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culture qu'il avoit donnée à sa vigne par la loi et par les saintes Ecritures. Au lieu d'écouter les prophètes, ils les ont persécutés, ils les ont massacrés (1). Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils point persécuté, leur dit saint Etienne (2)? Ils ont massacré ceux qui nous annonçoient l'arrivée du juste, dont vous avez été les traîtres et les meurtriers. C'est justement ce que Jésus-Christ leur reproche dans la parabole. Après tous les prophètes, il a envoyé son Fils, Jésus-Christ lui-même : Ils respecteront mon Fils. Il avoit de quoi se faire respecter par sa doctrine admirable, et par ses miracles. Mais cependant ils l'ont traîné hors de la vigne, hors de Jérusalem, sur le Calvaire; et ils l'ont inhumainement tué par les mains du Ponce Pilate et des gentils. Admirez combien vivement Jésus les presse, comme il leur découvre ce qu'ils machinoient, ce qu'ils alloient accomplir dans deux jours. Ne devoient-ils pas être attendris ? D'autant plus que le Sauveur leur mit leur crime si évidemment devant les yeux, que leur ayant demandé ce que le père de famille feroit en cette occasion, ils avoient été contraints de répondre : Il punira ces méchans selon leur méchanceté, et il louera sa vigne à d'autres vignerons (3); ou, comme il l'explique après : Le royaume de Dieu vous sera ôté, et sera donné à un peuple qui en rapportera les fruits (4). C'est ce qui devoit arriver bientôt, lorsque les apôtres leur dirent: Il vous falloit premièrement annoncer la parole de Dieu mais puisque vous la rejetez, et que vous

(1) Matth. xxII. 34, 37. Luc. XIII. 34. (2) Act. vi. 52. (3) Matth. XXI. 41. ➡ (4) Ibid. 43.

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vous jugez indignes de la vie éternelle, nous passons aux gentils: car c'est ainsi que le Seigneur nous l'a ordonné: Je t'ai établi pour éclairer les gentils (1).

Voilà donc l'accomplissement de la parabole du Sauveur : le royaume de Dieu est ôté aux Juifs, et il est donné à un peuple qui en devoit porter les fruits. Car les gentils entendant la déclaration que les apôtres firent aux Juifs si hautement, se réjouirent, et glorifioient la parole de Dieu; et tous ceux qui étoient préordonnés à la vie éternelle, crurent (2). Ainsi les gentils portèrent les fruits que Dieu avoit attendus des Juifs, comme dit l'apôtre saint Paul : Le prépuce est imputé à circoncision aux gentils qui gardent la loi ; et il jugera les circoncis qui en sont prévaricateurs (3).

Ne trompons point l'attente du Sauveur : et puisque nous sommes cette nation qu'il a choisie pour porter les fruits de sa parole, fructifions en bonnes œuvres. Les fruits de l'esprit sont la charité, la joie, la paix, la patience, la bénignité, la bonté, la douceur, la foi, la modestie, la chasteté, la tempérance (4). Voilà les fruits qu'il nous faut porter, et non pas les œuvres de la chair qui fructifient à la mort qui sont les impuretés, les impudicités, les querelles, les jalousies, les ivrogneries, les débauches, et les autres que saint Paul raconte dans le même lieu (5). Autrement le royaume de Dieu Hous sera ôté comme aux Juifs, et un autre recevra notre couronne (6). Car si Dieu n'a pas pardonné

(1) Act. x. 46, 47. — (2) Ibid. 48. (4) Gal. v. 22. -- -(5) Ibid. 19, 20, 21. —

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(3) Rom. 11. 25, 26, 27. — (6) Apoc. 11. 11.

aux Juifs, qui étoient les branches naturelles de son olivier, il vous pardonnera encore moins (1). Ce sera là la grande douleur des Juifs, de voir entre les mains des gentils la couronne qui leur étoit destinée; lorsque, comme dit le Sauveur, ils verront venir les élus d'Orient et d'Occident, pour s'asseoir avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux, et que les enfans du royaume seront chassés dans les ténèbres extérieures. Là sera pleur et grincement de dents (2). Car on verra la place qu'on devoit avoir, la couronne qu'on devoit porter sur la tête; si réelle, qu'on verra actuellement cette place remplie par d'autres, et cette couronne sur une autre tête. Alors on pleurera sans fruit, et la rage sera poussée jusqu'au grincement de dents. Ecoute, écoute, chrétien! Lis ta destinée dans celle des Juifs mais lis et écoute dans le cœur; et ne laisse pas tomber à terre une parabole si claire et si clairement expliquée.

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O mon Dieu! vous me destinez cette couronne. Que je l'arrache promptement de vos mains: elle ne périra pas; car vous savez à qui la donner : vous connoissez vos élus, et le nombre en sera complet. Mettez-moi au nombre de ceux qui ne perdent point leur couronne.

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que c'est que rendre des fruits en son temps, et cette parole: L'héritage sera à nous. Matth. xxi. 41. Marc. XII. 7.

PESONS en particulier cette parole: Qui rendront le fruit dans le temps (1). Autre est le fruit de l'enfance, autre est celui de la jeunesse et de l'âge plus avancé : autre est le fruit d'un qui commence, autre le fruit de celui qui est consommé dans la piété : autre le fruit d'une novice, autre celui d'une religieuse autre le fruit de la cléricature, autre celui du sacerdoce, autre celui de l'épiscopat. Songez, non-seulement au fruit, mais encore à la maturité qu'il doit avoir; autrement le père de famille ne le recevra pas,

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Pesons encore ceci : L'héritage sera à nous (2). C'est l'indépendance qu'on cherche. Le prodigue veut qu'on lui donne son partage en pleine possession il se lasse d'être en tutelle sous la conduite d'un bon père. En faisant mourir Jésus-Christ, les pontifes s'imaginèrent qu'ils secoueroient un joug importun, et se déferoient d'une censure incommode. Qui désormais oseroit troubler la domination qu'ils exerçoient sur les consciences, et les pillages qu'ils faisoient sur ces prétextes? Mais la prudence de la chair est confondue même sur la terre; et ils perdirent, non-seulement les fruits, mais jusqu'au fonds

(1) Matth. x1. 41. — (2) Marc. x11. 7.

de l'héritage qu'ils vouloient avoir. Leur puissance leur fut ôtée; leur ville, leur temple furent renversés; et les voilà l'opprobre éternel des nations.

XXX. JOUR.

Aveuglement des Juifs de méconnoître le Christ, qui est la pierre de l'angle qu'ils ont rejetée. Lue. xx. 15

20.

ADIEU ne plaise, dirent-ils! Ils avoient en horreur ce qu'ils faisoient. Ils étoient ceux, qui après avoir tué les prophètes, vouloient encore tuer le fils; et néanmoins quand on leur dit qu'ils le vouloient faire, ils s'écrient: A Dieu ne plaise (1)! ne se connoissant pas eux-mêmes, et ne voulant pas croire que celui qu'ils feroient mourir pût être le Christ, ni que sa mort pût attirer la réprobation de la nation car ils ne connoissoient pas que la contradiction et la souffrance étoit un des caractères du Messie dans son premier avénement. Mais le Sauveur leur ouvroit les yeux par deux prophéties: La pierre qu'ils ont rejetée en bátissant, est devenue la pierre de l'angle (2), la pierre principale, le nœud et le fondement de tout l'édifice. Cette pierre principale étoit sans doute le Christ. Or cette pierre devoit être rejetée. Le Christ devoit donc être rejeté par qui, sinon par ceux à qui il venoit? II n'y eût rien eu de merveilleux, qu'il ne fût pas écouté ni reçu de ceux à qui il ne parloit pas, tels

(1) Luc. xx. 16. . (2) Ps. CXVII. 13.

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