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LXXX. JOUR.

Ce qui doit être commun à ces deux grands événemens : séduction générale. Ibid.

RELISONS les commencemens de ce discours prophétique de notre Seigneur. Nous y trouverons les choses qui doivent être communes aux deux événemens qu'il prédisoit, à la ruine des Juifs, et au jour du jugement dernier : c'est que l'un et l'autre devoit être précédé de grands mouvemens, d'une grande persécution de l'Eglise, d'une grande séduction.

Ses disciples lui dirent en secret : Dites-nous quand ces choses arriveront, et quel serà le signe de votre avénement, et de la consommation des siècles? et Jésus leur répondit: Prenez garde à n'être pas séduits (1).

Souvenez-vous toujours qu'ils joignoient deux choses, la chute de Jérusalem, et le dernier jour, comme devant arriver dans le même temps. Et sans les désabuser d'abord, parce que cela n'étoit pas nécessaire, Jésus-Christ leur va expliquer ce qui devoit être commun à ces deux événemens.

Prenez garde que personne ne vous séduise. Ils lui faisoient une demande curieuse : Quand ces choses arriveront-elles? Il leur donne un avis utile: Prenez garde qu'on ne vous séduise; comme s'il disoit : Il vous importe peu de savoir quand arriveront ces choses; mais ce qu'il faut que vous sa(1) Matth. xxiv. 3. Marc. x111. 4, 5. Luc. xxI. 7, 8.

BOSSUET. IX,

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chiez, c'est qu'elles seront précédées d'une périlleuse et horrible tentation, pour vous séduire. Car il viendra plusieurs christs; et plusieurs seront trompés. C'est ce qui arriva devant la ruine de Jérusalem, et aux environs de ces temps-là. C'est ce qui arrivera encore à la fin des siècles. Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas : si un autre vient en son nom, vous le recevrez (1). C'est ce qui est déjà souvent arrivé aux Juifs: et quelque chose de semblable leur arrivera encore une fois vers la fin des siècles; lorsque ce méchant, cet impie, qui s'assira dans le temple de Dieu, pour s'y montrer comme un Dieu, paroîtra avec des prodiges trompeurs, et avec toute sorte de séduction; en sorte qu'ils soient livrés à l'esprit de mensonge, pour ne s'étre pas voulu laisser gagner à à l'amour de la vérité (2). Ce qui convient parfaitement avec la parole qu'on vient d'entendre de la bouche de Jésus-Christ, et semble fait pour marquer d'une façon particulière, l'aveuglement volontaire avec l'endurcissement du peuple juif. Quoi qu'il en soit, le démon développera toute sa malignité aux approches du dernier jour et la même chose arriva aux approches de la ruine de Jérusalem, n'y ayant jamais eu tant de faux christs, ni tant de faux prophètes. Remarquez dans saint Matthieu les versets 5, 11, 23, 24, 25, 26 ; et à peu près la même chose dans saint Marc, et dans saint Luc.

Voilà que je vous l'ai prédit : Prenez-y garde (5). La séduction sera si puissante, que Jésus-Christ ne

(1) Joan. v. 43.. (2) II. Thess. u. 3, 4, 9, 10, 11. — (3) Matth.

XXIV. 25. Marc. x111. 23.

craint point de dire, qu'elle ira, s'il se peut, jusqu'à induire en erreur même les élus (1). S'il se peut; fait voir deux choses: l'une, l'extrême péril, l'autre, le secours présent de la main toute-puissante de Dieu.

Pesons ces paroles: considérons à quelles épreuves Dieu met notre foi; jusqu'où il veut que nous lui soyons soumis; ce qu'ont à craindre les esprits superbes; les piéges que Dieu permet qui leur soient tendus; combien ils sont délicats, combien subtils; combien il est dangereux que les saints mêmes ne s'y prennent avec quelle frayeur, et quel tremblement ils doivent donc opérer leur salut (2).

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Cet esprit de séduction qui se développera tout entier à la fin des siècles, se fait souvent sentir avant ce temps dans les subtilités des hérétiques : une apparence de réforme; un air de piété et de modestie; des paroles douces, tirées le plus souvent de l'Ecriture; une véhémente répréhension des abus crians, qui semble marquer un vrai zèle, une vraie horreur des vices, un vrai amour de la vertu. La chrétienté s'émeut : les nations se cantonnent les élus, s'il se pouvoit, devoient être pris dans ce piége. Mais ceux qui y ont été pris doivent songer que nous aurons bien à soutenir d'autres illusions à la fin des siècles; une hypocrisie bien plus délicate, bien plus raffinée : lorsque les prodiges trompeurs se joindront à une doctrine séduisante. O Dieu, je tremble pour ceux qui seront mis à cette épreuve ! Tremblez dès à présent à la tromperie de vos passions, aux belles couleurs dont elles pa(1) Matth. xxiv. 24. (2) Philip. 11. 12.

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rent vos vices secrets, à ces instincts trompeurs de l'ennemi, à ces illusions secrètes que vous prenez pour inspirations. Qui a des oreilles pour ouïr, qu'il écoute (1) Ah! c'est de quoi séduire, s'il se peut, jusqu'aux élus. Concluez avec saint Paul: Opérez

:

votre salut avec crainte et tremblement. Mais ne

croyez pas l'opérer de vous-même. Croyez que c'est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire (2) : opérez, et croyez que Dieu opère : ne soyez ni lâche ni présomptueux : abandonnez-vous à cette grâce qui agit en vous, mais avec une courageuse et fidèle coopération : c'est ce qui soutient les élus ; c'est ce qui les empêche de périr.

Les élus, s'il se peut, seront induits à erreur (5). S'il se peut. Cela donc ne se peut pas une main toute-puissante, contre laquelle rien ne prévaut, détourne ce coup. O conduite miséricordieuse et toute-puissante, qui empêchez vos élus de pouvoir périr, je vous reconnois, je vous adore, je m'abandonne à vous: mais dans cet esprit, qui en nous disant: Dieu opère, nous dit en même temps: Opérez, travaillez, agissez avec une infatigable ferveur.

LXXXI. JOUR.

Le même sujet. Guerres, famines, pestes, tremblemens de terre, maux extrêmes. Ibid.

Un grand mouvement dans le monde : des guerres, des bruits de guerre, des pestes, des famines, des

(1) Matth. xi. 15.- (3) Philip. 11. 12, 13. — (3) Marc. xxш1. 22.

tremblemens de terre (1), seront les tristes avantcoureurs de ces deux événemens. Voyez-les en saint Matth. xxiv. 6, 7, et la même chose en saint Marc et en saint Luc. C'est ce qui arriva un peu devant la guerre de Judée, et dans la dernière année de Néron et c'est ce qui arrivera encore d'une manière plus formidable aux approches du dernier jour.

Des guerres, des bruits de guerre de grandes. guerres en effet; de plus grandes appréhensions de mouvemens nouveaux : il semblera que l'esprit de guerre, les haines, les jalousies, la nature même voudra enfanter quelque chose de funeste aux grands états on remarquera dans le monde un esprit d'ébranlement universel. Au milieu de tout ce tumulte: prenez garde de n'être pas troublés; car il faut que cela arrive, et ce n'est pas encore la fin (2).

De quoi donc sera-t-on troublé, si on ne l'est de telles choses? de rien du tout. Car le chrétien n'est troublé de rien que de son péché, et de la colère de Dieu qui le doit punir. Prenez donc garde de n'être point troublés. Vous vous enquérez de ce qui se passe, non-seulement avec curiosité, mais encore avec frayeur: que deviendront ces grandes armées qui sont en présence? Quel ravage, quel embrasement, quel carnage, quel déluge de maux, si une fais la digue est rompue! ah! je m'en meurs. Vous n'êtes pas chrétien. Le sort des empires est entre les mains de Dieu : ils meurent en leur temps, comme le reste des choses humaines. Priez pour votre patrie; humiliez-vous; faites pénitence: mais ne craignez point; ne vous troublez il faut que

(1) Marc, XIII. 7, 8. Luc. xxi. 9, 10, 11.

pas

:

(2) Matth. XXIV. 6.

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