avec une force égale à 4 gros, qui eft fon poids dans l'eau, & le liege fera porté vers la furface de l'eau avec une force égale à trois gros 65 grains, qui eft l'exès du poids du cube d'eau fur celui de liege, & il fortira de l'eau jufqu'à ce qu'il ne déplace plus qu'un volume d'eau égal à 1 gros 17 grains, qui eft fon poids; pour lors plus des deux tiers de fon volume feront hors de l'eau. le Cette expérience prouve fenfiblement que les corps gers font portés à la fuperficie de l'eau par une force égale à la différence de leur poids, avec celui d'un volume d'eau d'égale dimenfion que le leur. Voyons ce qui arrive aux corps spécifiquement plus pefans que l'eau. SECONDE EXPERIENCE. Il faut pefer le parallelipipede de cuivre dans l'air, il pefera 5 onces 6 gros & 18 grains. Si après l'avoir fufpendu à la balance avec une foye on le pese dans l'eau, il ne pefera plus que 5 onces 1 gros 8 grains, parce qu'il aura déplacé un pouce cube d'eau, qui pefe 5 gros 10 grains. Cette expérience prouve incontestablement que les folides éprouvent de la part des fluides, dans lefquels ils font plongés, une preffion que Mr. Bouguer appelle pouffée verticale, laquelle eft égale au poids du volume d'eau dont le folide occupe la place, & cette preffion eft toûjours la même, de quelque figure que foit le corps folide; car fi on prend un morceau de cuivre d'une figure très irréguliere qui pefes onces 6 gros & 18 grains dans l'air, fon poids fera également réduit à 5 onces 1 gros 8 grains, quand on l'aura plongé dans l'eau. La pouffée verticale des fluides eft donc inconteftable; mais comme elle est un effet du poids des fluides, elle doit augmenter proportionellement à leur densité où à leur péfanteur; c'est pourquoi le cube de cuivre nagera fur le mercure, comme le liege fur l'eau ; d'où il fuit que les flottans doivent moins entrer dans l'eau de mer que dans l'eau douce, parce que les parties falines & bitumineuTt corps fes qui font diffoutes dans l'eau de mer, la rendent plus pefante que l'eau douce. Maintenant qu'on a une idée de l'action des fluides fur les folides qui y font plongés, on concevra, 1°. que les Vaiffeaux font foutenus fur l'eau par la preffion égale au poids de l'eau qu'ils déplacent. 2°. Que fi le poids du Vaiffeau étoit fupérieur au poids du volume d'eau déplacé, le Vaiffeau ne feroit plus fupporté par l'eau, il iroit au fond. Je ne fçâche pas qu'on'foit jamais tombé dans une faute auffi groffiere; mais il eft fouvent arrivé que le poids total du Vaiffeau armé étant plus grand que le poids de l'eau déplacée par la partie du Vaiffeau comprise depuis la quille jufqu'à la ligne de flotaifon, le Vaiffeau caloit plus qu'on ne l'avoit projetté, & la batterie étoit noyée. C'est un grand défaut pour un Vaiffeau de guerre; ainfi avant que d'entreprendre l'exécution d'un plan, il eft bon d'examiner si le déplacement d'eau de la carène eft proportionel au poids du Vaisseau armé. Pour cela il faut connoître, 1°. le poids du Vaiffeau. 2°. Le volume d'eau que la carène doit déplacer. On y parviendra par les moyens que nous allons indiquer dans les articles fuivans. II. Connoítre le poids d'un Vaisseau armé. C'est ici une chose d'observation, qui confiste à avoir un état le plus exact qu'il eft poffible de la quantité de pieds cubes de bois de chêne & de fapin qui entrent dans la conftruction & la mâture du Vaiffeau qu'on examine, le poids du fer & du plomb qui y eft employé, de même que celui des agrèts, des voiles, des cuifines, des ancres, des canons & de leurs boulets, des poudres, des armes de toute efpece, des vivres, des hommes, &c. Si l'évaluation de chaque article eft jufte, on aura par l'addition de toutes les fommes, le poids total du Bâtiment au commencement de la campagne. Il fera bon dans cette opération de diftinguer les poids qui fe trouvent placés au-deffous de la ligne de flotaifon de ceux qui font au-deffus, & les poids de la partie de l'avant de ceux qui font à la partie de l'arriere. & nous Si nous n'appréhendions pas d'être trop longs, nous multiplierions les exemples: mais dans la vue d'abréger, nous nous contenterons d'en rapporter deux, choififfons la Frégate la Renommée de 30 canons, conftruite à Breft par Mr. Deflauriers, & une de 50 canons, toutes deux équipées pour 6 mois. Ceux qui auront le Traité du Navire, feront bien de confulter ce qui eft marqué au Livre 2. Section 1. Chapitre 1. III. Etat de la Frégate la Renommée, de 30 canons; approvi fionnée de vivres pour fix mois, afin de connoître quel est fon poids. Poids de la Coque. Bois de chêne 5640 pieds cubes dans la partie fubmergée à 72 liv. le pied cube, & 2920 à la partie hors de Partie fub- Partie hors Total en Tonneaux. mergée. de l'eau. l'eau à 66 liv. le pied cube, 406080 liv. 192720 liv. 299 tonn. 800 liv.) Sapin, 600 pieds cubes dans la partie fubmergée, & 560 dans la partie hors de l'eau à ro liv. le pied cube, Sculpture, Fer pour les courbes du pont, du faux pont, & des jottereaux, Fer en chevilles de toutes fortes, ferrures du gouvernail, chaînes des haubans & clous, Plomb des écubiers, dalots & ouvertures, Serrurerie, Etoupe, Gaudron, Peinture, Etat Sommaire d'une Fregate de 50 canons, approvifionnée de fix mois de vivres, pour connoître fon poids. Ces Etats, il faut l'avoüer, font longs & pénibles à faire; mais nos conftructeurs zélés font parvenus à s'en procurer pour les Vaiffeaux de tous les rangs; néanmoins on pourroit fe difpenfer de les faire, en examinant le déplacement d'eau des Vaiffeaux conftruits & armés; car tous les Vaiffeaux de même rang doivent pefer à peu près autant les uns que les autres, puifqu'ils font conftruits avec |