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LXXXV. JOUR.

Instructions à recueillir. Se tenir prêt: veiller à toute heure. L'un pris, l'autre laissé. Matth. xxiv. 37-51. Marc. XIII. 33-37. Luc. xvii. 24.

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De tout ce que nous avons vu, il y avoit deux sortes d'instructions particulières à recueillir. Dans la ruine de Jérusalem il y avoit à s'en sauver par la fuite Alors, que ceux qui sont dans la Judée, s'enfuient aux montagnes (1). C'est ce que firent les chrétiens, qui s'enfuirent en effet vers les pays montagnards, à la ville de Pella, comme marquent les histoires ce qui fut cause qu'on ne voit point qu'ils aient souffert en Jérusalem, ni qu'il s'y en soit trouvé aucun durant le siége de Tite. A l'égard des calamités qui devoient arriver à la fin du monde, il falloit ne pas songer à s'en sauver, puisqu'elles sont universelles et inévitables; mais s'y préparer : et cette préparation nous est expliquée dans le reste de ce chapitre.

¡ Elle consiste premièrement, à veiller, à être attentif, à se tenir toujours prêt, en accompagnant de prières son attention et sa diligence: Prenez garde, veillez et priez : car vous ne savez pas le temps, ni si le maître viendra sur le soir, ou vers le minuit, ou au chant du coq, ou le matin (2). Veillez donc, et priez en tout temps, afin d'être rendus dignes d'éviter ces choses, c'est-à-dire, la rigueur du der

(1) Matth. xx1v. 16. — (2) Marc. x111. 33, 34, 35.

nier jugement, et de comparoître devant le Fils de l'homme (1). Il ne faut donc pas seulement prier,

mais prier en tout temps.

Secondement : il faut songer à l'effet de ce terrible jugement; ou de deux qui seront ensemble, l'un sera pris, et l'autre laissé (2). Et pour aller où ? Où sera le corps, là s'assembleront les aigles. Qui ne trembleroit, en voyant tout à coup une si terrible séparation? L'un enlevé à Jésus-Christ, l'autre laissé au milieu des maux, d'où il ne sortira que pour rentrer dans de plus grands, et n'en sortir jamais.

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Troisièmement il ne faut point reculer ni regarder en arrière: souvenez-vous de la femme de Lot (3), qui, pour avoir seulement tourné la tête vers Sodome, reçut un châtiment si prompt et si rigoureux. Il ne suffit pas d'éviter les mauvaises compagnies, ni de fuir le monde qu'on a quitté ; il ne faut pas seulement tourner les yeux de ce côté-là. Quatrièmement il faut faire toutes ses actions avec une activité et une diligence extraordinaire ; se sauver à quelque prix que ce soit; laisser périr beaucoup de choses qu'on aimeroit, plutôt que de hasarder son salut : si l'on est dans le haut de la maison, ne se point embarrasser de sauver les meubles qui sont en bas (4); se contenter de sauver ce qui est en haut; emporter et sauver d'abord à la corruption tout ce qu'on peut; ne pas dire, Je laisserai cela, mais je retournerai demain le quérir; demain je commencerai à me corriger de ce vice; je me contenterai pour aujourd'hui de modérer ce

(1) Luc. xx1. 36. — (2) Matth. xxiv. 40, 41. Luc. xvII. 34, 35, 36, 37.(3) Luc. xvii. 31, 32. · (4) Ibid. 31. Matth. xxiv. 17, 18. BOSSUET. IX. 24

lui-ci. Ne laissez rien, qu'il vous faille aller requérir: ne laissez rien à faire à une autre fois; car le temps vous manquera tout à coup, et votre attente sera vaine.

Cinquièmement: il faut se retirer de tout ce qui attache trop l'esprit, de tout ce qui appesantit le cœur ; et non-seulement de l'ivrognerie, où la raison est absorbée; mais encore de la bonne chère, et des soins de cette vie (1). Et sur les soins de la vie, il faut remarquer ces paroles: Aux jours de Noé ils buvoient, ils mangeoient, ils se marioient, ils marioient leurs enfans: et aux jours de Lot ils buvoient et mangeoient, ils vendoient, et ils achetoient, ils plantoient, et ilș bâtissoient : et ils périrent tout d'un coup dans les eaux du déluge, et par le feu du ciel (2). Car il ne dit pas Ils tuoient, ils commettoient des adultères, et le reste : il parle des occupations les plus ordinaires et les plus innocentes de la vie : parce qu'elles occupent, elles embarrassent, elles accablent, elles enchantent, elles attachent, elles trompent, en nous menant d'un soin à un autre et d'une affaire à une autre. Il ne suffit donc pas d'éviter les actions criminelles; mais il faut encore prendre garde à ne se pas laisser jeter par les autres dans cet esprit d'empressement et d'occupation, qui fait qu'on n'est jamais à soi.

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Sixièmement: on ne sauroit assez songer au grand mal dont nous sommes menacés. Ce sera comme le déluge aux temps de Noé; comme le feu du ciel aux temps de Lot; comme un lacet où nous serons pris tout à coup (5), à la manière des oiseaux, par

(1) Luc. xx1. 34. — (2) Ibid. XV11. 26, 27, 28, 29. — (3) Ibid. xx1. 35.

un vain appât, pour être la proie de ceux qui veulent nous dévorer. Le mauvais serviteur, qui ne songeoit qu'à passer sa vie dans le plaisir, se trouvera tout d'un coup séparé de Dieu, de sa grâce, de tout le bien et il sera mis avec les hypocrites, où il y aura un pleur, et un grincement de dents (1) éternel. Terribles paroles: Séparé, mis avec les hypocrites: pleurs et grincement de dents, et douleur jusqu'à la rage. A quoi donc penserons-nous, si nous ne pensons à ces choses? Ah! périssent toutes nos pensées, afin que celles - là vivent seules dans nos

cœurs !

LXXXVI. JOUR.

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Le Père de famille ses serviteurs : la figure du voleur. Matth. xxiv. 45, 46, 47. Luc. x11. 41 – 44.

CONFÉREZ le chapitre xxiv de saint Matthieu, depuis le . 45 jusqu'à la fin, avec le chapitre xii de saint Luc, depuis le ỳ. 35 jusqu'au 49.

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Le Fils de Dieu instruit ici, premièrement tous les chrétiens, sous la figure du père de famille, et de ses serviteurs et encore sous la figure du même père de famille, et d'un voleur. Secondement, il instruit en particulier les supérieurs ecclésiastiques, sous la figure du père de famille qui retourne à sa maison, et de son économe ou principal domestique qui le doit attendre.

Voici pour les premiers ce que nous trouvons dans

() Matth. XXIV. 51.

saint Luc. Premièrement: Les reins ceints (1) : c'està-dire, les passions resserrées, comme une robe qui se répandroit faute de ceinture. C'est l'état d'un homme laborieux et toujours prêt à marcher. Car lorsque l'ame se répand dans les passions, elle est lâche, sans force, sans ordre, sans bienséance.

Secondement : Des flambeaux allumés à la main. C'est encore l'état d'un homme prêt à aller au-devant du maître, à quelque heure de la nuit qu'il vienne, pour l'éclairer.

Des lampes allumées : c'est un esprit attentif, et un cœur ardent. On a comme des flambeaux en soimême, dans le fond du raisonnement; mais ils ne sont allumés que par l'attention. Que sert d'avoir de l'esprit, du raisonnement, de la foi même, si tout cela n'est réveillé par l'attention? autant que nous serviroient des flambeaux bien préparés dans notre coffre, mais sans amorce, sans feu.

Les lampes allumées à la main, sont aussi le bon exemple. Ce n'est pas assez de l'attention; il en faut venir aux œuvres, à l'application sur nous-mêmes : autrement le flambeau nous est inutile.

Troisièmement: Semblables à des hommes qui attendent (2); par conséquent très-attentifs. Et qui attendent-ils? Leur maître ; celui qui les peut punir, pour peu qu'il les trouve négligens.

Quatrièmement : Quand il viendra, et qu'il frappera. Il vient à chaque moment: car chaque heure nous avance vers la mort. Il frappe, par les maladies il faut donc être attentif, et se tenir prêt dès le premier coup. Mais à peine s'éveille-t-on au

(1) Luc. XI. 35. — (2) Ibid. 36.

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