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ne fussent retournés à lui, et ne le reconnussent pour le Christ.

Le Sauveur a achevé ce qu'il vouloit. Il a établi l'autorité de la chaire de Moïse; il a fait voir les abus; il a expliqué le châtiment; il n'a pas tenu à sa bonté qu'ils ne l'aient écouté : et ils ont voulu périr. O quel regret pour ces malheureux! ô quelle augmentation de leur supplice!

Apprenons à louer la miséricorde divine dans les jugemens les plus rigoureux; car ils ont toujours été précédés par les plus grandes miséricordes.

Combien de fois ai-je voulu! Ce n'est pas pour une fois que vous m'avez appelé, ô la plus tendre de toutes les mères! et je n'ai pas écouté votre voix.

LXIV. JOUR.

Vices des docteurs de la loi; ostentation; superstition; corruption; erreurs marquées par saint Marc et par saint Luc.

VOYEZ en saint Marc et en saint Luc, la substance de tout ce discours de notre Seigneur (1). Ils remarquent tous deux principalement l'affectation des premières places, et cet artifice de piller les veuves sous prétexte d'une longue oraison, comme les choses les plus odieuses, comme les plus ordinaires dans la conduite des pharisiens, dont aussi il se faut le plus donner de garde. Dieu nous en fasse la grâce.

(1) Marc. x11. 38, 39, 40. Luc. xx. 46, 47.

Tout ce que Jésus-Christ blâme se réduit à ostentation, superstition, hypocrisie, rapine, avarice, corruption, en un mot, jusqu'à altérer la saine doctrine; en préférant le don du temple et de l'autel, au temple et à l'autel même.

Mais comment donc vérifier ici ce qu'il a dit: Faites ce qu'ils vous diront? Car ils leur disoient cela qui étoit mauvais : et ils avoient encore beaucoup de fausses traditions, que le Fils de Dieu reprend ailleurs. Tous ces dogmes particuliers n'avoient pas encore passé en décret public, en dogmes de la synagogue. Jésus-Christ est venu dans le moment que tout alloit se corrompre. Mais il étoit vrai jusqu'alors, que la chaire n'étoit pas encore infectée, ni livrée à l'erreur, quoiqu'elle fût sur le penchant. Qui nous dira, s'il n'en arrivera peut-être pas à peu près autant à la fin des siècles? Qui sait où Dieu permettra que la séduction aille dans les docteurs particuliers? Mais avant que ces mauvais dogmes aient passé en décret public, le second avénement se fera. Prenons garde cependant à ce levain des pharisiens, et ne le faisons pas régner parmi nous.

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O combien disent dans leur cœur : Le temple n'est rien; l'autel n'est rien le don, c'est à quoi il faut prendre garde, et non - seulement ne le retirer jamais, mais l'augmenter, comme ce qu'il y a de plus précieux dans la religion.

Prenons un esprit de désintéressement, pour éviter ce levain des pharisiens.

Prenons garde, tout ce que nous sommes de supérieurs, de ne nous réjouir pas de la prélature,

mais de craindre d'imiter les pharisiens dans ce point, que saint Marc et saint Luc ont observé comme le plus remarquable.

Nous porterons la peine de tout le sang juste répandu, de tous les canons méprisés, de tous les abus autorisés par notre exemple: et tout sera imputé à notre ordre depuis le premier relâchement.

La prodigieuse révolte du lutheranisme a été une punition visible du relâchement du clergé. Et on peut dire, que Dieu a puni sur nos pères, et qu'il continue de punir sur nous, tous les relâchemens des siècles passés, à commencer par les premiers temps où l'on a commencé à laisser prévaloir les mauvaises coutumes contre la règle. Nous devons craindre que la main de Dieu ne soit sur nous, et que la révolte ne dure jusqu'à ce que, profitant du châtiment, nous ayons entièrement banni du milieu de nous tout ce levain pharisaïque; cet esprit de domination, d'intérêt, d'ostentation; cet esprit qui fait servir la domination au gain, et à l'intérêt, soit que ce soit celui de l'ambition, soit que ce soit celui de l'argent.

Pour mieux entendre notre devoir et notre péril, considérons le même sermon de notre Seigneur, déjà fait dans saint Luc une autre fois et avant son entrée.

LXV. JOUR.

Les Væ, ou les malheurs prononcés par notre Seigneur contre les docteurs de la loi. En saint Luc. XI. 37, 38, et suiv.

L'OCCASION de ce discours fut l'orgueil de ce pharisien, qui blâmoit le Sauveur en son cœur, parce qu'il ne s'étoit pas lavé avant le repas. Il commence à cette occasion, à leur reprocher qu'ils lavoient le dehors, et négligeoient le dedans (1).

*La comparaison du sépulcre est tournée ici au y. 44 d'une manière différente de saint Matthieu. Car au lieu que dans saint Matthieu Jésus-Christ propose des sépulcres reblanchis: ici on parle de sépulcres cachés, lorsque les hommes marchent dessus sans le savoir (2): ce qui fait voir des hypocrites tout-à-fait cachés, avec qui on converse sans les connoître pour ce qu'ils sont, tant leur malice est profonde. Mais tout cela se révélera au grand jour et plus leur désordre étoit caché, plus leur honte, qui paroîtra tout d'un coup, sera éclatante.

Un docteur de la loi interrompt cette pressante invective contre les pharisiens, et présuma assez de lui-même pour croire que le Sauveur se tairoit, quand il lui auroit témoigné la part qu'il prenoit à son discours: Maître, lui dit-il (3), vous nous faites injure à nous-mêmes. Son orgueil lui

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attira ces justes reproches: Malheur à vous aussi, docteurs de la loi (1)! et le reste.

Ce qui est dit dans saint Matthieu, je vous envoie des prophètes (2), est expliqué en saint Lue: La sagesse de Dieu a dit (5): pour montrer que le Sauveur est la sagesse de Dieu.

Vous avez pris la clef de la science (4). On distingue la clef de la science d'avec celle de l'autorité. Les docteurs vouloient s'approprier la clef de la science que n'ouvroient-ils donc au peuple? Mais ils se trompoient eux-mêmes, et trompoient les autres; et non contens de se taire, ce qui suffiroit pour leur perte, ils étoient les premiers à autoriser les fausses doctrines.

Des-lors les pharisiens et les docteurs de la loi commencèrent à le presser et à l'accabler de questions, en lui dressant des piéges, pour exciter contre lui la haine du peuple (5). Ils sont pris dans les piéges qu'ils tendoient au Sauveur, et ils croient n'en pouvoir sortir qu'en le perdant. Ainsi périt le juste pour avoir fait son devoir à reprendre les orgueilleux et les hypocrites,

LXVI. JOUR.

Quel est le vrai prix de l'argent. Veuve donnant de son indigence. Marc. x11. 41–44. Luc. xxi. 1—4.

JÉSUS-CHRIST venoit de parler des pharisiens, et de leur artifice à tirer l'argent des veuves: il va mon

(1) Luc. xi. 46. - (2) Matth, xx111. 34. — (3) Luc. x1. 49. — (4) Ibid.

52.-(5) Ibid. 53, 54.

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