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dans laquelle il lui dit : « On voit avec peine que vous favorisez les réfractaires, que vous n'êtes servi que par les ennemis de la constitution, et l'on craint que ces préférences trop manifestes n'indiquent les véritables dispositions de votre cœur. ›

› Le soir du 18, le corps municipal arrêta également de faire une adresse au roi, qui ne put être présentée que le 20, et qui contient les mêmes demandes que celles du département.

› Le 19, le roi se rendit à l'assemblée nationale. (Nous intercalons ici la séance du 19 avril.)

[M. le président. Je viens de recevoir une lettre du garde-dusceau; elle est ainsi concue :

‹ Je vous prie, M. le président, de faire lecture à l'assemblée nationale d'une lettre que le roi m'a ordonné de vous envoyer.

Lettre du Roi.

Je vous prie, M. le président, de prévenir l'assemblée nationale que je vais m'y rendre sur-le-champ. ›

M. le président. Je crois me conformer à l'intention de l'assemblée en ajoutant que personne ne doit prendre la parole que le président.

L'assemblée se lève; le roi entre. Il se place à la droite du président et prononce un discours dans lequel, après avoir renouvelé les témoignages de sa confiance en l'assemblée nationale, et rappelé les événemens d'hier, il dit qu'il importe pour la pleine liberté de sa sanction et de son acceptation, qu'il fasse le voyage qu'il avait projeté, et qu'il persiste dans l'intention d'aller à SaintCloud. J'ai accepté et sanctionné, ajoute le roi, la constitution, dont la constitution civile du clergé fait partie; et je la maintiens de tout mon pouvoir.

M. le président. Sire, si le sentiment profond dont l'assemblée nationale cst pénétrée était incompatible avec quelque plus douce impression, elle la recevrait de votre présence. Puisse votre majesté trouver elle-même parmi nous, dans ces témoignages d'amour qui l'environnent, quelque dédommagement de ses peines! Une inquiète agitation est inséparable des progrès de la liberté :

au milieu des soins que prennent les bons citoyens pour calmer le peuple, on se plaît à semer des alarmes; des circonstances menaçantes se réunissent de toutes parts et la défiance renaît. Sire, vous, le peuple, la liberté, la constitution, ce n'est qu'un seul intérêt; les lâches ennemis de la constitution et de la liberté sont aussi les vôtres. Tous les coeurs sont à vous; comme vous voulez le bonheur du peuple, le peuple demande le bonheur de son roi; empêchons qu'une faction trop connue par ses projets, ses efforts, ses complots, ne se mette entre le trône et la nation, et tous les vœux seront accomplis. Quand vous venez, sire, resserrer dans cette enceinte les noeuds qui vous attachent à la révolution, vous donnez des forces aux amis de la paix et des lois; ils doivent prouver au peuple que votre cœur n'est pas changé, et toute inquiétude, toute défiance disparaîtra; nos communs ennemis seront encore une fois confondus, et vous aurez fait remporter à la patrie une nouvelle victoire.

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Le côté gauche retentit d'applaudissemens réitérés et des acclamations répétées de vive le roi!

Le roi se retire. Les applaudissemens et les acclamations de la même partie de la salle recommencent.

M. Noailles. Je demande l'impression du discours du roi et de la réponse de M. le président et l'envoi aux départemens.

M. Baumetz. J'appuie cette proposition, et je demande qu'une députation aille remercier le roi de la démarche qu'il vient de faire et lui demander son discours, afin qu'imprimé avec l'autorisation du roi, il serve de proclamation pour le rétablissement de la paix publique (On applaudit.).

Ces deux propositions sont décrétées.

M. Blacon. Je n'ai jamais pris la parole dans cette tribune; mais je m'étonne d'y paraître en ce moment le premier. Le roi a fait près de vous une démarche de confiance; il vous a dit que son voyage de Saint-Cloud était nécessaire pour le maintien des lois et de la constitution et pour qu'il eût l'air d'être libre......... (La partie droite applaudit. -La gauche se soulève et demande que M, Blacon soit envoyé à l'Abbaye.)

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On demande l'ordre du jour.

L'assemblée passe à l'ordre du jour.

M. Cazalès. M. le président, je demande la parole. (Il s'élève beaucoup de rumeurs.)

M. Castellane. Qu'il soit permis à l'opinant d'expliquer sa pensée. (Un grand nombre de voix de la partie gauche : Levez la séance.)

M. Castellane insiste pour qu'on entende M. Cazalès.

M. Cazalès insiste pour être entendu.

M. Ræderer. Je demande que la parole soit accordée à l'opinant, et je le prie de nous expliquer pourquoi lui et ces Messieurs qui se disent si souvent les amis du roi et de la royauté, pourquoi, dis-je, ils n'ont pas donné un seul applaudissement au roi, et n'ont pas mêlé leurs acclamations à celles d'une trèsgrande partie de cette assemblée. (La grande majorité applaudit. -La droite murmure.)]

Malgré ces mesures, continue la brochure que nous analysons, on ne cessa de répandre les placards les plus incendiaires; le club des Cordeliers, entre autres, fit afficher partout une dénonciation, signée de son président et de deux secrétaires, contre la personne du roi; on se répandit en propos contre l'assemblée nationale; on souleva le peuple contre elle.

>Un grenadier de la première division, nommé Dupas, s'était permis de tenir à la portière du roi, les propos les plus outrageans; il va faire les rapports les plus calomnieux au club des Cordeliers, il y est accueilli et couronné. Sa compagnie le chasse; le club le prend sous sa protection. Ce club perturbateur se met continuellement à la place des corps administratifs envers le peuple, à la place de l'assemblée nationale envers ses corps administratifs.

› M. de la Fayette produisit, d'un seul mot, une des plus grandes et des plus salutaires secousses qui aient eu lieu depuis la révolution.

› Il mit sa démission à l'ordre, le jeudi 21 avril. Cette dé

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mission fit tout à coup tomber le bandeau qui couvrait les yeux de la plupart des citoyens soldats.

› Les bataillons s'assemblèrent, ils refusèrent de reconnaître la démission de M. la Fayette; ils lui portent leur vou, portent au département, ils le portent à la municipalité qu'ils pressent de se joindre à eux.

› Depuis le matin, des députés de bataillons, des bataillons tout entiers remplissaient la maison de M. la Fayette, la cour et les rues adjacentes: ils y sont restés en très-grand nombre jusqu'à trois heures du matin (1).>

L'auteur cite ensuite avec beaucoup d'éloges envers Louis XVI, et une grande effusion de confiance en ses royales protestations, une lettre écrite aux ambassadeurs, qui fut communiquée, en son nom, par Montmorin, à l'assemblée nationale. Voici cette lettre :

Lettre communiquée à l'assemblée nationale par le ministre au nom du roi.

Le roi me charge, Monsieur, de vous mander que son intention la plus formelle est que vous manifestiez. ses sentimens sur la révolution et sur la constitution française à la cour où vous résidez. Les ambassadeurs et ministres de France près toutes les cours de l'Europe reçoivent les mêmes ordres, afin qu'il ne reste aucun doute ni sur les intentions de sa majesté, ni sur l'acceptation libre qu'elle a donnée à la nouvelle forme de gouvernement, ni sur son serment irrévocable de la maintenir. Sa majesté avait convoqué les états-généraux de son royaume, et déterminé dans son conseil que les communes y auraient un nombre de députés égal à celui des deux autres ordres qui existaient alors. Cet acte de législation provisoire, que les obstacles du moment ne permettaient pas de rendre plus favorable, annonçait assez le désir de sa majesté de rétablir la nation dans tous ses droits.

(1) Une anecdote doit ici trouver sa place. Le jeudi, dans le moment où la maison de M. de la Fayette était remplie de gardes nationaux, plusieurs citoyens mirent un genou en terre devant le généra, qui exprima un sentiment pénible; mais ce mouvement fut ennobli par une belle idée de l'un d'eux : « Général, dit-il, ne craignez rien, nous prenons l'attitude d'hommes libres; nous nous mettons à genoux devant la statue de la liberté.

(Note de la brochure.)

Les états-généraux furent assemblés, et prirent le titre d'assemblée nationale; bientôt une constitution propre à faire le bonheur de la France et du monarque remplaça l'ancien ordre de choses, où la force apparente de la royauté ne cachait que la force réelle des abus de quelques corps aristocratiques.

L'assemblée nationale adopta la forme du gouvernement représentatif joint à la royauté héréditaire; le corps-législatif fut déclaré permanent; l'élection des ministres du culte, des administrateurs et des juges, fut rendue au peuple; on conféra le pouvoir exécutif au roi, la formation de la loi au corps-législatif, et la sanction au monarque; la force publique, soit intérieure, soit extérieure, fut organisée sur les mêmes principes et d'après la base fondamentale de la distinction des pouvoirs telle est la nouvelle constitution du royaume.

Ce que l'on appelle la révolution n'est que l'anéantissement d'une foule d'abus accumulés depuis des siècles par l'erreur du peuple, ou le pouvoir des ministres, qui n'a jamais été le pouvoir des rois ; ces abus n'étaient pas moins funestes à la nation qu'au monarque ; ces abus, l'autorité, sous des règnes heureux, n'avait cessé de les attaquer sans pouvoir les détruire; ils n'existent plus. La nation souveraine n'a plus que des citoyens égaux en droits, plus de despote que la loi, plus d'organes que des fonctionnaires publics, et le roi est le premier de ces fonctionnaires: telle est la révolution française.

Elle devait avoir pour ennemis tous ceux qui, dans un premier moment d'erreur, ont regretté, pour des avantages personnels, les abus de l'ancien gouvernement de là, l'apparente division qui s'est manifestée dans le royaume, et qui s'affaiblit chaque jour; de là peut-être quelques lois sévères et de circonstances que le temps corrigera. Mais le roi, dont la véritable force est indivisible de celle de la nation, qui n'a d'autre ambition que le bonheur du peuple, ni d'autre pouvoir réel que celui qui lui est délégué; le roi a dû adopter sans hésiter une heureuse constitution qui régénérait tout à la fois son autorité, la nation et la monarchie. On lui a conservé toute sa puissance, hors le pouvoir

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