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cela arrive. Il le faut, non par une aveugle et fatale nécessité, qui nous mettroit au désespoir : mais il le faut par une raison, par une sagesse, par une bonté qui prépare de grands biens par tous ces maux. Ne craignez point, petit troupeau, puisque le royaume qu'il a plu à votre Père céleste de vous préparer (1), est hors d'atteinte. Toutes les puissances ennemies, visibles et invisibles, n'ont point de prise dessus, et il ne vous peut être ravi.

C'est ici le commencement des douleurs (2); des douleurs de l'enfantement; de celles qui font jeter de plus grands cris; qui s'augmentent de plus en plus on croit être à la fin, ce n'est encore qu'un

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commencement.

Quoi ce mouvement effroyable des royaumes qui s'entrechoquent, ces famines, ces pestes, ces tremblemens de terre, ne sont que le commencement des douleurs! O Dieu! que vos derniers coups sont redoutables, si ceux-là qui sont si terribles, dont on ne peut seulement entendre les noms sans être saisi de frayeur, ne sont qu'un prélude! Il est ainsi, Seigneur, il est ainsi. Par tous ces grands coups, les corps seuls sont menacés: mais voici ce qui est terrible, au-delà de toutes les terreurs : Craignez, craignez celui qui, après avoir fait mourir le corps, enverra l'ame dans la gêne : Oui, je vous le dis, craignez celui-là (3). O Seigneur! si je sais bien craindre cela, je ne craindrai autre chose, et je verrai tous les élémens se mêler et la nature se confondre, sans effroi. Ah! je ne puis craindre que ce qui tue l'ame: mais je puis ne le craindre - (2) Matth. XXIV. 8.- (3) Luc. XII. 5.

(1) Luc. XII. 32.

pas, si je commence sérieusement à me convertir. Je n'ai rien à penser que la pénitence, ni rien à craindre que de mourir dans mon péché. Mourir, ce n'est rien, de quelque douleur que la mort soit accompagnée; quelque étrange, quelque imprévue, quelque cruelle et insupportable que la mort paroisse. Mourir dans le péché, c'est tout le mal, et le seul qui soit à craindre. Malheureux, ingrats, pécheurs endurcis: Vite, vite; convertissez-vous, et vivez (1).

LXXXII. JOUR.

Persécution terrible de l'Eglise, trahisons,
charité refroidie, Ibid.

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UN autre avant-coureur; la persécution. Elle a ces terribles circonstances: une haine implacable de tout le genre humain contre l'Eglise; la fureur au dehors; la trahison au dedans: on se livrera les uns les autres; les frères livreront leurs frères, et le père même son enfant; les enfans se souleveront contre leurs pères; et les familles mêmes seront divisées : les scandales seront horribles, à cause des chutes fréquentes de ceux qu'on croyoit les plus fermes. Au milieu de tout cela la séduction redoublera, et de faux docteurs gagneront ceux que la violence n'auroit pu abattre la cruauté et la sé- . duction iront ensemble au dernier degré. C'est ce qui est arrivé à l'Eglise naissante, à commencer

(1) Ezech. XVIII. 32.

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vers les dernières années de Néron, un peu avant la guerre de Judée. C'est ce qui arrivera d'une manière bien plus terrible à la fin des siècles (1).

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Ce n'étoit pas une chose aisée à prédire, comme on le pourroit penser d'abord, qu'une telle haine, et une telle persécution contre l'Eglise et on n'auroit pas pu prévoir que le monde qui laissoit en paix toutes les religions, et jusqu'aux sectes les plus impies, comme celle des épicuriens, ne pourroit souffrir le christianisme. Mais Jésus-Christ l'a voulu prédire, et avertir ses fidèles d'une chose aussi singulière, et jusqu'alors autant inouie que celle-là.

Il joint, selon sa coutume, la consolation aux maux. Tout le monde vous haïra : mais vous ne perdrez pas un seul cheveu: vous posséderez votre ame par votre patience (2); non en combattant, mais en souffrant. Vous serez traînés à tous les tribunaux, comme des criminels; mais cela leur sera en témoignage (3): vous y paroîtrez comme des témoins de la vérité, comme les maîtres du genre humain : Je vous donnerai une bouche que nulle impudence, nulle violence ne pourra fermer, une sagesse, une force contre laquelle il n'y aura point de résistance (4) vous n'aurez rien à préméditer : le Saint-Esprit parlera par votre bouche (5) et le reste qu'on peut voir dans l'Evangile.

Ce qui sera de plus déplorable, c'est que la malice s'augmentant sans fin, la charité se refroidira dans la multitude (6) : c'est ce qui arriva à saint Paul,

(1) Matth. XXIV. 9, et seq. Marc. xIII. 12. Luc. XXI.— - (2) Luc. XXI. 17, 18, 19. (3) Ibid. 12, 13, et Marc. xii. 9, et seq. (4) Luc. XXI. 14, 15. — (5) Matth. x. 19, 20. - (6) Ibid, XXIV. 12.

lorsqu'il disoit : Tous m'ont quitté : personne ne m'a assisté dans ma première défense: Demas méme. m'a abandonné, attiré par l'amour de ce siècle : il n'y a que Luc avec moi: qu'il ne leur soit point imputé (1). Mais ce refroidissement de la charité dans ses frères, ne changeoit point envers eux le cœur de Paul. Ce refroidissement de la charité paroîtra beaucoup davantage dans la fin des siècles: car, lorsque le Fils de l'homme viendra, pensez-vous qu'il trouve de la foi sur la terre (2)?

Mais à ce comble de maux, il n'y a qu'un seul remède Qui persévérera jusqu'à la fin, sera sauvé (3). Remarquez ce mot: jusqu'à la fin. Dix ans, vingt ans, trente ans, cinquante ans, ce n'est rien: il faut aller jusqu'à la fin. Ne vous lassez point de travailler; car la moisson que vous recueillerez, sera éternelle.

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Il faut que cet Evangile soit préché par toute la terre (4) de peur qu'on ne pense que, la persécution qu'on vient de voir si déchaînée, en arrête le cours. Paul étoit lié mais la parole de Dieu ne l'étoit pas (5) : elle couroit (6), dit cet apôtre : le bruit en retentissoit par toute la terre: la foi des Romains y étoit annoncée (7): Evangile, qui étoit venu jusqu'à Colosse, étoit, et fructifioit, et croissoit en même temps par tout le monde (8). Ainsi la prédiction du Sauveur s'accomplissoit déjà en quelque façon, avant la dissipation des Juifs: mais le grand accomplissement en est réservé à la fin des siècles,

(1) II. Tim. 1v.9, 11, 16. — (2) Luc. XVII. §. (3) Matth. xxiv. 13. — Ibid. 14. — (5) II. Tim. u. 9. (6) II. Thess. III. 1. —

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• (7) Rom.

et la prédication aura percé par tout le monde avant qu'il finisse.

O Dieu ! donnez vigueur à votre parole: bénissez les prédicateurs apostoliques: envoyez vos ouvriers dans cette grande moisson, que votre ennemi ravage. O Seigneur, je me joins en esprit à ces hérauts de votre Evangile, et à ceux qui croiront en vous par leur parole. Sanctifiez-les en vérité, et que leur sainteté naissante répare les ravages que fait le péché dans votre héritage. Sauvons-nous, sauvonsnous de la corruption de cette race mauvaise. Mon ame, sauve-toi toi-même : ô Dieu, sauvez-moi; je péris.

LXXXIII. JOUR.

Réflexions sur plusieurs circonstances de ces deux événemens. Ibid.

PRIEZ que votre fuite n'arrive point durant l'hiver ou dans le jour du sabbat: vous aurez besoin des plus grands jours, de la saison la moins embarrassante, de la liberté d'agir la plus entière, pour précipiter votre fuite dans les déserts et dans les montagnes, et pourvoir à tant de pressans besoins. Jamais il n'y eut, jamais il n'y aura d'affliction semblable: jamais peuple n'aura été, ni ne sera plus impitoyablement livré à la vengeance: et si Dieu n'avoit abrégé le temps, nul homme ne se sauveroit: mais Dieu a abrégé le temps pour l'amour de ses élus (1). Ce fléau de Dieu sera si terrible, et la (1) Matth. XXIV. 20, 21, 22.

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