, je méprise également et l'opulence et la pauvreté.

« ZurückWeiter »