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vrage, et je ne vois plus en vous ce que j'y ai mis. Vous avez voulu vous faire vous-mêmes à votre mode : vous êtes l'ouvrage du plaisir et de l'ambition: vous êtes l'ouvrage du diable dont vous avez fait les œuvres, que vous avez fait votre père en l'imitant. Allez avec celui qui vous connoît, et dont vous avez suivi les suggestions: Allez au feu éternel qui lui a été préparé (1). O juste Juge! où en serai-je ? Me connoîtrai-je moi-même, après que mon Créateur m'aura méconnu?

XL. JOUR.

Question des sadducéens sur la femme qui a eu sept maris l'un après l'autre. Jésus-Christ détache le chrétien de tout le sensible. Lisez Matth. xxII. 23, 24. Marc. XII. 18, 19: et plus particulièrement Luc xx, 27, jusqu'au 40, où tout est expliqué plus au long.

Voici le jour des interrogations; mais le jour des résolutions les plus admirables que la sagesse incarnée ait données aux hommes.

Ce jour-là les sadducéens qui nient la résurrection, le vinrent trouver, et lui proposèrent une question , en lui disant: Mattre, Moïse a ordonné que si quelqu'un mouroit sans enfans, son frère épousat sa femme, et qu'il suscitat des enfans à son frère mort. Or il y avoit sept frères parmi nous, dont le premier ayant épousé une femme, est mort,

(1) Matth. xxv. 41.

et n'ayant point eu d'enfans il a laissé sa femme à son frère. La même chose arriva au second, et au troisième, et à tous les autres jusqu'au septième. Enfin cette femme est morte aussi après eux tous. Lors donc que la résurrection arrivera, duquel de ces sept sera-t-elle femme, puisqu'ils l'ont tous eue (1)?

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Moïse nous a commandé. Voyez comme ceux qui errent cherchent toujours à s'appuyer sur les Ecritures, et font semblant de vouloir obéir à la loi.

De qui des sept sera-t-elle femme: car elle l'a été de tous? Il faut encore ajouter, selon saint Marc et selon saint Luc, qu'elle n'a point laissé d'enfans au septième, non plus qu'aux autres : de sorte qu'il n'y a rien qui détermine en sa faveur.

De qui sera-t-elle femme? Admirez combien les hommes sont charnels. Ils ne peuvent comprendre une vie ni une félicité, sans les objets qui flattent les sens, et sans les choses corporelles auxquelles ils sont accoutumés. Ainsi ils n'entendent pas comment les saints sont heureux. Toute cette vie incorporelle leur paroît un songe, une vision des spéculatifs, une oisiveté impossible à soutenir. Si on ne va, si on ne vient, comme en cette vie; si on n'y contente les sens à l'ordinaire, ils ne savent ce qu'on peut faire, et ne croient pas qu'on puisse vivre. C'est pourquoi une telle vie ne les touche pas; et la croyant impossible, ils croient que tout meurt avec le corps. Tels étoient parmi les païens les disciples d'Epicure. Tels étoient les sadducéens dans le peuple de Dieu. Tels sont en() Matth. xx. 23, et suiv. Luc. xx. 27, et suiv.

core parmi nous les impies et les libertins qui ne connoissent que la vie des sens. Ils sont pires que les sadducéens; car ceux-ci se piquoient d'être zélateurs de la loi; et nos impies n'ont aucun principe.

Vous vous trompez (1). C'est ainsi qu'il faut parler à ces gens qui mesurent tout à leurs sens charnels et grossiers: vous vous trompez. Quelle erreur plus grande que de suivre toujours les sens, sans songer qu'il y a en nous un homme intérieur, et une ame que Dieu a faite à son image? C'est pourquoi Jésus-Christ leur dit encore à la fin, selon saint Marc Vous vous trompez donc beaucoup (2).

Vous vous trompez, faute d'entendre les Ecritures et la puissance de Dieu (3). C'est la source de toutes les erreurs. On ne veut point entendre que Dieu puisse faire des choses au-dessus du sens et du raisonnement humain, ni autre chose que ce qu'on voit. C'est pourquoi on n'entend pas les Ecritures: parce que pour ne vouloir pas étendre ses vues sur l'immensité de la puissance de Dieu, on abaisse les Ecritures à des sens proportionnés à notre foiblesse. On ne veut croire ni incarnation, ni eucharistie, ni résurrection, ni rien de ce que Dieu peut, et de ce qu'il veut bien faire pour l'amour de ses serviteurs. Ainsi les sadducéens ne vouloient pas croire, ni qu'il pût conserver l'ame sans le corps, ni qu'il pût l'y réunir de nouveau, ni qu'il le lui pût rendre avec de plus nobles qualités qu'en cette vie; ni enfin donner à l'homme d'autres plaisirs que ceux qu'il a coutume de sentir.

(1) Matth. xx11. 29. —(2) Marc, x11. 27. — (3) Matth. xx11. 29.

Dans ce siècle, les hommes prennent des femmes, et les femmes prennent des maris: mais dans la résurrection, ou comme il est porté dans saint Luc (1), parmi ceux qui seront jugés dignes du siècle à venir et de ressusciter des morts; ni les hommes ne prendront des femmes, ni les femmes des maris; et ils seront immortels, égaux aux anges de Dieu dans le ciel. Ainsi, pour conserver un tel peuple, il ne faudra ni de génération ni de mariage et on n'en aura non plus besoin pour les hommes que pour les anges. Tout ce qui est établi pour soutenir la mortalité, cessera l'homme sera renouvelé dans son corps et dans son ame: nous serons enfans de Dieu, parce que nous serons enfans de résurrection (2): ce ne sera plus de la chair et du sang que nous naîtrons comme en cette vie: il n'y aura plus rien de corruptible. Avec une nouvelle naissance Dieu donnera à nos corps de nouvelles qualités; et nous serons, non enfans des hommes, mais enfans de Dieu, et égaux aux anges, parce que nous serons enfans de résurrection.

Le corps est maintenant conçu et semé dans la corruption; il ressuscitera dans l'incorruptibilité : Il est conçu dans la difformité; il ressuscitera dans la gloire : il est conçu dans la foiblesse; il ressuscitera dans la force: il est conçu pour une vie animale; il ressuscitera pour une vie spirituelle (3). Ne vous étonnez donc pas s'il n'y aura point alors de mariage, comme il n'y aura point de festins. On sera comme les anges, sans aucune infirmité des sens, et sans avoir besoin de les satis

(1) Luc. xx. 34, 35. — (2) Ibid. 36. — (3) I. Cor. xv. 42, 43, 44

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faire Et Dieu sera tout en tous (1). On n'aura besoin que de lui.

Commençons donc dès cette vie ce que nous ferons dans toute l'éternité. Commençons à nous détacher des sens, et à vivre selon cette partie divine et immortelle qui est en nous. Nous qui vivons dans le célibat, puisque nous voulons dès à présent imiter les anges, soyons purs comme eux. Ne vivons que pour Dieu, comme saint Paul l'ordonne Car l'homme qui a une femme, et la femme qui a un mari, a le cœur partagé. Qui est seul ne pense qu'à Dieu (2). Ceux qui mènent une vie commune, ne laissent pas d'être obligés dans le fond au même détachement : et c'est à eux que le même apôtre adresse cette parole: Au reste, mes frères, le temps est court: ainsi que ceux qui ont des femmes soient comme n'en ayant pas, et n'y soient point attachés : Que ceux qui pleurent, et qui sont affligés, soient comme s'ils ne l'étoient pas (3), et qu'ils conçoivent que leurs larmes seront bientôt essuyées. Que ceux qui se réjouissent conçoivent la fragilité et l'illusion de leur joie, et ne s'y abandonnent pas : Que ceux qui achètent soient comme ne possédant point; et qu'ils cessent de s'imaginer que ce qui tient si peu à eux, soit véritablement en leur puissance: Enfin que ceux qui usent des biens de ce monde, soient comme s'ils n'en usoient point: car la figure de ce monde passe... Considérons ce qu'on ne voit pas, et non pas ce qu'on voit, parce que ce qu'on voit passe, (3) Ibid. 29,

(1) I. Cor. xv. 28. - (2) Ibid. vi. 32, 33, 34. 30, 31.

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