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sion. Considérons-les en particulier : et tâchons de tirer de chacune toute l'instruction que Jésus-Christ a voulu nous y donner.

LXIX. JOUR.

Les marques particulières de la ruine de Jérusalem, et de la fin du monde. Ibid.

SELON ce que nous venons de dire, il faut qu'il y ait dans ces deux événemens, dans le dernier jour de Jérusalem, et dans le dernier jour du monde, quelque chose qui soit propre à chacun, et quelque chose qui soit commun à l'un et à l'autre.

Ce qui est propre à la désolation de Jérusalem, c'est qu'elle sera investie d'une armée : c'est que l'abomination de la désolation sera dans le lieu saint. C'est qu'alors on pourra encore prendre la fuite, et se sauver des maux qui menaceront Jérusalem : c'est que cette ville sera réduite à une famine prodigieuse, qui fait dire à notre Sauveur : Malheur aux mères : malheur à celles qui sont grosses: malheur à celles qui nourrissent des enfans (1). C'est la colère de Dieu sera terrible sur ce peuple particulier, c'est-à-dire, sur le peuple juif; en sorte qu'il n'y aura jamais eu de désastre pareil au sien. C'est que ce peuple périra par l'épée, sera traîné en captivité par toutes les nations, et Jérusalem foulée aux pieds par les gentils. C'est que la ville et le temple seront détruits, et qu'il n'y restera pas pierre sur, (1) Luc. xx1. Matth. XXIV. Marc. XIII.

que

pierre, comme nous avons déjà vu. C'est que cette génération, celle où l'on étoit, ne passera point, que ces choses-ci ne soient accomplies, et que ceux qui vivent les verront (1).

Ce qui sera particulier au dernier jour de l'univers, c'est que le soleil sera obscurci, la lune sans lumière, les étoiles sans consistance, tout l'univers dérangé que le signe du Fils de l'homme paroîtra; qu'il viendra en sa majesté; que ses anges rassembleront ses élus des quatre coins de la terre, et le reste qui est exprimé dans l'Evangile (2) : que le jour et l'heure en sont inconnus; et que tout le inonde y sera surpris (3).

De là résulte la grande différence entre ces deux événemens, que Jésus-Christ veut qu'on observe. Pour ce qui regarde Jérusalem, il donne une marque certaine. Quand vous verrez Jérusalem investie (4) : et ce qui est, comme nous verrons, la même chose: Quand vous verrez l'abomination de la désolation dans le lieu saint, où elle ne doit pas être : sachez que sa perte est prochaine (5), et sauvez-vous. On pouvoit donc se sauver de ce triste événement. Mais pour l'autre, qui regarde la fin du monde; comme ce sera, non pas ainsi que dans la chute de Jérusalem, un mal particulier, mais un renversement universel et inévitable; il ne dit pas qu'on s'en sauve, mais qu'on s'y prépare. Ce qui sera commun à l'un et à l'autre jour, sera l'esprit de séduction, et les faux prophètes, la persécution du peuple de Dieu;

(1) Luc. XXI. Matth. XXIV. Marc. XIII. — (2) Ibid. (3) Matth. XXIV. 27, 36, 37. (4) Luc. XXI. 20. — (5) Matth. xxiv. 15. Mare. XIII. 14. Luc. ibid.

les guerres partout l'univers, et une commotion universelle dans les empires, avec une attente terrible de ce qui devra arriver (1).

Considérons toutes ces choses dans un esprit d'humiliation et d'étonnement. O Dieu, que votre main est redoutable! Par combien de terribles effets déployez-vous votre justice contre les hommes ! Quelles misères précèdent la dernière et inexplicable misère de la damnation éternelle! Qui ne vous craindroit, 6 Seigneur! qui ne glorifiera votre nom! O Seigneur tout-puissant, vos œuvres sont grandes et merveilleuses! vos voies sont justes et véritables, ô Roi des siècles! vous seul êtes saint, et toutes les nations vous adoreront (2)! Tout genou se courbera devant vous (3); les uns en éprouvant vos miséricordes; les autres se sentant soumis à votre implacable et inévitable justice.

LXX. JOUR.

Les marques de distinction de ces deux événemens expliqués encore plus en détail en saint Matthieu, en saint Marc et en saint Luc. Ibid.

EN continuant la même lecture, nous avons à considérer les marques de distinction des deux événemens, qui nous sont donnés dans l'Evangile. La distinction paroît assez clairement dans saint Luc. Ce qui regarde en particulier Jérusalem, commence

(1) Matt. xxiv. 4. Marc. xu. 5. Luc. xxi. 8, et seq. xv. 3, 4. — (3) Is. xLv. 24.

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(2) Apoc.

au chapitre xx1, . 20, et se continue jusqu'au . 25; et ce qui regarde le dernier jour de l'univers commence au y. 25, et se termine au . 31. La même chose paroît à peu près en saint Matthieu, chap. xxiv, . 15, à ces paroles: Lorsque vous verrez l'abomination de la désolation, d'où se continue le récit des maux de Jérusalem jusqu'au y. 27, où l'on commence à parler de l'avénement du Fils de l'homme ce qui se continue principalement depuis le . 29, jusqu'au 34. On voit encore la même chose en saint Marc, chap. x, depuis le y. 14, où l'abomination nous est montrée où elle ne doit point être : d'où se continue la ruine de Jérusalem jusqu'au ỳ. 24 : et là commence la prédiction de la dernière catastrophe de l'univers jusqu'au ỳ. 30.

Il nous sera maintenant assez aisé d'arranger la suite des événemens, premièrement, dans la ruine de Jérusalem, et ensuite dans celle du monde. L'abomination de la désolation dans le lieu saint, selon saint Matthieu, et où elle ne doit pas être, dans saint Marc, est visiblement la même chose, que Jérusalem environnée d'une armée, dans saint Luc, comme la seule suite le fera paroître à un lecteur attentif. Mais ce qui ne laisse aucun doute, c'est le rapport de ces mots : Quand vous verrez l'abomination de la désolation dans le lieu saint; avec ceuxci: Quand Jérusalem sera investie d'une armée. L'abomination, selon le langage de l'Ecriture, signifie des idoles. L'abomination de la désolation, ce sont donc des idoles désolantes, tant à cause de l'affliction qu'elles causent par leur seul aspect au

peuple de Dieu, qu'à cause de la dernière désolation dont elles leur étoient un présage. Or on sait que les armées romaines portoient dans leurs étendards les idoles de leurs dieux, celles de leurs empereurs, qui étoient du nombre de leurs dieux, et des plus grands; l'aigle romaine qui étoit consacrée avec des cérémonies qui la faisoient adorer ellemême. Ainsi investir Jérusalem d'une armée romaine, et en porter les étendards aux environs de cette ville, c'étoit mettre des idoles dans le lieu saint; aux environs de Jérusalem, qui étoit appelée la cité sainte; auprès du temple qui étoit appelé par excellence le lieu saint; dans la Judée, dont la terre étoit consacrée à Dien, sanctifiée par tant de miracles, et pour cela appelée la terre sainte. Selon les ordres de Dieu, les idoles n'y devoient jamais paroître. Et c'est pourquoi ce que saint Matthieu exprime par ces mots : L'abomination, c'est-à-dire, l'idole, dans le lieu saint: saint Marc l'explique par ceux-ci: L'abomination et l'idole où elle ne doit pas être : c'est-à-dire, dans un lieu et dans une terre dont la sainteté la devoit éternellement bannir de son enceinte : ce que saint Luc a expliqué plus particulièrement, lorsqu'il a marqué Une armée autour de Jérusalem; une armée de gentils, puisque c'étoit par les gentils que Jérusalem devoit étre foulée aux pieds (1); par conséquent une armée remplie d'idoles, puisque même elle les portoit dans ses étendards; et en un mot, une armée romaine.

Ainsi le premier présage de la ruine de Jérusalem, c'est d'être environnée d'idoles. Car aupara(1) Luc. XXI. 20, 24.

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