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trer ce qu'il faut estimer dans l'argent, et quel en est le vrai prix.

Jésus s'assit, et regarde ceux qui mettoient dans le tronc ou dans le trésor : Une pauvre veuve donna deux petites pièces d'un liard: Elle a plus donné que tous (1). Que l'homme est riche! Son argent vaut tout ce qu'il veut : sa volonté y donne le prix. Un liard vaut mieux que les plus riches présens. Manquez-vous d'argent? un ver e d'eau froide vous sera compté; et on ne veut pas même vous donner la peine de la chauffer. N'avez-vous pas un verre d'eau à donner? un désir, un soupir, un mot de douceur, un témoignage de compassion: si tout cela est sincère, il vaut la vie éternelle! O que l'homme est riche, et quels trésors il a en main!

Heureux les chrétiens d'avoir un maître qui sait si bien faire valoir les bonnes intentions de ses serviteurs! Aussitôt qu'il voit cette veuve qui n'a donné deux doubles, ravi de sa libéralité, il convoque ses disciples, comme à un grand et magnifique spectacle.

que

Elle a donné plus que tous les autres; quoique tous les autres eussent donné largement: Mais les autres ont donné le superflu, et le reste de leur abondance, sans s'apercevoir d'aucune diminution; au lieu que celle-ci a donné tout ce qu'elle avoit, et

tout son vivre (2) : s'abandonnant avec foi à la divine providence.

Voilà les aumônes que Jésus-Christ loue celles où on prend sur soi: car de telles aumônes sont les seules qui méritent le nom de sacrifice.

(1) Marc. x11. 43, 44. Luc. XXI. 1, 2, 3.- (2) Marc. Ibid. Luc. xx1. 4.

LXVII. JOUR.

Ruine de Jérusalem, et du temple. Matt. xxiv. 1–32. Marc. XIII. 1-28. Luc. xxI. 5-29.

Ce que Jésus-Christ avoit prédit de la ruine de CE Jérusalem, est ici plus particulièrement expliqué, et Jésus-Christ y déclare ce qu'il n'avoit pas encore dit: que le temple ne seroit pas excepté d'un malheur si prochain, et périroit comme le reste. Il ne vouloit pas laisser ignorer à ses disciples un événement si important; et il choisit pour s'en expliquer les jours prochains de sa mort, dont il devoit être la punition.

Maitre, voyez quelles pierres, et quelle structure (1)! C'est ainsi que parlent les disciples en montrant le temple au Fils de Dieu : ces deux paroles en font la peinture: Quelles pierres, de quelle beauté, de quelle énorme grandeur! Quelle structure, quelle solidité, quelle ordonnance, quelle correspondance de toutes ses parties! Saint Luc ajoute la richesse des dons, dont le temple étoit rempli (2). Il n'y avoit donc rien de plus solide, ni de plus riche : et néanmoins il périra: tant de richesses, une si belle structure, tout sera réduit en cendres.

Voyez-vous tous ces grands bâtimens ? En vérité, je vous le dis: il n'y demeurera pas pierre sur pierre (3). Enorgueillissez-vous de vos édifices, ô mortels : dites que vous avez fait un immortel ouvrage,

(1) Marc. XIII. I.- (2) Luc. xx1. 5.

(3) Marc. XIII. 2.

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et que votre nom ne périra jamais. Ce grand politique Hérode croyoit s'être immortalisé, en refaisant tout à neuf un si admirable édifice, avec une magnificence qui ne cédoit en rien, pour la beauté de l'ouvrage, à celle de Salomon. Si quelque chose devoit être immortelle, c'étoit un temple si auguste, si saint, si célèbre : tout sembloit le préserver des injures du temps; sa structure, sa solidité. On épargne même dans les villes prises, ces beaux monumens, comme des ornemens, non des villes, ni des royaumes, mais du monde. Mais sa sentence est prononcée il faut qu'il tombe. En effet Tite avoit défendu surtout, qu'on ne touchât point à ce temple : mais un soldat animé par un instinct céleste, comme Josephe, historien juif, qui étoit présent à ce siége et qui a tout vu, le témoigne, y mit le feu; et on ne le put éteindre (1). Les Juifs avoient voulu le rebâtir sous Julien l'Apostat: le feu consuma les ouvriers qui y travailloient (2). Il falloit que tout fût détruit et à jamais; car Jésus-Christ l'avoit dit. Dieu vouloit puhir les Juifs, et en même temps par un excès de miséricorde leur montrer qu'ils devoient chercher dans l'Eglise un autre temple, un autre autel, et un sacrifice plus digne de lui. Ainsi les justices de Dieu sont toujours accompagnées de miséricorde; et il instruit les hommes en les punissant. Il instruit les Juifs en deux manières : il leur fait sentir leur crime en frappant jusqu'à sa maison : en la détruisant, il les détache des ombres de la loi, et les attache à la vérité.

(1) Joseph. lib. de bel. Jud. c. 16.

(2) Amm. Marcell. lib. xx111.

Le

Le temple avoit accompli, pour ainsi parler tout ce à quoi il étoit destiné. Le Christ y avoit paru, selon les oracles d'Aggée et de Malachie (1). Qu'il périsse donc, il est temps: quelque saint que soit celui-ci par tant de merveilles, et par le sacrifice qu'Abraham y voulut faire d'Isaac son fils: il faut qu'il cède aux temples, où l'on offrira, selon le même Malachie (2), un plus excellent sacrifice, depuis le soleil levant jusques au couchant.

LXVIII. JOUR.

La ruine de Jérusalem, et celle du monde: pourquoi prédites ensemble? Ibid.

DITES-NOUS, quand arriveront ces choses, et quel est le signe de votre avénement et de la fin des siècles (3). C'est la demande que firent à Jésus ses principaux apôtres, Pierre, Jacques, Jean et André, pendant qu'il étoit assis sur la montagne des Olives (4).

Remarquez que dans leur demande, ils confondoient tout ensemble la ruine de Jérusalem, et celle de tout l'univers à la fin des siècles. C'est ce qui donne lieu à Jésus-Christ de leur parler ensemble de l'une et de l'autre.

On demandera, pourquoi il n'a pas voulu distinguer des choses si éloignées. C'est, premièrement,

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(1) Agg. 11. 8, 10. Malach. 111. 1. — - (2) Malach. 1. 11. (3) Matth XXIV. 3. Marc. x111. 4. Luc. XXI. 7. — (4) Matth. et Marc. ibid.

BOSSUET. IX.

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par la liaison qu'il y avoit entre elles; l'une étant figure de l'autre; la ruine de Jérusalem, figure de celle du monde, et de la dernière désolation des ennemis de Dieu. Secondement, parce qu'en effet plusieurs choses devoient être communes à tous les deux événemens. Troisièmement, parce que, lorsque Dieu découvre les secrets de l'avenir, il le fait toujours avec quelque obscurité; parce qu'il s'en réserve le secret; parce qu'il ne veut pas contenter la curiosité, mais édifier la foi; parce qu'il veut que les hommes soient toujours surpris par quelque endroit. C'est pourquoi en les avertissant, pour les obliger à prendre des précautions, et encore pour leur faire voir que l'événement qu'il leur prédit est un ouvrage de sa main, préparé depuis long-temps, il ne laisse pas de réserver toujours quelque chose qui surprenne, et qui inspire une nouvelle terreur lorsque le mal arrive.

Voilà pourquoi la prédiction de la ruine de Jérusalem, est en quelque sorte confondue avec celle du monde. Apprenez, ô hommes! par l'obscurité que Jésus-Christ même veut laisser dans sa prophétie, apprenez à modérer votre curiosité, à ne vouloir pas plus savoir qu'on ne vous dit, à ne vous avancer pas au-delà des bornes, et à entrer avec tremblement dans les secrets divins.

Quoique Jésus-Christ confonde ces deux événemens, il ne laisse pas dans la suite, comme nous verrons, de donner des caractères pour les distin

guer.

Voilà de grandes choses, mais encore en confu

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