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rable et la plus auguste, puisque c'étoit par l'admiration que causoient ses exemples, sa sainte vie, sa sainte doctrine, ses grands ouvrages, et ses miracles, sans aucun autre secours. Le Sauveur avoit paru par ces merveilles si secourable au genre humain, que les troupes oublioient tout pour le suivre avec leurs femmes et leurs enfans, jusqu'aux déserts les plus éloignés, sans songer à aucun besoin et Jésus en ayant nourri avec cinq pains d'orge et deux poissons jusqu'à cinq mille, sans compter les femmes et les enfans, ils furent tellement ravis, qu'ils vouloient venir en foule pour le faire roi, et le reconnoître pour le Christ. On eût donc vu dès-lors quelque chose de l'éclat qui a paru aujourd'hui, si Jésus, qui avoit ses temps réglés pour toutes choses, ne se fút retiré bien avant dans le désert pour l'empêcher (1).

Mais au jour des Rameaux, il lui plut de laisser éclater l'admiration que les peuples avoient pour lui. C'est pourquoi ils accoururent au devant de lui avec des palmes à la main, criant hautement qu'il étoit leur roi, le vrai fils de David qui devoit venir, et enfin le Messie qu'ils attendoient. Les enfans se joignoient à ces cris de joie; et le témoignage sincère de cet âge innocent, faisoit voir combien ces transports étoient véritables. Jamais peuples n'en avoient tant fait à aucun roi : ils jetoient leurs habits par terre sur son passage; ils coupoient à l'envi des rameaux verts pour en couvrir les chemins; et tout, jusqu'aux arbres, sembloit vouloir s'incliner et s'abattre devant lui. Les plus riches tapisseries, (1) Matth. xiv. 13. 21. Joan. v1. 14, 15.

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qu'on ait jamais tendues à l'entrée des rois, n'égalent pas ces ornemens simples et naturels. Tous les arbres ébranchés pour l'usage qu'on vient de voir; tout un peuple qui se dépouille pour parer en cette manière le chemin où passoit son roi, fait un spectacle ravissant. Dans les autres entrées, on ordonne aux peuples de parer les rues ; et la joie, pour ainsi dire, est commandée. Ici tout se fait par le seul ravissement du peuple. Rien au dehors ne frappoit les yeux ce roi pauvre et doux étoit monté sur un ânon, humble et paisible monture; ce n'étoit point ces chevaux fougueux, attelés à un chariot, dont la fierté attiroit les regards. On ne voyoit ni satellites, ni gardes, ni l'image des villes vaincues, ni leurs dépouilles, ou leurs rois captifs. Les palmes qu'on portoit devant lui marquoient d'autres victoires; tout l'appareil des triomphes ordinaires étoit banni de celui-ci. Mais on voyoit à la place les malades qu'il avoit guéris, et les morts qu'il avoit ressuscités. La personne du roi, et le souvenir de ses miracles faisoient toute la recommandation de cette fête. Tout ce que l'art et la flatterie ont inventé pour honorer les conquérans dans leurs plus beaux jours, cède à la simplicité et à la vérité qui paroissent dans celui-ci. On conduit le Sauveur avec cette pompe sacrée par le milieu de Jérusalem jusqu'à la montagne du temple. Il y paroît comme le seigneur et comme le maître, comme le fils de la maison, le Fils du Dieu qu'on y sert, ainsi que nous verrons. Ni Salomon qui en fut le fondateur, ni les pontifes qui y officioient avec tant d'éclat, n'y avoient jamais reçu de pareils honneurs.

Arrêtons-nous ici; et donnons le loisir de considérer le détail de ce grand spectacle.

II. JOUR.

Le règne de Jésus-Christ sur les esprits et sur les cœurs, par ses miracles, par ses bienfaits et par

19. Matth. XXI. I — 17.

sa parole. Joan. xii, 12
Marc. XXI. I 18. Luc. XIX. 28

48.

Ce qui attira au Sauveur toute cette gloire, ce fut le bruit de ses miracles, et en particulier celui de Lazare ressuscité, qui venoit d'être fait à la porte de Jérusalem. Car toute la troupe qui étoit avec lui lorsqu'il le fit sortir du tombeau, où il pourrissoit, lui rendoit témoignage et c'est pour cela que la troupe de ceux qui étoient venus à Jérusalem pour y célébrer la fête de Pâque, accourut au devant de lui, parce qu'ils avoient appris qu'il avoit fait ce miracle (1). On célébroit aussi ses autres miracles, dont la réputation avoit rempli toute la Judée. Et pendant qu'il descendoit la montagne des Olives, les troupes de ses disciples, saisies d'une joie subite, se mirent à louer Dieu de toutes les guérisons, et de toutes les merveilles qu'ils avoient vues (2).

Sa doctrine demeuroit aussi confirmée par ses miracles; car il les avoit faits expressément en témoignage de sa mission, et de la vérité qu'il annonçoit. Mon Père, avoit-il dit en ressuscitant Lazare, (1) Joan. xII, 17, 18. — (1) Luc. XIX.

.37.

je sais que vous m'écoutez toujours; mais je parle ainsi devant tout ce peuple, afin qu'ils croient que vous m'avez envoyé (1). Et dès le commencement de sa prédication, il avoit dit aux docteurs de la loi: Lequel est le plus facile de dire à un paralytique: Tes péchés te sont remis, ou de lui dire : Lève-toi, prends ton lit sur tes épaules, et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés : Lève-toi, mon fils, dit-il au paralytique, et va-t-en en ta maison (2). C'est pourquoi il joignoit ensemble la prédication de l'Evangile et la guérison des maladies. Il alloit par toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, et préchant l'Evangile du royaume, el guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple (3). C'est aussi ce qui lui attiroit cette grande réputation, et ama soit tant de monde autour de lui; car, ajoute le même évangéliste, sa réputation se répandit dans toute la Syrie, et plusieurs troupes le suivoient de la Galilée, et de la Décapole, et de Jérusalem, et de la Judée, et du pays d'au-delà le Jourdain (4). Ce furent donc ces troupes qui le suivoient qui commencèrent ces cris de joie, auxquels tout Jérusalem et tout le reste du peuple applaudit.

Sa doctrine ainsi confirmée, lui attiroit cette admiration, et la réputation d'un grand prophète; et il y avoit aussi dans ce qu'il disoit un caractère d'autorité, et une efficace qu'on n'avoit pas encore vue

(1) Joan. xi. 41, 42. — (2) Matth. xx. 5. Marc. 11. 9, 10, 11. Luc. v. 23, 24. — (3) Matth. 1v. 23. — (4) Ibid. 24, 25.

parmi les hommes. Car il les enseignoit comme ayant autorité et puissance, et non comme leurs docteurs et les pharisiens (1). Tout le monde l'appeloit Seigneur et Rabbi (2); c'est-à-dire, maître, quoiqu'il n'eût étudié sous aucun docteur de la loi, et qu'il n'eût fait aucune des choses qui donnoient ce titre parmi les Juifs. Tout le peuple étoit suspendu, et ravi en admiration en l'écoutant (3) : et on ne pouvoit douter qu'il ne fût celui à qui le Psalmiste avoit chanté: O le plus beau des enfans des hommes! la grâce est répandue sur vos lèvres (4). On quittoit tout pour l'entendre, tant le charme de sa parole étoit puissant, et tant on étoit non-seulement touché, mais ravi de l'agrément de ses discours, et des paroles de grâce qui sortoient de sa bouche; car tout le monde lui rendoit ce témoignage (5). Et ce n'étoit pas seulement ses disciples qui lui disoient : Maître, à qui irions-nous? Vous avez les paroles de vie éternelle (6) : mais encore ceux qui venoient avec ordre, et dans le dessein de le prendre, étoient pris eux-mêmes par ses discours, et n'osoient mettre la main sur lui (7) : en sorte que les pontifes, et les pharisiens qui les avoient envoyés, leur demandant : Pourquoi ne l'avez-vous pas amené? ils leur répondirent: Jamais homme n'a parlé comme cet homme (8): ce qui fit que les pharisiens étonnés leur demandoient: Ne voulez-vous pas aussi vous laisser séduire comme les autres (9) ? Mais ces docteurs et ces pharisiens eux-mêmes, qui

(1) Matth. vII. 29. — (2) Joan. 111. 2. — (3) Luc. XIX. 48. (4) Ps. XLIV. 3.-(5) Luc. 1V. 22. — · (6) Joan. vi. 69. — (7) Ibid. v11. 44.

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