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forts tremblements de terre le dévastèrent complètement, et, dans les temps qui suivirent, les habitants de la vallée édifièrent leurs cabanes sur les ruines du temple de Zeus.

Le Prytanée des Éléens remonte à peu près à la même époque que le temple de Zeus. Il était situé à l'angle nord-ouest de l'Altis et constituait le palais dans lequel les Olympioniques recevaient l'hospitalité aux frais de l'État. Un petit sanctuaire et un autel de Hestia y était annexé. C'est à peu près à la même époque qu'appartient aussi un autre ensemble de monuments, situé devant le mur méridional de l'enceinte sacrée, et dont le plan présente un intérêt tout particulier c'est le Bouleutérion. Il se compose d'une salle carrée, flanquée de deux ailes de forme allongée, terminées l'une et l'autre en abside, et divisées en deux nefs par une rangée de colonnes. Du côté est, la façade commune de ces trois monuments est ornée d'une colonnade. Un portique analogue, mais qui n'a été qu'incomplètement dégagé par les fouilles, s'étendait au sud du Bouleutérion. Le monument, dans ses parties essentielles, est contemporain du temple de Zeus; ses colonnes, de moitié moins hautes que celles du temple, ont en effet des chapiteaux exactement semblables. L'aile du nord semble pourtant être un peu plus ancienne. Quant aux portiques de l'est et du sud, ils doivent appartenir à l'époque romaine. C'est dans ces salles que se tenaient les séances du sénat olympique; c'est ici aussi que, selon toute vraisemblance, les concurrents avaient à prêter, devant la statue de Zeus Herkéios, le serment solennel d'observer en conscience le règlement des jeux.

Entre le Héraion et le temple de Zeus, était située l'enceinte. consacrée à Pélops, le Pélopion. Il forme une enceinte pentagonale entourant un petit tertre. On y entrait par des propylées situées à l'angle sud-ouest. Ceux-ci sont probablement une construction datant du ve siècle. On remarque également, sur le tertre, les restes d'un monument précédé d'une rampe d'accès. Il faut rétablir sur sa façade quatre colonnes entre deux parastades; un peu en retrait se trouvait un mur plein.

Le Leonidaion, le Métrôon et le Philippéïon vinrent, dans le cours du IVe siècle, compléter la série des somptueux monuments d'Olympie. Le Leonidaion est un monument élevé par l'Éléen Léonidas à l'angle sud-ouest de l'enceinte sacrée. Il se compose d'une série d'appartements disposés autour d'une vaste cour quadrangulaire; un péristyle d'ordre ionique règne, à l'extérieur tout autour du monument. Ce devait être sans doute un vaste hôpital comme ceux qu'on retrouve à Épidaure. On y ménagea à l'époque romaine une série d'habitations distinctes. On y établit notamment

le palais du gouverneur romain, et la cour interieure fut convertie en un jardin d'agrément avec pelouses, bosquets et bassins.

Le Métroon est le bâtiment fortement endommagé situé à l'est da Héraion. La destination de cet édifice a été longtemps méconnue. C'était un petit temple dorique consacré à la Mère des dieux. Mais dejà au temps de Pausanias la statue de Cybèle avait disparu, et les statues de divers empereurs romains avaient pris sa place à l'intérieur de la cella.

Entre le Métrôon et le stade s'alignaient jadis seize statues de bronze. C'étaient les Zanes ou statues de Zeus, que les Éleens faisaient exécuter avec le produit des amendes infligées aux concurrents qui avaient transgressé le règlement des jeux. Les six premiers, en partant du Métroon, appartenaient au IVe siècle. Les autres etaient de date plus récente. Leurs bases sont encore en place. Le Philippéïon, situé à l'ouest du Héraion, est un monument de forme circulaire élevé par le roi Philippe de Macédoine après la bataille de Chéronée. L'édifice était construit en tuf et ses parois interieures revêtues d'un stuc de couleur rouge. Les marches, les colonnes ainsi que la cimaise étaient de marbre. L'édifice était entouré d'une colonnade circulaire d'ordre ionique, des demi-colonnes decoraient vraisemblablement les murs intérieurs de la cella. On y voyait des statues d'or et d'ivoire; l'édifice pourrait donc être considéré comme un trésor. Peut-être aussi, faut-il y reconnaître, comme dans la tholos à peu près contemporaine d'Epidaure, un monument destiné

au culte.

On s'attaqua surtout, à la période hellénistique, aux monuments situés à l'ouest de l'Altis; ceux-ci furent remaniés et reconstruits en pierre avec une plus grande somptuosité. Les ruines du gymnase nous ont été conservées. Situé à l'angle sud-ouest de l'enceinte sacrée, celui-ci affecte la forme ordinaire, qui nous est connue par les descriptions de Vitruve. Il se compose d'une vaste cour découverte et entourée de portiques, sous lesquels s'ouvrent des chambres et des salles de plus grande dimension. La palestre présente une disposition analogue. Au sud de la palestre se trouvent les ruines de bâtiments importants, à l'intérieur desquels une chapelle byzantine tut aménagée dans le cours du VIe siècle ap. J.-C. On a cru pouvoir les identifier avec le Théokoléion qui servait de demeure aux pretres. C'est dans une salle située dans la partie sud de ces constructions, qu'on s'est cru pendant longtemps autorisé à reconnaître l'atelier de Phidias, sans doute parce que les dimensions de cette salle correspondent à peu près à celles de la cella du temple de Zeus. L'Altis était limitée, du côté du stade, par un portique monumental

VIII.

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profond de 10 mètres et atteignant à peu près 100 mètres de longueur. La voix s'y répercutait sept fois et on lui avait en conséquence donné le nom de portique d'Écho. L'édifice était porté par quarante-quatre colonnes et par deux pilastres aux extrémités. Les deux extrémités nord et sud sont conservées; de tout le reste du monument les fondements seuls sont encore visibles, les colonnes en ayant été employées comme matériaux dans la construction du mur byzantin. A une époque antérieure, s'étendait de ce côté, un peu en retrait et suivant une direction plus inclinée vers l'est, un autre portique nommé le portique de Poecile; il a disparu, à l'époque hellénistique, derrière les murs du portique d'Écho qui sont probablement l'œuvre d'un Ptolémée. En avant de la colonnade, étaient rangées de nombreuses statues ou ex-votos dont les bases sont encore en place.

Les constructions de l'Altis furent encore développées par Néron. Il fit ériger, entre autres, à l'angle sud-est de l'enceinte sacrée, un grand arc de triomphe percé de trois portes. Les fondements des quatre piliers qui en supportaient les arcades sont conservés; on a employé à leur construction des blocs de tuf et des bases de statues.

Le mur occidental du péribole est percé, à ses extrémités nord et sud, de deux portes de plus petite dimension qui appartiennent à la même époque. C'est à cette période qu'appartient aussi l'édifice situé à l'angle sud-est de l'Altis et qu'on désigne du nom de palais de Néron. Ce monument reproduit le plan ordinaire des maisons romaines avec atrium, tablinum et péristyle. Il appartient incontestablement, pour certaines parties du moins, à l'époque de Néron; on y a retrouvé en effet une conduite d'eau qui porte estampillé le nom de cet empereur. Mais sous les murs de cette maison romaine, se retrouvent les ruines d'un monument plus ancien, appartenant à la période hellénique et dont les gradins de stuc sont encore visibles. Il se composait de plusieurs appartements, précédés d'un portique.

La dernière période de construction que connut le célèbre sanctuaire coincide avec l'époque d'Hadrien et d'Hérode Atticus. L'exèdre d'Hérode Atticus est le plus considérable des édifices de cette époque; il doit avoir pris la place occupée antérieurement par des trésors. C'était un haut et somptueux édifice, dont l'enfoncement en forme de niche ou de demi-coupole était décoré intérieurement de colonnes; c'est à ce monument que venait aboutir l'aqueduc qui alimentait l'Altis. Les eaux se déversaient au pied du monument dans un grand bassin rectangulaire flanqué de part et d'autre de deux édicules ou chapelles de forme circulaire.

Ainsi, l'Altis, dont l'étendue mesure 200 mètres de long sur 175

de large, offrit un aspect différent aux diverses époques de son histoire. Un mur d'enceinte la limitait des côtés sud-est et ouest, le mont Kronion semble avoir formé la limite du côté nord. L'espace ainsi circonscrit présentait jadis l'aspect d'un bocage ombreux dont les oliviers sauvages se développaient librement et envahissaient tout l'espace inoccupé. A l'ombre de leur feuillage s'élevait comme une autre forêt de brillants ex-votos, de statues et d'autels. Pausanias énumère soixante-huit autels, sans compter le peuple innombrable de statues de dieux et d'athlètes qui encombraient l'Altis. L'autel de Zeus, porté sur un large socle, en occupait le centre. Toute cette splendeur châtoyante s'est évanouie, nous ne foulons plus qu'une bruyère déserte et encombrée de pierres brisées. Pourtant, combien ces ruines sont instructives! Elles nous font toucher du doigt l'importance de ces sanctuaires nationaux : asiles de la religion et des arts, gymnases ouverts aux luttes de l'esprit et du corps, où s'est fait l'éducation du peuple grec, où se sont développées l'originalité et la grandeur de sa civilisation (1).

(1) Pour comprendre la description de Delphes et d'Olympie, on fera bien de consulter le bel atlas de H. LUCKENBACH, Abbildungen zur alten Geschichte. Vte Aufl. (Munich, R. Oldenbourg, 1904. 1 m. 5o.). On y trouvera des plans, des vues à vol d'oiseau, et des restitutions des principaux monuments.

PLATON, SOURCE DIRECTE DE MINUCIUS FELIX

PAR

J. P. WALTZING

Professeur à l'Université de Liége.

Dans un article inséré aux Mélanges Gaston Boissier,, nous avons prouvé que Minucius Felix a emprunté directement au Phédon les idées et même des expressions du chap. 14 de son Octavius. Ce chapitre n'est qu'une transition entre le réquisitoire de Cécilius et le plaidoyer d'Octavius. Les idées qui y sont exprimées n'ont aucun rapport avec l'objet en discussion. Minucius Felix, qui a été constitué juge entre les deux orateurs, y exprime, en manière d'intermède, cette idée que Cécilius a sans doute bien parlé, mais qu'il faut attendre la réponse d'Octavius avant de se prononcer, parce que la séduction du style ne doit pas nous tromper, parce que nous ne devons considérer que les idées, et non les ornements dont elles sont revêtues; sinon, on risque d'adopter une opinion qu'on sera obligé de reconnaître fausse après avoir entendu un autre, et alors on se défiera de son propre esprit et l'on finira par désespérer d'arriver à la vérité. C'est ce que Socrate dit dans le Phédon et souvent il le dit dans les mêmes termes que Minucius Felix.

Nous avons conclu que Minucius Felix, qui prend ordinairement ses idées à d'autres sans le dire, est allé jusqu'à emprunter à Platon une transition entre les deux grandes parties de son dialogue, et, chose remarquable, c'est la transition qui unit les deux grandes parties du Phédon et, de part et d'autre, elle a pour but de reposer l'esprit des auditeurs après une discussion ou un discours, avant de passer à une autre discussion ou un autre discours.

Il nous a paru que cet emprunt, déjà remarqué par Vahlen (1), était incontestablement direct. Ce n'est pas par un intermédiaire que Minucius a pu prendre à Platon cette transition. Il lisait donc Platon et les œuvres du philosophe athénien lui étaient si familières qu'ayant besoin d'une transition, il a pensé à un passage de Platon.

(1) J. VAHLEN, Index lectionum de Berlin. Semestre d'été 1894, p. 21.

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