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les fabords pour des canons de 24 fept pieds trois ou quatre pouces, & entre ceux pour des canons de 18 fept pieds deux ou trois pouces; mais des raisons de convenance ont quelquefois obligé de s'écarter de cette regle; car en prenant pour exemple les Vaiffeaux que j'ai défigné pour le premier & fecond rang, les uns & les autres ayant à leur premiere batterie un égal nombre de canons & de même calibre, il s'en fuivroit que les Vaiffeaux du fecond rang feroient auffi longs que ceux du premier, ce qui n'est pas convenable, puisque les Vaiffeaux du premier rang qui portent un plus grand nombre de canons, & qui font en tout plus pefants, doivent avoir une carène plus grande que les Vaiffeaux du fecond rang.

De même fi on jugeoit à propos de ne mettre à la premiere batterie des Vaiffeaux du premier rang, que quatorze canons au lieu de quinze, on feroit obligé de mettre plus d'espace entre les canons, ou bien on manqueroit de Batterie à moins qu'on n'étendit beaucoup la largeur ou le creux, ce qui ne conviendroit pas, non-feulement parce qu'on augmenteroit la résistance du fluide, mais encore parce qu'en étendant la largeur on éleveroit la mâture, & le poids de toutes les manoeuvres en deviendroit plus grand.

Concluons de ce qui vient d'être dit, que les Conftructeurs font très-bien dans des cas particuliers, de s'écarter des regles qu'ils fuivent communément, & qu'ils ont euxmêmes fixés fur les obfervations des Officiers.

Je pourrois me difpenfer d'avertir que je ne parle point de quelques caprices de Conftructeurs qui ne peuvent faire de regle générale.

Mais, dira-t-on, puifque les Conftructeurs font affez

d'accord fur la dimension des parties qui forment les élemens de la longueur, pourquoi a-t-on fait des Vaiffeaux qui font exceffivement longs? la raison en eft claire, c'est qu'on a augmenté le nombre des fabords de la premiere batterie, d'où il s'en eft suivi une augmentation excessive fur la longueur de quelques Vaiffeaux qu'on a jugé à propos de construire pour épreuve ; pour épreuve; ainsi pour éviter qu'on ne faffe à l'avenir des Vaiffeaux trop longs, il fuffit de fixer pour chaque rang le nombre des canons qui doivent être à la premiere batterie fans affigner des longuetirs fixes fur lefquelles on auroit peine à s'accorder, & qui deviendroient très gênantes pour les Constructeurs, il ne fera pas hors de propos d'en déduire les raisons.

On ne peut pas nier que la carène d'un Vaiffeau, cette partie qui eft comprise depuis le deffous de la quille jusqu'à la ligne de flotaison, doit déplacer un poids d'eau pareil à celui du Vaiffeau armé, fans cette condition la batterie sera immanquablement noyée; or fi l'on affervit les Constructeurs à fe renfermer dans des limites précises pour la longueur, la largeur & le creux, ils ne pourront regagner les capacités nécessaires qu'en renflant les gabaris aux dépens des bonnes qualités que leurs Vaiffeaux devroient avoir, & fi la batterie d'un Vaiffeau eft noyée, s'il est foible de côté, le Conftructeur aura raifon d'imputer ces défauts à ce qu'on l'aura renfermé dans des bornes trop étroites; car il faut bien prendre garde qu'en voulant éviter de faire des Vaisseaux de trop grande capacité, on ne tombe dans un excès oppofé; le jufte milieu eft fouvent le point le plus avantageux, mais toûjours le plus difficile à confer

ver.

D'ailleurs il eft bien aifé de fe renfermer dans des bornes

précises quand on fait un plan; mais ce n'est pas la même chose lorsqu'on conftruit; la distribution des baux qui doivent être placés à certains endroits & qui ne doivent pas se trouver vis-à-vis les fabords, la position des écarts d'où dépend la liaison des Vaiffeaux, l'échantillon des bois pour les couples de rempliffage, enfin plusieurs raisons de pure pratique peuvent obliger un Constructeur à changer un peu la position du dernier fabord de l'avant, pour que le canon qu'il y mettra ait fon recul, ou la diftance des autres fabords pour mieux former les liaisons: mais tous ces petits changemens ne feront jamais que quelques pieds de différence en plus ou en moins; ainsi en fixant le nombre des fabords de la première batterie, on n'aura point à craindre que les Conftructeurs portent la longueur de leurs Vaiffeaux aux excès dont on se plaint avec raison. Si on convient de ce principe, je vais indiquer quelle feroit à peu près la longueur des cinq rangs de Vaiffeaux que j'ai propofés.

La largeur des fabords pour les Vaiffeaux du premier rang, portant à leur premiere batterie trente canons de 36, pourra être à caufe de l'épaiffeur des membres de trois pieds un pouce, la distance entre les fabords de fept pieds sept pouces ; ainsi la plus petite longueur des Vaiffeaux de ce rang feroit de cent foixante-dix-huit pieds onze pouces fix lignes, & je crois qu'il conviendroit de l'étendre jufqu'à cent quatre-vingt pieds.

A l'égard des Vaiffeaux du fecond rang qui porteroient auffi à leur premiere batterie trente canons de 36, on pourroit donner trois pieds de largeur à leurs fabords, & faire la distance d'un fabord à l'autre de fept pieds fix pouces.

En ce cas la plus petite longueur de ces Vaiffeaux feroit

de cent foixante-feize pieds trois pouces, & je ne leur en donnerois que cent foixante-dix-fept au plus.

Pour les Vaiffeaux du troifiéme rang qui porteroient à leur premiere batterie vingt-huit canons de 36, la largeur des fabords feroit néceffairement de trois pieds, & je penfe qu'on pourroit mettre d'un fabord à l'autre fept pieds cinq pouces de distance, cette largeur étant néceffaire pour fervir commodément le canon, & pour procurer une liaifon fuffifante à ces Vaiffeaux qui n'ont que deux ponts & qui portent beaucoup d'artillerie; fur.ce pied la plus petite longueur de ces Vaiffeaux feroit de cent foixante-quatre pieds quatre pouces fix lignes, & je ne l'étendrois pas au-de-là de cent foixante-fix pieds.

Il fuffiroit pour les Vaiffeaux du quatriéme rang qui porteroient à leur premiere batterie vingt-fix canons de 24, de donner aux fabords deux pieds dix pouces de largeur, & de mettre entre les fabords fept pieds trois pouces de distance; fur ce pied, la plus petite longueur de ces Vaifseaux feroit de cent quarante-neuf pieds deux pouces fix lignes; je crois qu'on pourroit l'étendre jufqu'à cent cinquante-deux pieds.

A l'égard des Vaiffeaux du cinquiéme rang qui porteroient fur leur premier pont vingt-quatre canons de 18, les fabords pourront avoir deux pieds fept pouces de lar geur, & la distance entre les fabords pourroit être de sept pieds deux pouces, ce qui fixe la plus petite longueur à cent trente-quatre pieds onze pouces; mais comme ces Vaiffeaux font fouvent deftinés pour aller à la découverte, je leur donnerois cent trente-huit pieds pour les rendre meilleurs voiliers.

La hauteur des feuillets des fabords est un article de pure

pure convention qui n'importe point du tout à la bonne qualité des Vaiffeaux, mais que des raifons d'œconomie exigent qu'on fixe pour établir une regle qui foit inviolablement fuivie par les Conftructeurs; car comme les uns les font plus hauts, les autres plus bas, les affuts des canons ne peuvent fervir que pour le Vaiffeau pour lequel ils ont été faits & les magasins fe trouvent remplis d'affuts inutiles. On pourroit fuivre les dimensions qui font marquées, page 19.

Je ne prétends pas que les hauteurs des feuillets qui y font établies foient meilleures que d'autres, un pouce plus ou moins me paroît une chose fort indifférente; mais l'uniformité eft néceffaire: Je ferai feulement remarquer que quand des roues font un peu grandes, elles roulent mieux fur le pont, & elles fatiguent moins les affuts que celles qui font fort petites, mais elles forcent un peu plus fur les bragues, & elles élevent le centre de gravité.

Inutilement réduiroit-on les rangs & ordres des Vaiffeaux à un nombre fixe, fi les Conftructeurs ne s'aftraignoient pas à une largeur conftante & uniforme pour tous les Vaiffeaux de même rang; car comme la proportion de la mâture, des manoeuvres & des agrès, s'établit fur la longueur du maître bau, on ne parviendroit point aux vûes d'ordre & d'œconomie aufquelles on tend, fi la largeur des Vaiffeaux n'étoit pas fixée invariablement ; elle le peut être fans gêner les Conftructeurs, puisqu'il leur reftera deux dimensions & la forme des gabaris pour fe procurer les capacités qui leur font néceffaires, & pour former les courbures tant verticales que horifontales qu'ils jugeront les plus convenables pour donner à leurs Vaiffeaux les qualités qu'ils doivent avoir. Ceci eft prouvé par l'expérience, puif

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