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insensibles: nous nous en étonnons; mais notre étourdissement n'est pas moins grand que le leur; étonnons-nous de nous-mêmes.

LXXIII. JOUR.

Suite des réflexions sur les mêmes calamités. Ibid.

Ce sont ici les jours de vengeance, pour accomplir tout ce qui a été écrit: Malheur aux femmes grosses, et à celles qui nourrissent. Car il y aura de grandes nécessités, et une grande colère se déploiera sur ce peuple : ils passeront par le fil de l'épée: ils seront emmenés captifs par toutes les nations: et Jérusalem sera foulée aux pieds par les gentils, jusqu'à ce que le temps des gentils soit accompli (1). Après que cette ville aura été investie, après qu'elle aura été assiégée régulièrement, et environnée de tranchées et de forteresses, trois plaies tomberont sur elle l'épée, la famine, la captivité.

L'épée: c'est la blessure de l'ame, la division entre ses parties, nulle continuité, nulle union : le sang de l'ame s'écoulera par cette ouverture, toutes ses forces se dissiperont, elle n'aura plus de résistance. Ah quel état! On ne résiste plus aux tentations, le péché emporte tout. C'est la foiblesse de l'ame à qui tout échappe, et qui s'échappe à elle

même.

Les chutes sont continuelles et irréparables: on (1) Luc. xx1. 22, 23, 24.

ne se peut plus relever. Telle est la plaie de l'épée : le cœur est ouvert, et ne retient plus ni la grâce ni la vérité.

La famine: c'est la soustraction des alimens: nonseulement quand ils manquent; mais encore, ce qui est bien pis, quand le principe pour en profiter manque tout-à-fait. Tout abonde autour du malade; les restaurans sont tout prêts: mais ou on ne peut les prendre; ou l'estomac contraint par force à les recevoir, ni ne les digère, ni ne les distribue, ni n'en profite. Au milieu des sermons, des bons exemples, des saintes lectures, des observances d'une vie toute consacrée à Dieu, on périt, on demeure sans nourriture. La vérité ne fait plus rien à cette ame: elle ne s'en nourrit pas : elle n'en vit pas. Ses œuvres, qui sont les enfans qu'elle nourrit, tombent en langueur; tout y dépérit visiblement : ou elle ne produit rien de bon; ou, si elle produit, ce bien ne se soutient pas. Hélas! hélas ! qu'y a-t-il de plus déplorable que cette famine?

La captivité: Jérusalem sera foulée aux pieds par les gentils : l'ame abattue par tous les vices; accablée de fers, qu'elle ne peut porter ni rompre : elle est traînée en captivité d'objet en objet : toutes les passions la dominent et la tyrannisent tour à tour. Elle pense être en repos contre l'amour des plaisirs l'ambition la met sous le joug, l'avarice l'assujettit, et ne lui laisse pas le temps de respirer; tant elle l'accable d'affaires, de soins, de travaux. Hélas! hélas! où en es-tu, ame raisonnable, faite à l'image de Dieu ? blessée, percée de tous côtés : outre cela affamée : pour comble de maux, captivę:

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sans force, sans nourriture pour te rétablir, sans liberté ah, quel malheur est le tien!

Il faut remarquer ce dernier mot: Jusqu'à ce que les temps des nations soient accomplis (1). Il y a un temps des nations: un temps que les gentils doivent persécuter l'Eglise : un temps qu'ils y doivent entrer. Après ce temps, les Juifs que les nations devoient jusqu'alors fouler aux pieds, reviendront; et après que la plénitude des gentils sera entrée, tout Israël, tout ce qui en restera, sera sauvé (2). L'aveuglement d'Israël n'a été permis que pour préparer les voies à l'accomplissement d'un si grand mystère.

Ame pécheresse! il y a pour toi, malgré tes péchés, une ressource infaillible: l'excès même de ton malheur peut être, comme à Israël, le commencement de ton retour. Israël fatigué de ses révoltes, de ses malheurs, de sa vaine crédulité, et de ses frivoles espérances; las de toujours attendre sans rien voir, de soupirer après un Messie qui ne vient point, parce qu'il est déjà venu, se réveillera : il commencera à connoître combien il avoit tort de se consumer en espérances frivoles, au lieu de jouir de son Christ, qu'il avoit si long-temps méconnu; et déplorant l'excès de son aveuglement, il ouvrira enfin les yeux à la véritable lumière. Fais ainsi, ame chrétienne! Le péché a eu son temps : le temps que tu y as consumé te suffit pour contenter des désirs frivoles, et nourrir des espérances trompeuses. En un mot, comme dit saint Pierre (3), le temps passé est plus que suffisant pour accomplir la volonté des

(1) Luc. XXI. 24. — (2) Rom. x1. 25,

26. (3) I. Pet. IV. 3.

gentils; pour mener une vie païenne, selon les désirs de la chair, comme si on n'avoit point de Dieu, et qu'on ne connût pas Jésus-Christ. Nous avons passé assez de temps dans la débauche, dans la convoitise, dans le vin, dans la bonne chère, dans l'ivresse, dans le culte des idoles : non-seulement de celles que la gentilité adore, mais encore de celles que nos passions érigent dans notre cœur. Il est temps de revenir de si grands excès : l'égarement a été assez grand, pour être enfin aperçu il faut maintenant revenir à soi, et qu'où le péché a abondé, la grâce surabonde (1) à son tour.

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LXXIV. JOUR.

Réflexions sur les circonstances de la fin du monde. La terreur de l'impie. La confiance du fidèle. Matth. XXIV. 27 – 31. Luc. xxi, 25 — 28.

:

VOILA Ce qui regardoit Jérusalem désolée, et dans sa désolation la figure de l'ame livrée au péché. Ce qui regarde la fin du monde, c'est l'obscurité dans le soleil: celle de la lune : le dérangement dans les étoiles le signe du Fils de l'homme, c'est-à-dire, comme l'interprètent les saints docteurs, l'apparition de sa croix: sa descente sur les nuées, en grande puissance et majesté : la trompette de ses anges qui citeront tous les hommes à son jugement : le recueillement de ses élus : l'assemblée de tous les aigles, c'est-à-dire, de tous les esprits élevés autour du

(1) Rom. v. 20.

corps

corps du Sauveur (1): le bruit de la mer et des flots, avec la commotion de tout l'univers, et des puissances célestes qui sont préposées à sa conduite : les hommes séchés de frayeur, dans l'attente de ce qui devoit arriver au monde (2) après tant de mouvemens également violens et irréguliers. Pesez toutes ces choses. Et afin de voir combien est ferme l'espérance du chrétien, et combien il est au-dessus de tous les troubles et de tout le monde; accoisez tous les mouvemens de votre intérieur, pour écouter cette parole: Quand toutes ces choses arriveront; quand toute la nature, déconcertée par des agitations si imprévues, ne nous menacera de rien moins que d'une perte inévitable, regardez alors: vous qui n'osiez seulement lever les yeux, levez la tête; comme pour vous élever au-dessus des flots et des tempêtes; parce qu'alors votre rédemption approche (3).

A quelle épreuve ne doit pas être la confiance du chrétien; si la dernière révolution du monde Ioin de le troubler, ne lui inspire que de l'espérance et du courage?

LXXV. JOUR.

Le même sujet.

SANS lecture, sans raisonnement étudié, je de mande seulement ici que l'on considère; d'un côté,

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