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fut rapporté à Robespierre, il en tira, prétend Desmoulins, un favorable augure: Achille est mort, dit-il, Troie ne sera pas prise.>

Le même Desmoulins qui affirme en plusieurs endroits que Sieyès était le guide de Mirabeau, cite comme des paroles habituelles de ce dernier ;

<Sachez que c'est l'abbé Sieyès et moi qui sommes les pères de la constitution.>

Barnave est un grand arbre qui deviendrà un mât de vaisseau. >

les

Un fait raconté par la Gazette universelle et répété par tous les journaux, nous a paru curieux à citer. Il prouve que ce que encyclopédistes appelaient depuis long-temps faire le plongeon, que la confession in extremis était encore une assez sérieuse affaire. M. de Mirabeau n'a point vu le curé de sa paroisse; mais il a resté à deux reprises différentes plus de demi-heure chaque fois avec M. Lamourette, évêque de Lyon.»

Le peuple effaça le nom de la rue de la Chaussée-d'Antin, qu'il habitait, et écrivit à la place: RUE DE Mirabeau, le patriote. Le doyen des gens de lettres, M. Delaplace, entrant chez un restaurateur au Palais-Royal, un garçon lui dit qu'il faisait un bien beau temps. - Oui, mon ami, il fait bien beau, mais Mira

beau est mort.

Cent mille personnes suivaient le convoi. Des élégans se plaignaient de l'excessive poussière, en disant que la municipalité aurait bien dû faire arroser le boulevard; une poissarde répondit: Elle a compté sur nos pleurs.

Un homme du peuple s'écria, en voyant passer le cercueil : Ah! si Mirabeau pouvait voir ce que l'on fait pour lui, il serait bien reconnaissant sans doute, et nous ferait rendre de bien bons décrets. Un autre, dans la place des Victoires, cria, au moment de l'approche du convoi : A bas Louis XVI. Un autre disait avec bonhomie : «Louis XVI peut mourir quand il voudra, jamais il n'aura pareil enterrement. ›

Le cercueil fut porté à bras par la garde nationale, de SaintEustache à Sainte-Geneviève.

T. IX.

26

Chénier (Marie-Joseph) composa, sur la mort de Mirabeau, une ode, insérée dans la Chronique. Voici deux épitaphes d'un style différent, rapportées par Desmoulins :

Si de la liberté tu méconnais l'empire,

Si ton cœur ne s'émeut en voyant ce tombeau,
Éloigne-toi, profane, un seul mot doit suffire:
Ici repose Mirabeau.

(Par FIÉVÉE.)

De famoso nimium Riquettio, vitâ ac sceleribus perfuncto, miserabiliter anteà, nec sine mercede, ineptiis, ampullis, sophismatibus, ad plurium Rabularum instar, gallico senatui, et ipsissimis Gallis, illudente.

Qui Marati sensit calamo feriente flagellum,

En luit æternâ facta pudenda nota!

Mira,... Sonans nomen.... pulchrumque fefellerat aures;
Pectus at imbutum fraude Sinonis erat.

Nam vice perpetuâ populi hostis, servus et aulæ,
Tot quibus ambit emi, dona cupita tenet.
Jura, malus, temerat gentilia; despicit excors;

Criminibus crescunt, munera parta novis.
Sic Irus subitò Crassus fit; venditat auro

Gallos, quin perimit; Martia lexque tonat.
Tartarei subiit cum regna Riquettius antri,

Dis emat hunc properè, ne sua sceptra cadant.
(Par une écolière de l'abbé Rives.)

Nous terminerons cette collection de pièces, par le mandement de Gobet, évêque de Paris. Ceci est un monument vraiment précieux par la naïveté de certains aveux, par le ton de l'éloge, et par d'autres considérations que nous nous abstenons d'exprimer. Au reste, parce que nous retrouverons M. Gobet, nous n'anticiperons sur ce personnage par aucune conjecture tirée de ses discours.

MANDEMEMT de Jean-Baptiste-Joseph GOBET, évêque de Lidda et de Paris, sur la mort d'HONORÉ-RIQUETTI MIRABEAU. Jean-Baptiste-Joseph Gobet, ci devant par la miséricorde divine, et la grâce du saint-siége apostolique, évêque de Lidda, maintenant par l'effet de la constitution, la grâce des électeurs et la sentence d'un tribunal (1), évêque de Paris.

(1) L'archevêque de Sens, depuis évêque de Toulouse, Loménie avait refusé de consacrer Gobet. Ge dernier le cita devant les tribunaux, quile pourvurent d'un autre consécrateur. (Note des auteurs.)

A tous les citoyens de notre diocèse, salut et bénédiction, DE

PAR LA LOI, LA NATION ET LE ROI.

Tandis que nous étions occupés, nos très-chers frères, de l'instruction pastorale que nous avions le projet de vous adresser, un événement affreux est venu troubler nos méditations, et changer l'ordre entier de notre travail. Aux chants de triomphe et d'allégresse que nous nous préparions à vous faire entendre, ont succédé tout à coup les accens plaintifs de la douleur; et le cantique national, ÇA IRA, ÇA IRA, qu'il nous eût été si doux de répéter avec vous, est remplacé par ce cri funèbre : IL N'est plus, IL N'EST PLUS. Non, il n'est plus, cet homme incomparable, qui semblait avoir été formé pour notre siècle, qui en avait adopté tous les principes, et qui en propageait si merveilleusement la doctrine et les lumières. Hélas! la mort a frappé sans pitié ce chef ardent de la plus belle des révolutions, et l'homme puissant et fort, le plus ferme appui de la constitution, tombe et s'écroule comme ces faibles roseaux qu'un limon impur a flétris et desséchés! Quelle perte pour vous et pour nous, nos très-chers frères! pour nous surtout qu'il honorait d'une protection particulière, si convenable à notre nouveau ministère. Ah! si vous lui devez de jouir d'une existence si paisible et si riante; si vous lui devez dé savourer à longs traits toutes les douceurs d'une liberté dont les prémices ont déjà eu tant de charmes; si vous lui devez d'être parvenus à cet état de repos, de prospérité, de gloire et de richesse, qui ne fera que s'accroître chaque jour davantage, et qui vous distinguent entre tous les peuples de l'univers, nous, nos très-chers frères, nous lui devons de pouvoir contempler, au milieu de vous, tant de prodiges; nous lui devons d'exercer CANONIQUEMENT sur les bords fleuris de la Seine, le ministère que nous exercions tristement et sans gloire dans les rochers et les neiges éternelles de la Suisse. Oui, nous aimons à le publier,* c'est Mirabeau, c'est cet homme vertueux à qui la religión ét l'honneur étaient si chers, qui nous a constitué votre évêque légitime: c'est lui dont la main pure nous a placé sur le siége de la capitale, et jamais, non jamais, ni nos principes, ni notre

conduite, ne démentiront une aussi sainte origine. Oh! que les voies de la Providence sont incompréhensibles et cachées! Aurions-nous pu prévoir, N. T. C. F., lorsque le clergé d'un bailliage d'Alsace nous députait aux états-généraux, avec l'ordre exprès d'y défendre les droits de la religion et de ses ministres; lorsqu'arrivés dans cette capitale, nous allions modestement rendre nos hommages au pontife, dont le peuple célébrait alors l'inépuisable bienfaisance, la douce vertu et la charité sans bornes, que le jour n'était pas éloigné, où, devenu l'objet de la fureur de ce même peuple qu'il avait nourri, votre évêque quitterait, en gémissant, ses autels et sa patrie; que bientôt un décret CONSTITUTIONNEL le dépouillerait de son titre, de son autorité, de son siége, et que nous, étranger, ignoré dans ces lieux, nous, dont la doctrine, les talens, la conduite, la personne, le nom même ne vous étaient pas connus, nous serions porté par vos suffrages et vos voeux, à cette place dont un intervalle im mense nous avait séparé! Que le talent du grand homme que nous pleurons aujourd'hui, brille avec éclat dans cet admirable ouvrage! avec quel art il en avait préparé les moyens, et disposé tous les ressorts! Nous-même avons eu besoin d'être formé par ses conseils, et dirigé par ses leçons. De misérables préjugés nous avaient accompagné jusqu'ici, et pouvaient alarmer notre foi, et effrayer notre conscience. Nourri de l'étude de la théologie, nous n'avions attaché que de fausses idées à ces mots de cominunion catholique, d'autorité ecclésiastique, de chaire apostolique et romaine; peut-être même avons-nous à nous reprocher, N. T. C. F., d'avoir osé publier jusque dans la tribune nationale, et dans un temps où l'avenir ne pouvait se découvrir à nos regards, une doctrine si contraire à celle que nous professons aujourd'hui, et que nous vous enseignerons désormais. Avec quel zèle éloquent Mirabeau dissipait ces ténèbres de l'ancienne école, et calmait nos scrupules insensés! combien de fois il nous fit entendre et à nos confrères patriotes, des vérités qui n'avaient pour objet que notre utilité commune, et qui semblaient faites pour le temps, les lieux et les circonstances? Y pensez-vous, nous disait

il, en commençant ses opérations sur le clergé? que vous importe que les biens de l'église soient A LA DISPOSITION de la nation? La nation que vous servez, et qui vous connaît, n'en disposera qu'en votre faveur. Que vous importe encore, ajoutait-il quelque temps après, que le clergé soit ou ne soit pas propriétaire, pourvu que les individus en possèdent les biens? Vous êtes les individus et vous les posséderez. Laissez-nous, s'écriait-il dans une occasion plus récente, décréter ce serment qui n'est bon que pour vous, et ne vous oblige à rien. Il nous faut des prêtres civiques, des curés civiques, des évêques civiques, une religion toute civique; et vous dont le civisme est connu, vous serez placés sans effort sur les siéges abandonnés de ceux qui ne le prêteront pas..... Quelle grâce touchante, quelle douce persuasion accompagnait ces paroles onctueuses! et que l'effet en a été brillant et rapide! Paris, Blois, Soissons, Autun, vous toutes, cités épiscopales, qui nous avez reconnus pour vos pontifes, élevez maintenant vos têtes orgueilleuses, et réjouissez-vous de posséder dans votre sein des prélats créés par Mirabeau, sectateurs zélés de sa doctrine, imitateurs fidèles de ses vertus! combien les suites heureuses qu'entraîneront nécessairement de pareils choix, vous feront un jour chérir sa prévoyance et bénir sa mémoire!

Alors vous vous rappellerez les principaux traits de la vie de ce grand homme, devenu votre bienfaiteur et le nôtre; alors remontant jusqu'au temps de son enfance, vous saurez comment son heureux naturel s'était développé dès l'âge le plus tendre, comment il chérissait son père, comment il respectait sa mère, et quel charme il répandait sur la vie des auteurs de ses jours; vous saurez comment il porta les mêmes inclinations dans la famille qui l'avait adopté, et comment il devint aussi bon époux, qu'il avait été fils tendre et respectueux; vous saurez comment la probité, l'honneur, la délicatesse, la bravoure, dirigeaient seuls toutes ses démarches, et quelles traces il en a laissées dans tous les lieux qu'il a parcourus; vous saurez comment il traita l'hospitalité généreuse et l'amitié confiante; vous saurez comment la pratique constante de

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