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grandes capacités, on fera obligé de diminuer le creux : au contraire, fi l'on faifoit une varangue courte & fort acculée, un genoüil ouvert; en un mot, fil'on tenoit le gabary pincé par le bas, comme les capacités feroient beaucoup diminuées, on feroit obligé pour fe procurer une belle batterie de beaucoup augmenter le creux: Voilà pour ce qui regarde le maître couple. A l'égard des façons, il eft clair que fi on les taille beaucoup, pour avoir des lignes d'eau fort aigues, on aura un moindre déplacement d'eau, que fi les façons étoient plus nourries; ce qui obligera d'augmenter le creux. Malgré cela, fi on fe propofe de faire un Vaiffeau très-taillé, on pourra choifir celle des méthodes que nous avons indiqué qui donne plus de creux; faufà rectifier fon plan en plus ou en moins, quand on aura calculé fes capacités, pour s'affûrer fi elles font proportionelles au poids que le Vaiffeau doit porter. Nous parlerons de ces calculs à la fin de ce traité, mais on peut dire en général, qu'à pareille longueur & largeur, un Vaiffeau qui a beaucoup de creux dérive moins que celui qui en a peu; je dis à pareille longueur & largeur, parce qu'en allongeant un Vaiffeau qui auroit peu de creux, on pouroit le rendre bon boulinier.

Nous avons fuffifamment parlé au commencement de cet article, du relevement du pont aux deux extrêmités, ou de fa tonture; ainfi il ne nous refte qu'à rapporter quel eft fur cela l'ufage des Conftructeurs: mais auparavant il faut remarquer que le relevement du pont à l'arriere doit être proportionné à la différence du tirant d'eau, afin qu'à cet égard le pont fe trouve au moins de niveau.

Il y a des Conftructeurs qui fe contentent de donner quelques pouces de relevement à l'avant, comme 6 ou 8 pouces, & la fixieme partie du creux pour l'arriere.

Suivant cette regle, un Vaisseau de 168 pieds de longueur, & de 46 de largeur, ayant 23 pieds de creux, (en lui donnant de creux la moitié de fa largeur,) auroit en prehant la fixieme partie du creux 3 pieds 10 pouces de relevement à l'arriere.

La plupart des Conftructeurs donnent pour le relevement

du premier pont en arriere, 2 lignes trois points par pied de la longueur du Vaiffeau, & pour le relevement du pont en avant, une ligne par pouce du relevement de l'arriere : ainfi un Vaiffeau qui auroit 168 pieds de longueur, auroit 2 pieds 7 pouces 6 lignes de relevement à l'arriere, & 2 pouces 7 lignes 6 points de relevement à l'avant.

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Cette regle s'observe pour les Vaiffeaux de 28 canons & au-deffus; mais pour les Frégates de 22, de 16, de 12 canons, &c. on prend pour le relevement en arriere, 3 gnes 4 points par pied de la longueur, fauf toute-fois à augmenter ou diminuer, fuivant la différence du tirant d'eau, conformément aux reflexions que nous avons fait.

IX.

De la longueur de la quille, de l'élancement de l'étrave, & de la quête de l'étambot.

Les Vaiffeaux fe terminent en avant par une piece de bois, qui a une forme circulaire : c'eft ce qu'on appelle Félancement de l'étrave; & en arriere, par une piece de bois qui tombe obliquement fur la quille, ayant de la faillie en dehors: c'eft cette faillie qu'on appelle la quête de l'étambot.

Pour avoir la longueur de la quille, il faut additionner la fomme de la quête de l'étambot, & de l'élancement de l'étrave, puis fouftraire le produit de ces deux fommes de la longueur totale du Vaiffeau; le refte fera la longueur de la quille. Il faut donc commencer par déterminer la quête & l'élancement.

Pour trouver l'élancement de l'étrave, plufieurs Conftructeurs prenoient anciennement un huitieme de la longueur totale du Vaiffeau, & ils donnoient, pour la quête de l'étambot, le de l'élancement de l'étrave: ainfi un Vaiffeau de 168 pieds de longueur, auroit eu 21 pieds d'élancement, & 5 pieds 3 pouces de quête.

D'autres Conftructeurs donnent pour l'élancement de l'étrave, la douzieme partie de la longueur totale du Vaif

feau, pour les Vaiffeaux de 60 canons & au-deffus; pour ceux depuis 40 jufqu'à 60 la quatorzieme partie de la longueur, & la quinzieme pour les petits. Il y a auffi des Conftructeurs qui ne prennent que la quinzieme partie de la longueur totale, même même pour les gros Vaiffeaux; & pour la quête de l'étambot la fixieme partie de l'élancement de l'étrave ( on entend par gros Vaiffeaux; ceux de 40 canons & au-deffus ;) ainfi en prenant la quinzieme partie, un Vaiffeau qui auroit 168 pieds de longueur, auroit 1 1

pieds d'élancement & 10 pieds 7 pouces de quête. Pour les Frégates, ils prennent la treizieme partie de la longueur du Vaiffeau pour l'élancement de l'étrave, & la fixieme. partie de cet élancement pour la quête de l'étambot.

Pour les petites Frégates de 22 canons & au-deffous, ils prennent la quatorzieme partie de la longueur totale du Vaiffeau pour l'élancement de l'étrave, & la cinquieme partie de l'élancement pour la quête de l'étambot.

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Enfin quelques Conftructeurs pour avoir la quête & l'élancement, prenant ou de la longueur totale, divifent cette quantité en 5 parties égales; ils en deftinent 4 pour l'élancement, & une pour la quête.

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On voit que fi l'on fouftrait, fuivant le premier exemple, 21 pieds pour l'élancement, & 5 pieds 3 pouces pour quête, la longueur de la quille reftera de 141 pieds 9 pou

ces.

REMARQUE.

On met en question, s'il eft avantageux de rendre la quille des Vaiffeaux fort longue, ou de la tenir courte; ou ce qui eft la même chofe, s'il faut donner peu ou beaucoup d'élancement à l'étrave, & de quête à l'étambot. Cette question a beaucoup partagé les Conftructeurs; pour la réfoudre, il faudroit décider s'il eft important que les Vaiffeaux ayent plus de longueur au haut de l'étrave & de l'étambot qu'à la quille; & les refléxions que Mr. Olivier, célebre Conftructeur, a fait à ce fujet, l'ont engagé à faire plufieurs Vaiffeaux, comme le Mars, l'Alci

de, &c. qui n'avoient ni quête ni élancement, & qui néanmoins fe font bien comportés à la mer. Je crois que l'intention de Mr. Olivier n'étoit pas de condamner abfolument l'élancement, mais feulement de prouver que cette circonftance étoit plus indifférente que l'on ne fe l'imagi

noit.

L'élancement de l'étrave, fait que la longueur du Vaifseau eft terminée en avant par une ligne courbe, qui forme un arc à peu près de 70 degrés, & la quête fait que cette longueur eft terminée en arriere par une ligne droite qui eft inclinée à la quille.

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y a cent ans que l'on ne donnoit à la quille que les de la longueur qu'il y a entre l'étrave & l'étambot: depuis on a augmenté fa longueur, en diminuant de l'élancement de l'étrave, & de la quête de l'étambot: on a donné pour l'élancement de l'étrave, la longueur du bau & à proportion pour la quête de l'étambot. On s'eft enfuite reduit à ne donner prefque pour l'élancement de l'étrave, que la fixieme partie de fa diftance à celle de l'étambot; peu à peu on a allongé la quille, & maintenant l'élancement n'eft que de de la diftance de l'étrave à l'étambot.

Cet allongement de la quille a toûjours paru avantageux, & c'eft ce qui a déterminé Mr. Olivier à fupprimer dans le Mars & l'Alcide, l'élancement & la quête.

Un Vaisseau de la grandeur du Mars, auroit eu au commencement du fiecle 75 pieds d'élancement, peu à près il en auroit eu 40&, ensuite 26, puis 2 1 à 22; aujourd'hui 18 à 19, ou même 14 à 15: quelques-uns ne lui en auroient même donné que 12; Mr. Olivier l'a fupprimé toutà-fait. Voici les considérations qui l'y ont déterminé.

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1°. La construction en devient plus aifée; l'avant & l'arriere étant terminés par des lignes perpendiculaires, toutes les courbes qui déterminent les extrêmités du Vaisseau, aboutissent à l'avant & à l'arriere à des lignes connues & à des points certains; au lieu qu'en donnant de la quête & de l'élancement, ces courbes aboutiffent en avant à une lis

gne courbe & en arriere à une ligne oblique, qui font l'une & l'autre des lignes fur lefquelles on ne peut point comp ter. Il résulte donc de la fuppreffion de l'élancement & de la quête, une plus grande facilité pour déterminer avec précision & fûreté les lignes du fonds du Vaisseau. (Cela eft vrai,) néanmoins on verra dans la fuite qu'on a des méthodes pour bien conduire les lignes d'eau jufqu'à la rencontre d'une étrave courbe.

2o. On fçait quelles font les qualités néceffaires à un Vaiffeau. La fuppreffion de l'élancement & de la quête, n'intéreffe en rien la qualité de porter la voile, ni celle d'avoir la batterie haute: (cela eft vrai;) elle ne fait rien à fa marche, vent arriere, ou vent largue; ( nous croyons cependant qu'elle la diminue un peu:) mais cette fuppreffion eft avantageufe au plus près; car en retranchant la quête, la longueur de la quille fe trouve égale à celle du Vaiffeau; donc un Vaiffeau fans quête ni élancement doit moins dériver que les Vaiffeaux ordinaires ; (cet avanrage eft certain.)

Enfin, par la diminution de l'élancement, on fait que le pied du mât de mifaine porte fur la quille, au lieu 'aboutir fur l'étrave, qui pourroit être ébranlée par un auffi grand poids. Cela eft vrai quand l'élancement eft fort grand: mais le mât de mifaine porte fur la quille, quand l'élancement eft médiocre; d'ailleurs la fuppreffion entiere de l'élancement n'eft pas fans inconvénient.

1o. Un Vailleau à étrave droite doit être moins fenfible à fon gouvernail, & arriver plus lentement.

2°. L'arrondiffement de l'étrave doit diminuer un peu la réfiftance du fluide.

3°. En faifant la quille de toute la longueur du Vaiffeau, il doit fouvent arriver que la pate de l'ancre s'arrête fous la quille.

4°. Il y a des cas particuliers, où l'échouage feroit plus dangereux, lorfque l'avant fe termine par un angle, que. quand il eft arrondi.

Mr. Olivier avoit prévû ces objections; il étoit même

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