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son côté à brocher une proclamation qui vote des remercimens à la garde nationale, à l'exception du bataillon du brave Santerre, pour faire croire que le général jouit plus que jamais de la confiance de l'armée parisienne, quoiqu'il ne soit que trop convaincu du contraire. Ainsi, par ces honteux artifices, le général conspirateur serait parvenu à regagner la confiance du public, en mettant le comble à ses scélératesses, sans la plume de l'Ami du peuple, qui le remettra bientôt à sa place pour le faire tomber plus bas.

› Terminons par une réflexion importante sur le complot que le ciel vient de faire avorter. Le rassemblement clandestin de contre-révolutionnaires armés, dans les appartemens du roi, offre une multitude de crimes réunis en un seul. On y voit trahison envers la patrie, injure à la garde nationale, et insulte au roi ; trame odieuse de renverser la constitution par l'enlèvement du roi, et projet d'allumer la guerre civile par l'assassinat des sentinelles du château ; forfaits monstrueux, dignes du dernier supplice. En dévoilant cette conjuration, en écartant le général, et en n'appelant ce jour-là que les grenadiers soldés, il semblait que le ciel eût pris à tâche de rassembler sous le fer de ces braves guerriers le noir essaim des conspirateurs. Ils avaient droit de les massacrer, et ils le pouvaient impunément. Les véritables amis de la liberté déploreront toujours qu'ils aient laissé échapper une occasion aussi favorable, qui ne se retrouvera jamais ; l'Ami du peuple surtout en est inconsolable. (L'Ami du peuple, numéro CCCXCIV.)

TRAVAUX DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE.

Les séances les plus importantes du mois de mars furent consacrées à des lois constitutionnelles sur les pouvoirs administratifs, sur l'organisation du trésor public, sur l'organisation ministérielle, sur la régence et sur la résidence. Cette dernière question ne présente d'intéressant que le mode de nomination et le nombre des administrateurs en chef. Après une vive discussion

dans laquelle Pétion et Robespierre votèrent pour que le trésor fût placé sous la direction du corps-législatif, l'assemblée décréta, le 9 février, que le roi nommerait les administrateurs, et, le lendemain, qu'ils seraient au nombre de six. Les finances nous fourniront aussi quelques extraits, parmi lesquels se trouvent en première ligne le plan de la tontine Lafarge et des appréciations statistiques sur la contribution foncière. Nous terminerons par les affaires de province. Celle de Douai fut très-grave; elle est le texte le plus révolutionnaire, agité par la presse démocratique à la fin de mars.

Avant ces trois chapitres, que nous intitulerons Lois organiques, Finances, Provinces, nous allons exposer de suite les sujets détachés. Ceux qu'il nous suffira de mentionner sont : le décret qui fixa à six le nombre des maréchaux de France; la suppression de la régie et de la ferme générale; l'ordre du jour, motivé sur l'existence de tribunaux ad hoc, à l'égard des dénonciations du département et de la municipalité, relatives à l'émeute de Vincennes et à la journée des poignards; un décret du 9, qui ordonne la translation des prisonniers de l'Abbaye à Orléans, et la suspension des réparations de Vincennes, en attendant l'aliénation de cette forteresse; enfin, l'adoption, après un léger debat, d'un décret supprimant toutes les inégalités dans les successions ab intestat. Ceux que nous devons reproduire sont: un rapport de Talleyrand, sur le travail de l'académie des sciences, pour parvenir à l'unité des poids et mesures; une motion d'ordre de Mirabeau, pour demander compte au ministre de la guerre du dénuement des frontières du Nord, et la réponse qui y fut faite.

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[SÉANCE DU 22 MARS. - Mirabeau. Je demande à faire une motion d'ordre. Je prie l'assemblée de se rappeler que le comité diplomatique n'a jamais cessé de vous inviter à ordonner toutes les mesures possibles pour que la France fût sur le pied le plus respectable de défense sur les frontières. Fondé sur ses propres observations, fondé sur celles du ministre

responsable, il vous rassurait sur l'état des frontières du Midi, sur lesquelles on avait faussement dirigé les alarmes ; et en vous déclarant qu'il n'y avait aucun fondement réel de crainte pour les frontières du Nord, il vous fit sentir néanmoins la nécessité 1 de les mettre dans un état de défense imposant. Depuis six mois le ministre des affaires étrangères ne cessa de demander qu'elles fussent portées à cet état de défense pour le printemps prochain. Je viens maintenant à ma motion d'ordre..

Je demande que l'assemblée nomme quatre commissaires pour demander au ministre de la guerre s'il est vrai que les départemens du Nord ne soient point garnis, s'il est vrai qu'il n'y ait que sept mille hommes dans le département du Bas-Rhin, et deux mille hommes dans celui du Haut-Rhin; pour lui demander pourquoi vos décrets ne sont pas exécutés, pourquoi il laisse les frontières dans un dénûment aussi scandaleux. Je demande que ces commissaires soient nommés sur-le-champ, et qu'ils apportent, avant la fin de la séance, une réponse expresse, positive du ministre.

M. Regnaud, député de Saint-Jean-d'Angely. J'appuie la motion de M. Mirabeau. Il y a déjà quinze jours que l'assemblée a décrété que le ministre de la guerre lui donnerait un tableau de l'état de défense où il doit avoir mis nos frontières. Je trouve inexcusable que, lorsque vous ordonnez des mesures propres tranquilliser la nation, le ministre n'exécute pas de pareils dé

crets.

M. Mirabeau. Je suis loin de croire que toutes les alarmes qu'on a répandues soient fondées. Je ris, et d'indignation et de pitié, des efforts des pygmées et de leurs projets; mais il faut dans tout état de choses que les décrets soient exécutés : je ne crois pas qu'ils le soient, et je demande qu'on le prouve. Le comité diplomatique a eu une communication officielle de plusieurs pièces, et notamment d'une lettre du ministre de France à Ratisbonne, qui lui démontrent la fausseté du prétendu décret commissarial à l'empereur, sur lequel j'avais déjà rassuré l'assemblée,

L'assemblée décide que quatre commissaires partiront sur-le

champ pour vérifier dans les bureaux de la guerre l'état de défense des frontières.

M. le président annonce le choix qu'il a fait des quatre commissaires. Ce sont MM. Mirabeau, Fréteau et Chapelier, membres du comité diplomatique, et M. Goupil.]

SÉANCE DU 26 MARS.

M. l'abbé Talleyrand, ancien évêque d'Autun. L'Académie des sciences a adressé à M. le président une lettre dont je vais vous donner lecture, parce que je vous proposeraj à sa suite un projet de décret concerté entre les comités de constitution, d'agriculture et de commerce, et les commissaires de l'Académie.

• L'Académie des sciences m'a chargé d'avoir l'honneur de vous présenter un rapport sur le choix d'une unité de mesure. Comme les opérations nécessaires pour la déterminer ensuite demanderont du temps, elle a cru devoir commencer son travail par l'examen de cette question, et la séparer de toutes les autres. L'opération qu'elle propose est la plus grande qui ait été faite, et elle ne peut qu'honorer la nation, qui en ordonnera l'exécution. L'Académie a cherché à exclure toute condition arbitraire, tout ce qui pourrait faire soupçonner l'influence d'un intérêt particulier à la France, ou d'une prévention nationale; elle a voulu, en un mot, que si les principes et les détails de cette opération pouvaient passer seuls à la postérité, il fùt impossible de deviner par quelle nation elle a été ordonnée ou exécutée. L'opération de la réduction des mesures à l'uniformité est d'une utilité si grande, il est si important de choisir un système qui puisse convenir à tous les peuples; le succès de l'opé ration dépend à un tel point de la généralité des bases sur lesquelles ce système s'appuie, que l'Académie n'a pas jugé pouvoir, ni s'en rapporter aux mesures déjà faites, ni se contenter de la simple observation du pendule; elle a senti que, travaillant pour une nation puissante, par les ordres d'hommes éclairés qui savent donner au bien qu'ils font un grand caractère, et embrassant dans leurs vues tous les hommes et tous les siècles, elle

devait s'occuper moins de chercher ce qui serait facile, que ce qui approcherait le plus de la perfection; et elle a cru, enfin, qu'une grande opération qui annoncerait le zèle éclairé de l'assemblée nationale pour l'accroissement des lumières et le progrès de la fraternité entre les peuples, ne serait pas indigne d'être accueillie par elle.

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Signé, CONDORCET.‣

M. l'ancien évêque d'Autun. Vous savez que les unités qu'on peut employer se réduisent à trois le pendule, le quart de cercle de l'équateur, et le quart du méridien terrestre. Après un long travail, l'Académie a adopté le dernier moyen. Elle a établi son opinion dans un rapport très-savant, dont je crois inutile de vous donner en ce moment la lecture, la question entière devant être livrée à cette compagnie de savans qui mérite toute votre confiance. Il me suffit de vous dire que le projet de décret que je vais vous présenter a été concerté avec MM. Lagrange, Lalande, Borda, Laplace, Monges, et Condorcet, secrétaire de l'Académie.

M. l'ancien évêque d'Autun lit un projet de décret, qui est adopté en ces termes :

L'assemblée nationale, considérant que pour parvenir à établir l'uniformité des poids et mesures, il est nécessaire de fixer une unité de mesure naturelle et invariable, et que le seul moyen d'étendre cette uniformité aux nations étrangères, et de les engager à convenir d'un même système de mesures, est de choisir une unité qui, dans sa détermination, ne renferme rien d'arbitraire ni de particulier à la situation d'aucun peuple sur le globe; considérant de plus que l'unité proposée dans l'avis de l'Académie des sciences, du 19 mars de cette année, réunit toutes ces conditions, a décrété et décrète qu'elle adopte la grandeur du quart du méridien terrestre pour base du nouveau système de mesures; qu'en conséquence les opérations nécessaires pour déterminer cette base, telles qu'elles sont indiquées dans l'avis de l'Académie, et notamment la mesure d'un arc du méridien, de

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