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droit se dire à soi-même : ce n'est pas à moi à l'entendre; ce n'est pas à moi à savoir pourquoi vous avez parlé en cette sorte. J'acquiesce, ô mon Sauveur! et je ne recherche ce mystère, que pour y trouver quelque instruction, s'il vous plaît de me la donner. Mais peut-être qu'elle est déjà toute trouvée peut-être que cette parole: Ce n'est pas à vous à entendre les temps et les momens que le Père a mis en sa puissance (1) est le dénouement de celle où vous avez dit : Pour ce jour et cette heure-là, nul ne la sait que le Père, et le Fils méme ne la sait pas (2). Ce que le Fils ne sait pas en cet endroit, c'est ce qu'il ne nous appartient pas de savoir. Le Fils comme notre docteur, le Fils comme l'interprète de la volonté de son père envers les hommes, ne le sait pas, parce que cela n'est pas compris dans ses instructions, ni dans tout ce qu'il a vu pour nous, ainsi que nous l'avons dit. Et le Fils de Dieu parle ainsi pour transporter en luimême le mystère de notre ignorance, sans préjudice de la science qu'il avoit d'ailleurs, et nous apprendre, non-seulement à ignorer, mais encore à confesser sans peine que nous ignorons; puisque luimême qui n'ignoroit rien, et surtout qui n'ignoroit pas cette heure dont il étoit le dispensateur, ayant trouvé un côté par où il pouvoit dire qu'il l'ignoroit, parce qu'il l'ignoroit dans son corps et qu'il étoit de son dessein que son Eglise l'ignorât, il dit tout court qu'il l'ignore, et nous enseigne à ne rougir pas de notre ignorance.

J'ignore donc de tout mon cœur, et ce mystère, (1) Act. 1. 7. — (2) Marc. x111. 32.

et tous les autres que vous voulez me cacher, et que vous ne savez pas en moi ni pour moi. J'ignore Le jour où vous viendrez, parce que vous m'avez dit que vous viendriez comme un voleur. Mais si on ne sait pas quand le voleur viendra, le voleur n'en sait pas moins quand il veut venir. Vous savez donc, voleur mystique! vous savez quand vous viendrez : et les enfans de ce siècle ne seront pas plus prudens, plus avisés dans leurs desseins, plus éclairés dans l'ordre qu'ils mettront à leur exécution, que vous qui êtes la lumière même, la sagesse même. Vous savez donc, encore un coup, quand vous viendrez à la dérobée, demander à chacun de nous, et demander à tout le genre humain, le compte que nous vous devons de notre conduite. Vous le savez, et c'est pourquoi vous avez dit, que le père de famille ne sait pas l'heure du voleur, mais non pas que le voleur l'ignorât lui-même. Et vous avez dit : Veillez donc, parce que vous ne savez pas à quelle heure le Seigneur viendra : et non pas que le Seigneur qui doit venir, l'ignore lui-même. Et vous avez dit, en continuant la parabole: Soyez prêts, parce que vous ne savez pas à quelle heure viendra le Fils de l'homme (1).

Vous vous êtes aussi comparé à un père de famille, qui revenant de son voyage surprend son économe, en venant au jour que ce méchant serviteur ignore, et à l'heure qu'il n'attend pas (2). Mais vous, vous êtes le Seigneur, vous êtes le père de famille, qui sait bien quand il doit venir; et si le serviteur est imprudent, le père de famille n'est pas (1) Matth. xxiv. 42, 43, 44.— (?) Ibid. 50.

pour cela ignorant de ses propres desseins. Vous savez donc, pour la dernière fois, quand vous voulez venir, et vous ne voulez pas que nous le sachions. Voilà que mon ame est prête, quand vous me la redemanderez; mon compte est en état; recevez-le, et me jugez en vos miséricordes: voilà du moins ce qu'il faudroit pouvoir dire. O mon Sauveur ! quand serai je en cet état? quand pourrai-je dire de bonne foi: Mon cœur est prêt, ó Dieu! mon coeur est prêt (1).

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LXXIX. JOUR.

Raisons profondes de notre Sauveur d'user de ces réserves mystérieuses pour l'instruction de son Eglise mais non pour autoriser les hommes à user d'équivoques et de restrictions mentales. Ibid. /

GARDONS-NOUs bien de conclure de ces réserves mystérieuses du langage de notre Sauveur, qu'il nous soit permis d'user dans nos discours de dissimulation, d'équivoque et de restriction de pensée; car il ne nous appartient pas de nous donner à nousmêmes divers personnages, selon lesquels nous puissions nier en un sens ce que nous avouerous en l'autre. Il ne nous appartient pas non plus de faire de nos réserves une instruction, un exemple d'humilité, une espèce de parabole dont il faille chercher le sens, un mystère dont il faille approfondir le secret. Jésus-Christ a sa science comme Verbe,

(1) Ps. LVI, 8.

et tout y est compris, le présent, le passé, le futur, le possible, l'existant, tout en un mot, tout ce qui est dans la science du Père; car il est luimême cette science, puisqu'il est son Verbe, sa raison, sa parole extérieure. Il a sa science comme homme, par rapport à sa perfection, et comme le dépositaire et l'exécuteur de tous les secrets de son Père. Tout ce qui regarde le genre humain est compris dans cette science, puisque toute puissance lui est donnée dans le ciel et dans la terre (1). C'est lui qui doit tout faire; c'est lui qui doit venir pour juger. Son Père ne l'avertit pas à chaque moment, de ce qu'il aura à faire par son ordre; mais il lui donne tout d'un coup une pleine compréhension de tout le dessein dont il a l'exécution en son pouvoir: autrement il agiroit comme nous, en foi, en obscurité, par morceaux, par pièces, au hasard en un certain sens, et à l'aveugle, sans entendre le rapport de chaque partie avec la fin de l'ouvrage et avec le tout. Il a outre cela sa science.comme docteur de son Eglise, comme interprète envers elle des volontés de son Père, comme faisant avec elle un même corps. Dans cette science est compris tout ce qu'il faut que l'Eglise sache. Il falloit que l'Eglise sût ses persécutions pour s'y préparer; la chute prochaine des Juifs, afin qu'ils en fussent avertis, et qu'ils fissent pénitence; et pour ôter aux fidèles la tentation de croire que le déicide et les autres déloyautés de ce peuple, avec les cruautés qu'il a exercées sur la personne du Sauveur et de ses apôtres, demeurassent long-temps impunies;

(1) Matth. xxviii. 18,

Jésus-Christ a su tout cela pour son Eglise, et il l'a expliqué. Il falloit que l'Eglise sût les signes du jugement à venir, afin d'être attentive à son approche. Jésus-Christ a su encore cela pour elle, et l'a prédit. Il ne falloit pas qu'elle sût le temps ni l'heure Jésus-Christ à cet égard ne le sait pas, et n'en dit rien à ses fidèles. Cette science, qui étoit en Jésus-Christ par rapport aux instructions qu'il devoit donner à son Eglise, avoit sa perfection et sa totalité, qui lui faisoit dire: Je vous ai découvert comme à mes amis tout ce que j'ai ouï de mon Père (1). Et encore: Je vous ai tout prédit (2); tout ce qu'il falloit que vous sussiez, tout ce que j'avois appris pour vous. Si je dis, pour vous renfermer dans ces bornes, que je ne sais pas le reste, j'ai mes raisons de parler ainsi selon la charge qui m'est imposée, selon le personnage que je fais: ne soyez pas assez téméraires pour vouloir où critiquer ou imiter ce langage mystérieux qui ne vous convient pas: c'est à vous à dire avec sagesse et avec simplicité tout ensemble: Cela est : cela n'est point (3) : né mentez pas; ne vous trompez pas les uns les autres : parce que vous étes membres les uns des autres (4).

Tâchons ici de nous revêtir de l'esprit de sincérité, à l'exemple de Jésus-Christ, qui à la réserve de ces mystères, où il étoit obligé à nous ménager la lumière, nous a tout dit comme à ses amis, selon qu'il étoit convenable, et que nous le pouvions porter.

(2) Marc. xiii. 23.

(3) Matth. v. 37.

(1) Joan. xv. 15. (4) Coloss. 111. 9. Eph. 1v. 25.

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