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de plus élevé parmi les hommes devoit s'abaisser à ses pieds; et qu'à vrai dire, c'étoit à Dieu seul qu'appartenoit le triomphe. C'est pourquoi il est appelé, le Triomphateur d'Israël (1). Allez donc, ô Sauveur ! portez à votre Père dans son temple la gloire du plus beau triomphe qu'on ait jamais vu parmi les hommes, et la figure de tous les autres que vous devez remporter dans le ciel, sur toute la terre et sur les enfers.

Jésus-Christ devoit paroître dans le temple, nonseulement pour y rendre à Dieu le culte suprême, mais encore comme son fils: comme le fils de la maison (2): pour y ordonner ce que son Père, qui l'y envoyoit, lui avoit prescrit.

Ainsi, d'abord qu'il y entre, il regarde tout, et de tous côtés, selon la remarque de saint Marc (3).

Comme il étoit tard, il se retire pour ce jour; mais il y revient le lendemain. Il en chasse avec autorité les vendeurs et les acheteurs: il renverse leurs bureaux, leurs tables, leurs chaises, leurs marchandises, leur argent : il.n'épargne pas les personnes, qu'il chassa du saint lieu; apparemment à grands coups de fouet, et avec des cordes ramassées, comme il avoit fait autrefois, et en leur disant : Otez tout cela d'ici, et ne faites pas une maison de trafic de la maison de mon Père (4). Il parle donc, et il agit encore un coup, comme le fils de la maison, et avec une pleine autorité, sans que personne le contredise.

(1) I. Reg. xv. 29.-(2) Heb. 111. 6. — (3) Marc. x!. 11. — (4) Joan. u. 15, 16.

En même temps pour montrer cette autorité, il fait dans le temple ses guérisons ordinaires : il y guérit les aveugles et les estropiés qui se présentèrent (1). Il confirme ce qu'il avoit fait par l'Ecriture: Il est écrit, dit-il, Ma maison est une maison de prières (2) c'est ce que Dieu avoit dit par la bouche d'Isaïe. Il y ajoute le reproche: Et vous, dit-il, vous en faites une caverne de voleurs : ainsi que Jérémie l'avoit prédit (3).

Alors donc fut accompli cet oracle de David: Et moi j'ai été établi de Dieù comme roi sur Sion sa sainte montagne, annonçant et préchant ses préceptes (4). On vit dans son temple le Dominateur et l'Ange du testament, que Malachie avoit prédit (5). Jésus-Christ y exerce de plein droit toute l'autorité de son père : Il ne souffroit pas, dit saint Marc (6), qu'on passat avec un vaisseau par le temple, ni qu'on fit servir de chemin public un lieu si saint. L'Evangile ne dit pas qu'il le défendoit, mais qu'il ne le souffroit pas : et c'est-à-dire, à en juger par le reste de ses actions, qu'il les repoussoit et les chassoit, du moins qu'il les reprenoit avec menaces. S'il n'avoit fait qu'ordonner, ce seroit un acte d'autorité; mais il agit, il renverse, il frappe: ce qui est encore un acte de zèle. Ce qui fait aussi que saint Jean, et tous ses disciples appliquèrent à cette action, cette parole de David: Le zèle de votre maison m'a dévoré (7).

Le zèle est une ferveur de l'amour de Dieu, trop

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vif pour attendre le secours d'autrui, ni pour s'astreindre aux formes ordinaires; mais agissant par lui-même, et au-dessus de ses forces, avec une espèce d'excès, par une absolue confiance en la puissance de Dieu : c'est ce qui paroît dans cette action du Sauveur.

Remarquez ces paroles : Une caverne de voleurs: qui doit faire trembler tous ceux qui trafiquent ; puisqu'elle leur fait sentir, que dans l'usage commun, et si l'on n'y prend garde, le trafic n'est qu'un tissu de mensonge, de tromperie et de vol.

Remarquez aussi ayec tous les interprètes, que ce qu'on vendoit dans le temple, étoit des bœufs, des brebis, des colombes; toutes choses qui servoient aux sacrifices et néanmoins Jésus chasse tout: non que ces ventes fussent mauvaises; mais parce que ce n'étoit pas le lieu de les faire. Que feroit-il des discours, des irrévérences, et de tant de choses infâmes qu'on fait dans le temple?

Remarquez encore, qu'il parle en particulier à ceux qui vendent des colombes. Ce que les saints ont entendu des simoniaques qui vendent le Saint-Esprit et ses grâces; qui entrent par d'indignes commerces dans les emplois ecclésiastiques et spirituels; et qui, en quelque façon que ce soit, négocient pour avoir les voix de ceux qui les donnent. Otez, ôlez tout cela, dit le Sauveur.

Le temple alloit périr; et Jésus qui le va prédire, comme nous verrons, ne l'ignoroit pas : et cepen、 dant il en défend avec tant de zèle et d'autorité la sainteté, pendant qu'il subsiste. C'est donc pour apprendre aux chrétiens ce qu'ils doivent aux nou

veaux temples, dont le temple de Jérusalem n'étoit qu'une foible et imparfaite figure, et infiniment audessous des mystères des chrétiens, dont Jésus-Christ fait le fond, et où se trouve son saint corps et son sang précieux. Tremblons, tremblons à la seule vue et à l'approche de ce sanctuaire.

Mais nous avons toujours un temple (1). Notre ame en est un nos corps en sont un respectons ce temple si saintement consacré, et inséparable de nous-mêmes. N'y laissons entrer, ni même passer rien d'impur ni de profane. Gardons-nous bien de le faire servir à aucun indigne trafic. Respectons ce temple, et le Saint-Esprit qui y habite (2).

VII. JOUR.

Caractère d'humiliation dans le triomphe même du Sauveur. Jalousie des pharisiens. Joan. xII. 18, et suiv. Matth. xxI. 15, 16. Luc. xix. 39, 40.

Le règne du Sauveur devoit être glorieux et éclatant, quoique d'une autre gloire et d'un autre éclat que celui que les Juifs charnels s'étoient imaginé. Nous avons même vu que Jésus satisfaisoit en quelque façon, même à cette attente grossière d'une royauté sur la terre, par la pompe de ce jour ; et leur montroit que rien ne lui étoit plus aisé que de se faire reconnoître pour roi par tous les peuples, et qu'il y avoit à cela des dispositions merveilleuses. Mais afin de ne point sortir de ce caractère d'humiliation et de persécution, qui devoit le suivre partout jus(1) I. Cor. III. 16, 17. (2) Ibid. VI. 19.

qu'au dernier jour, il falloit qu'il y eût de la contradiction dans son triomphe ; et ce caractère y paroît dans la jalousie des pontifes, des pharisiens, et des docteurs de la loi. Cette jalousie nous est expliquée par cette parole de saint Jean; pendant que tout le monde alloit au-devant du Sauveur, et lui applaudissoit, les pharisiens se disoient les uns aux autres: Que ferons-nous : tout le monde court après lui (1) ? C'est ce qu'ils ne pouvoient souffrir; et c'est ce qui leur fit dire deux paroles qui sont marquées dans les Evangiles.

La jalousie les dévoroit; et pendant que jusqu'aux enfans, tout crioit qu'il étoit le fils de David, ils lui disoient Maitre, réprimez vos disciples. Entendez-vous bien ce qu'ils disent? Il leur répondit deux choses: l'une, N'avez-vous jamais lu ce qui est écrit: Vous avez tiré la louange la plus parfaite de la bouche des petits enfans, et de ceux qui sont à la mamelle (2)? Vous devez-vous donc étonner, si dans un âge plus avancé les enfans rendent à Dieu en ma personne des louanges et un témoignage plus éclatant? Si vous aviez la simplicité et la sincère disposition d'un âge innocent, vous loueriez Dieu comme eux; comme eux vous honoreriez celui qu'il envoie mais votre envie, votre fausse gloire, votre hypocrisie et votre fausse politique vous en empêchent. Dépouillons-nous de tous ces vices, et revêtons-nous de l'innocence et de la simplicité des enfans, pour chanter sincèrement et purement les louanges de Jésus-Christ.

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(1) Joan. XII, 19.

(a) Luc. xix. 39. Matth. xx1. 15, 16.

Ps. viii. 3.

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