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ce que Dieu en aura une vaine parade, une ostentation, une exactitude apparente aux petits préceptes aisés, un mépris manifeste des grands, et un cœur livré aux rapines et à l'avarice.

Prenez garde dans les religions: un voile; l'habit de l'ordre; les jeûnes de règle. Mais que veut dire ce voile? Pourquoi est-il mis sur la tête, comme l'enseigne de la pudeur et de la retraite? C'est à quoi il falloit penser, et ne mépriser pas les petites choses, qui sont en effet la couverture et la défense des grandes : mais aussi ne se pas imaginer que Dieu se paie de cette écorce et de ces grimaces.

LXI. JOUR.

Suite. Sépulcres blanchis. Ibid. 26 et 27.

AVEUGLE pharisien, continue notre Seigneur (1), qui nettoies le dehors d'une coupe, et laisses dans la saleté le dedans où l'on boit. Nettoie le dedans, afin que le dehors soit pur car la pureté vient du dedans, et se doit répandre de là sur le dehors. Autrement, malgré ton hypocrisie, l'infection du dedans se produira par quelque endroit : ta vie se démentira; ton ambition cachée sera découverte; tu paroîtras de couleurs et de figures différentes; et avec l'infamie de ton ambition, celle de ton hypocrisie attirera la haine du genre humain.

Quelle affreuse idée d'un hypocrite! C'est un vieux sépulcre : tout s'y démentoit: on l'a reblan(1) Matth. xxIII. 25, 26.

chi, et il paroit beau au dehors: il peut même paroître magnifique. Mais qu'y a-t-il au dedans? Infection, pourriture, des ossemens de morts (1), dont l'attouchement étoit une impureté selon la loi. Tel est un hypocrite : il a la mort dans le sein: que sera-ce, et où se cachera-t-il, lorsque Dieu révélera le secret des cœurs, et qu'on verra ces choses honteuses qui se passoient dans le secret, et qu'on a honte même de prononcer (2)?

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LXII. JOUR.

Docteurs juifs persécuteurs des prophètes: Leur punition. Ibid. 29-36.

Voici le comble de l'hypocrisie des actions de piété pour donner couleur au crime; comme de bâtir les sépulcres des prophètes. Qu'il est aisé de les honorer après leur mort, pour acquérir la liberté de les persécuter vivans! Ils ne vous disent plus mot, et vous pouvez les honorer sans qu'il en coûte à vos passions. On fait aisément les actes de piété qui ne leur font point de peine. On parera un autel; on y placera les reliques; tout y sera propre et orné; on bâtira des églises et des monastères les actions de piété éclatantes, loin de rebuter, on s'en fait honneur. Venons à la pratique de la piété, et à la mortification des sens: on n'y veut pas entendre.

:

Les Juifs étoient prêts à faire mourir le prophète

(1) Matth. xxIII. 27.

. (2) Ephes. v. 12.

par excellence et ses apôtres; et ils disoient : Si nous eussions été du temps de nos pères, nous n'eussions pas persécuté les prophètes. Vous êtes leurs vrais enfans (1), puisque vous voulez faire comme eux; et vous voulez avoir tout ensemble, et la gloire de détester le crime, et le plaisir de vous satisfaire en le commettant. Mais vous ne tromperez pas Dieu. Au lieu de recevoir les vaines excuses que vous semblez vouloir faire aux prophètes, il vous punira de tous les crimes que vous aurez imités, à commencer par celui de Caïn, dont vous avez imité la jalousie sanguinaire (2). Le moyen de désavouer vos pères, est de cesser de les imiter. Que si vous les imitez, les tombeaux que vous érigez aux prophètes, serviront plutôt de monument pour conserver la mémoire des crimes de vos ancêtres, que de moyen de les éviter. C'est pourquoi il y a dans saint Luc (3) en bâtissant leurs sépulcres, pendant que dans votre cœur vous désirez d'en' faire autant aux prophètes que vous avez parmi vous, vous montrez bien que cet extérieur de piété ne tend qu'à couvrir vos noirs desseins, et à les exécuter plus sûrement en les cachant.

Remplissez la mesure de vos pères et que tout le sang juste vienne sur vous depuis Abel (4). On mérite le supplice de ceux qu'on imite: Dieu n'impute pas seulement le péché des pères aux enfans; mais encore celui de Caïn, quand on en suit la trace et il y aura parmi les méchans qui se seront imités les uns les autres une société de supplices,

(1) Matth. xx. 30, 31. - (2) Ibid. 35. (3) Luc. x1. 48. — (4) Matth. xxii. 35.

comme parmi les bons qui auront vécu en unité d'esprit, une société de récompenses.

Il prédit un supplice affreux aux Juifs et en effet le monde n'en avoit jamais eu de semblable. Tout viendra fondre sur cette génération (1): le temps approchoit, et ceux qui étoient vivans le pouvoient voir.

Appliquons-nous à nous-mêmes ce que nous venons de voir. Chacun persécute le juste, lorsqu'on le traverse, lorsqu'on en médit, lorsqu'on le tourmente en cent façons. Et on dit en lisant la Vie des Saints, où l'on voit la persécution des justes : Je ne ferois pas comme cela; et on le fait, et on ne s'en aperçoit pas et on attire sur soi la peine de ceux qui ont persécuté les gens de bien.

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Tout est écrit devant moi; je ne m'en tairai pas ; je vous rendrai la juste punition de vos péchés : je mettrai dans votre sein vos péchés, et ensemble les péchés de vos pères, et je mettrai dans leur sein à pleine mesure leur ancien ouvrage (2).

LXIII. JOUR.

Lamentations, pleurs de Jésus sur Jérusalem. Ibid. 37, 39.

JÉRUSALEM, Jérusalem qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui ont été envoyés vers toi, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfans, comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, et tu ne l'as pas voulu? Comme il a pleuré Jéru

(1) Matth. xx111. 36. — (2) IS. LXV. 6, 7.

salem! Avec quelle tendresse il a présenté ses ailes maternelles à ses enfans qui vouloient périr! Une poule, c'est la plus tendre de toutes les mères. Elle voudroit reprendre ses petits, non pas sous ses ailes, mais dans son sein, s'il se pouvoit digne d'être le symbole de la miséricorde divine.

Je trouve trois lamentations dans notre Sauveur, dont celles de Jérémie n'égaleront jamais la tendresse. A son entrée : Ah! si tu savois au moins en ce jour qui t'est encore donné, ce qui peut t'apporter la paix (1)! Ici: Jérusalem, Jérusalem! etc. (2) Allant au Calvaire Filles de Jérusalem, pleurez sur vous-mêmes.... Heureuses les stériles; heureuses les entrailles qui n'ont point porté d'enfans, et les mamelles qui n'en ont point allaité (5) ! O malheureuse Jérusalem! O ames appelées et rebelles! que vous avez été amèrement pleurées! Revenez donc aux cris empressés de cette mère charitable: ses ailes vous sont encore ouvertes. Ah! pourquoi voulez-vous périr, maison d'Israël (4) ?

Vous ne me verrez point, jusqu'à ce que vous disiez Bienheureux celui qui vient au nom du Seigneur (5).

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Ces dernières paroles depuis ces mots: Jérusalem, Jérusalem: ont déjà été dites avant l'entrée du Sauveur (6): et alors il vouloit dire qu'on ne le reverroit plus jusqu'au jour de cette entrée. Ici l'entrée étoit faite; et il veut dire qu'il s'en alloit jusqu'au dernier jugement, qui n'arriveroit pas que les Juifs

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