Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

2o. A donner à toutes les pieces d'un Vaiffeau la figure qu'elles doivent avoir, à les affembler & à leur former des liaifons, de façon qu'elles compofent toutes par leur réunion un bâtiment folide & capable de répondre aux fervices qu'on en attend.

3°. A difpofer tellement les emmenagemens que tout ce qu'un Vaiffeau doit contenir foit logé convenablement & commodément, Officiers, Equipages, Agrés, Marchandifes, Munitions de guerre & de bouche, &c.

Nous ne nous propofons pour le préfent que de traiter de la premiere partie; fçavoir, de la figure qu'on doit donner aux Vaiffeaux.

On diftingue dans cette figure extérieure, 1°. Le fond du Vaiffeau qu'on nomme la carène ou l'oeuvre-vive. 2°. La partie du Vaiffeau qui eft hors de l'eau qu'on nomme * l'acaftillage ou l'œuvre-morte.

Pour donner à la carène la figure qu'elle doit avoir, on a égard aux qualités qui font néceffaires au Vaiffeau qu'on conftruit; fçavoir, pour un Vaiffeau de guerre d'avoir fa premiere batterie élevée de 4 à 5 pieds au-deffus de l'eau, de bien marcher, bien gouverner, porter la voile, dériver peu, & être doux à la mer.

Un Vaiffeau marchand doit bien aller, bien gouverner, porter la voile, peu dériver, avoir des mouvemens doux, contenir beaucoup de marchandises, & ne pas exiger un équipage bien nombreux.

De grands Géometres ont traité de quelques-unes de ces conditions en particulier: Les uns ont cherché quelle étoit la courbe la plus propre à divifer le fluide; mais leurs méthodes, quoique très-élégantes, ont produit des figures qui ne pouvoient s'appliquer aux Vaiffeaux, parce qu'elles n'étoient propre qu'à fatisfaire à une feule condition. D'autres ont traité de la dérive; mais comme ils ont fuppofé,

* On dit Acaftillage ou mieux Encaftillage, pour fignifier la partie d'un Vaiffeau qui eft hors de l'eau, quoique à proprement parler ce mot ne comprenne que les châteaux de l'avant & de l'arriere avec tout au plus la courfive qui les joint. Car ce mot dérive de Château,

pour faciliter la folution du problême, des figures que les Vaiffeaux n'ont point, la pratique n'en a pas retiré de grands avantages.

Quelques-uns ont traité du gouvernail, mais encore avec des fuppofitions qui ne cadrent pas abfolument avec la

chose.

La Géométrie simple n'eft pas fuffifante pour réfoudre ces problêmes avec exactitude, & un Géometre trafcendant ne fera rien d'utile, à moins qu'il ne foit marin. Mr. Bouguer a travaillé plus utilement pour la conftruction, parce qu'il joint à la fublime Géométrie, des connoiffances fort étendues fur la navigation.

Les Conftructeurs défefpérant d'aller bien loin avec leur Géométrie, ont abandonné pour la plupart cette route, & ils s'en font tenus à l'obfervation & à l'expérience.

Cette voye pouvoit en partie fuppléer à l'autre, mais elle a bien fa difficulté; on remarque un défaut considérable à un Vaiffeau, il faut fçavoir fi ce défaut ne vient pas de l'arimage. Combien a-t-on vû de Vaiffeaux condamnés à leur premiere campagne, & dans plufieurs autres, mériter des éloges & fe faire dans la fuite une réputation?

Mais fuppofons que le défaut ne dépende point de l'arimage, eft-on bien certain qu'il le faut attribuer à telle ou telle partie du Vaisseau? Eft-on für de s'en prendre à la partie défectueufe?

Si les Vaiffeaux ne coûtoient pas de fi groffes fommes à bâtir, on pourroit multiplier les épreuves, & tenter ce que toutes fortes de figures pourroient produire; mais ces tentatives étant impoffibles, les Conftructeurs ont été timides dans leurs effais, & contraints de fe contenter de faire des obfervations fur les Vaiffeaux conftruits. Elles auroient été plus avantageufes pour la conftruction, fi les Obfervateurs avoient eu plus de principes & de théorie, néanmoins elles n'ont pas laiffé d'approcher beaucoup du but, puifque dans tous les tems il y a eu des Vaiffeaux dont on avoit lieu d'être content. Partant de là, plufieurs Conftructeurs ont fait leur étude principale de chercher des métho

des pour copier les Vaiffeaux qu'ils croyoient mériter l'applaudiffement des marins, & ce font ces méthodes méchaniques & ferviles qu'on a appellées mal-à-propos, les regles où les principes de la Construction.

Pour faire ces regles, quelques Conftructeurs établissent prefque toutes les dimenfions des Vaiffeaux fur la quille, & d'autres fur le maître bau, ou fur d'autres parties du Vaiffeau; ce qui paroîtra ridicule à qui s'imaginera que ces Conftructeurs ont crû appercevoir un rapport entre la quille & les autres parties du Vaisseau, ou entre le maître bau & ces mêmes parties; mais je ne pense pas qu'ils ayent eu cette idée, je crois plutôt que fe propofant uniquement de copier un Vaiffeau reconnu bon, ils ont choifi, pour mesure commune, les uns la quille & fes parties, les autres le bau. Ils auroient pû prendre l'étambot, la liffe d'hourdi, ou le creux &c. mais ils auroient dû éviter de choisir , mesure commune des chofes qui varient beaucoup, & qu'on ne peut pas mefurer avec une certaine précision comme eft par exemple la différence du tirant d'eau, & dans ce fens on a eu plus de raison de prendre pour mefure le maître bau, dont la longueur a très-peu varié, comme je le dirai dans la fuite, que la quille dont la longueur dépend de la quefte & de l'élancement qui ont fouffert de prodigieufes variations.

pour

Comme il s'eft trouvé des Vaiffeaux de gabaris très-différens qui ont fatisfait les marins, & qu'un Conftructeur travailloit à trouver une méthode. pour copier un Vaisseau de tel gabari, pendant qu'un autre en faifoit une pour copier un Vaiffeau d'un autre gabari ; il en eft résulté des méthodes très-différentes, chacun a tenu pour la fienne : il a prétendu qu'elle étoit la meilleure, & ne l'a revelée qu'à celui de fes enfans qu'il deftinoit à la conftruction. Ce miftere, ce fecret a formé un grand obftacle à l'avancement de la Conftruction, & nous voyons avec plaifir qu'il fe diffipe à mesure que les Conftructeurs deviennent plus habiles dans la théorie de leur art. Nous en avons maintenant de très-inftruits qui font honneur à leur profeffion, &

qui font exemts des reproches qu'on fait aux autres.

Nous nous propofons de décrire dans ce Traité plufieurs de ces méthodes, & d'enfeigner la maniere de faire des plans de Vaiffeaux ; mais nous aurons grande attention d'indiquer à tous momens le degré de confiance qu'on doit avoir aux regles que nous prefcrirons, ce qui nous fournira l'occasion de faire quelques refléxions fur la Métaphysifique & la Physique de la Conftruction; elles pourront être de quelque utilité pour la perfection de cet art, quoique nous nous tenions toûjours fort éloignés de la précifion Géométrique qu'on trouvera dans l'excellent ouvrage de M. Bouguer.

Je terminerai cet article en avertiffant qu'on fe tromperoit fi on croyoit qu'ayant une fois un Vaiffeau parfait, on en pourroit faire de toute grandeur, en augmentant ou en diminuant proportionellement toutes les dimenfions relativement à l'efpece de bâtiment qu'on fe proposeroit de conftruire: je m'explique.

Suppofons que le Royal-Louis, Vaiffeau à trois ponts, conftruit à Toulon, foit un Vaiffeau parfait. Je dis qu'on fe tromperoit, fi on esperoit faire une Frégate de 30 canons, en diminuant proportionellement toutes les dimenfions de ce Vaiffeau, pour le réduire aux capacités qui conviennent à une Frégate de 30 canons ; & que de même la Renommée, excellente Frégate, conftruite à Breft par Mr. des Lauriers, feroit un mauvais Vaiffeau à 3 ponts, fi en augmentant proportionnellement toutes fes dimenfions on la renfloit affez pour lui donner l'étendue du Royal-Loüis.

Nous avons effayé, Mr. de Morogue, Capitaine des Vaiffeaux du Roi & moi, ce qui réfulteroit de ces aug mentations & de ces diminutions proportionelles, & nous avons reconnu qu'elles ne pouvoient avoir lieu quand on 'partoit de termes trop éloignés; qu'il étoit abfolument néceffaire que les gros Vaiffeaux euffent des fonds bien plus pleins, & des Gabaris plus renflés que ceux d'une Frégate qu'on fuppoferoit affez augmentée pour étendre fes principales dimensions autant que celles d'un gros Vaiffeau.

Mais nous avons reconnu auffi que fi l'on prenoit pour modele trois ou quatre bâtimens de différente grandeur, comme feroit un Vaiffeau à 3 ponts, le Royal-Loüis, par exemple; un Vaiffeau à deux ponts, qui fera fi l'on veut le Superbe, construit à Breft par Mr. Helie; & une Frégate à un pont, telle que la Renommée, on pourroit par des regles de proportions, conftruire les bâtimens intermédiaide façon que ceux qui feroient moyens entre le Royal-Louis & le Superbe, participeroient des gabaris de l'un ou l'autre de ces Vaiffeaux proportionellement à leur grandeur, & de même pour les bâtimens intermédiaires entre le Superbe & la Renommée. Mr. de Morogue a imaginé une méthode Méchanique pour trouver ces moyennes proportionelles, qui pourroit être très - avantageufe aux jeunes Constructeurs.

res,

II.

De la diftinction des Vaiffeaux fuivant leur rang, le nombre de leurs canons, la quantité des ponts, & l'étendue de leur gaillards, châteaux & dunette.

On a coûtume de diftinguer les Vaiffeaux de différentes grandeurs par des claffes qu'on appelle rang; les plus gros font du premier rang & les plus petits font du troifieme; paffé ce terme ce font des Frégates, qu'on diftingue par le nombre des canons qu'elles portent : les plus petites s'appellent des corvettes.

Outre la distinction des Vaiffeaux par rang, on divife encore chaque rang en deux claffes qu'on nomme ordre: ainfi on dit des Vaisseaux du premier rang, premier ordre ; du premier rang, deuxieme ordre; du deuxieme rang, premier ordre, &c.

Nous avons crû qu'il convenoit de commencer par donner une idée de cette divifion des Vaiffeaux, avant que de parler de leur Construction.

Les Vaiffeaux du premier rang, premier ordre, ont trois

« ZurückWeiter »