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leur dit à eux-mêmes: Vos maisons seront abandonnées, vous et vos enfans porteront votre iniquité (1); et tout périra par les Romains que vous faites semblant de vouloir ménager.

Sans être dans les affaires publiques, chacun peut ici considérer ce que c'est que la fausse prudence ou la prudence de la chair: ses artifices pour cacher aux autres, et souvent à elle-même ses mauvais desseins les vains prétextes dont elle se sert pour cela: sa présomption à faire l'habile, pendant qu'en effet elle est dans la souveraine ignorance: ses fausses maximes pour décider de ce qu'on appelle cas de conscience, et l'abus qu'elle fait des bonnes : l'abus qu'elle fait aussi de son autorité, lorsqu'elle en a; et même quelquefois de la grâce de son ministère, comme fit Caïphe de la prophétie (2), en quelque sorte annexée au pontificat, comme saint Jean le remarque. Tout cela peut découvrir à chacun les fautes qu'il fait dans la conduite de sa famille, de sa communauté, de soi-même en particulier comme on s'entête du bien des communautés à qui souvent on sacrifie des particuliers innocens. Encore croit-on rendre service à Dieu; comme Jésus-Christ le dit distinctement des pontifes (3), et des autres ennemis de la vérité.

Pour venir à quelque chose de plus tendre, unissezvous en esprit à tous ces enfans de Dieu dispersés par tout l'univers, que la mort du Sauveur devoit recueillir (4).

(1) Matth. xx111. 38. Luc. xix. 43, 44. xx1. 20, 23, 24. — (2) Joan. XI. 51. (3) Joan. XVI. 2. - (4) Joan. xi. 52, et seqq.

Le y. 53 nous fait voir le résultat du conseil, et la mort du Fils de Dieu résolue : ce qui l'obligea à se cacher jusqu'au temps qu'il avoit résolu.

Cependant la pâque approchoit, vers le temps de laquelle il devoit mourir. Tout se préparoit à cette pâque, et en même temps à la mort du Sauveur : puisque déjà l'ordre étoit donné à tous ceux qui sauroient où il étoit, de le déclarer, afin qu'on le prît.

Demeurez en attente de ce qui doit arriver à Jésus. Et en voyant comment on venoit plusieurs jours devant la pâque pour s'y disposer; considérez la disposition que vous devez apporter à la pâque véritable, qui est la communion.

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VIII. JOUR.

Profusion des parfums sur la tête et les pieds de Jésus, en différens temps. Joan. XII. 1, 12.

COMME le temps approchoit, Jésus sort de sa retraite autour d'Ephrem (1), et revient à Béthanie, c'est-à-dire, comme on a vu, aux portes de Jérusalem, six jours devant Pâque.

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Ce qui s'y passa d'abord de plus remarquable fut un festin, où Lazare étoit à table avec lui dans sa maison. Marthe gardoit son caractère, et servoit. Marie aussi, pour garder le sien, se mit selon sa coutume aux pieds de Jésus, qu'elle oignit d'un parfum exquis, et les essuya de ses cheveux (2).

(1) Joan. xi. 54. — (2) Ibid. x11. 3.

Il est arrivé trois fois au Sauveur d'être oint par de pieuses femmes. Ce qui paroît non-seulement dans saint Jean, comme nous venons de le voir, mais encore dans saint Luc, ch. vII. 37, et suiv.; dans saint Matthieu, ch. xxvi. 6, et suiv., et dans saint Marc, ch. xiv. 3, et suiv.

En saint Luc la femme n'est pas nommée : et il paroît seulement que c'étoit une pécheresse pénitente. Ses larmes, dont elle arrosoit les pieds de Jésus, sont le caractère de sa pénitence; et Jésus-Christ lui ayant donné expressément la rémission de ses péchés, confirme ce caractère. C'en est aussi une belle confirmation, d'avoir expliqué comme il a fait, la nature et les devoirs de l'amour pénitent, et de montrer jusqu'où le porte la reconnoissance.

Ce caractère d'amour pénitent ne se trouve point dans ce chapitre de saint Jean, où il est dit seulement que Marie répandit son parfum sur les pieds de Jésus, et les essuya de ses cheveux; mais sans y parler de larmes, ni des doux et pieux baisers de la pénitente. Il n'y en a rien non plus en saint Matthieu, ni en saint Marc. Ces deux évangélistes marquent le parfum répandu sur la tête, pendant que Jésus étoit à table : ce qui étoit très-facile en ces temps où les conviés étoient à table couchés. Il est dit dans saint Jean, que la maison fut toute remplie de la bonne odeur du parfum (1). Les lieux comme les temps de ces onctions sont marqués. La pécheresse pénitente fit son onction long-temps avant la dernière pâque, dans la maison de Simon le

(1) Joan. XII. 3.

pharisien, comme le raconte saint Luc. La seconde onction qui est clairement attribuée à Marie, sœur de Lazare et de Marthe, se fit à Béthanie, six jours devant Pâque, dans la maison de Lazare et de ses sœurs, selon saint Jean. Et la troisième encore à Béthanie, mais chez Simon le lépreux, et seulement deux jours avant Pâque, comme le marquent S. Matthieu et S. Marc (1). Dans la première et dans la troisième onction, la femme n'est pas nommée. Dans la seconde, il est porté expressément dans saint Jean, que celle qui la fit, fut Marie, sœur de Lazare. Et soit que les trois différentes onctions aient été faites par différentes personnes, selon l'opinion de quelques-uns, ou par la même, selon quelques autres, en divers temps, et avec différentes circonstances, il faut profiter de chaque caractère qui nous y paroît.

Il faut aussi remarquer que ces profusions de parfums scandalisèrent deux fois les hypocrites, et même les disciples qui n'en savoient pas le mystère; et que Jésus aussi prit deux fois la défense de ces pieuses profusions.

Parfumer Jésus, c'est lui donner des louanges: parfumer la tête de Jésus, c'est louer et adorer sa divinité: car la tête de Jésus-Christ, comme parle saint Paul (2), c'est Dieu. Parfumer ses pieds, c'est adorer son humanité et ses foiblesses. Essuyer les pieds de Jésus avec ses cheveux, c'est mettre à ses pieds sacrés son ornement, et sa tête même, avec toutes les vanités et la parure du siècle. Tout est sa

(1) Joan. x11. 4. Matth, xxvi. 8. Marc. xiv. 8. —(2) I. Cor. xi. 3.

crifié à Jésus on ne veut plaire qu'à lui : des cheveux qui ont touché les pieds de Jésus, pourront-ils jamais servir à la vanité? C'est ainsi que Jésus veut être aimé. Il est seul digne d'un tel amour, et de tels hommages.

On ne répand pas seulement ces riches parfums sur Jésus on rompt la boite d'albâtre où ils étoient renfermés, dit saint Marc (1), afin qu'il ait tout. Sa tête et ses pieds ruisselèrent donc de ces admirables parfums et toute la maison en fut embaumée. L'exemple de la piété de ces saintes femmes a rempli toute l'Eglise de sa bonne odeur.

Quand la pécheresse approcha des pieds de Jésus, on disoit (2): S'il étoit prophète, il ne se laisseroit pas toucher par cette pécheresse. Ici on ne lui reproche rien contre celles qui le touchent; soit qu'elles n'eussent jamais été pécheresses; soit qu'il y eût déjà si long-temps que la mémoire en fût effacée par leur pénitence. On leur fit ici un autre reproche, et c'est celui de leur profusion On pouvoit vendre ces parfums trois cents deniers et plus : tant ils étoient précieux, tant l'effusion en fut abondante: et les donner aux pauvres (3). L'amour des pauvres fut le prétexte dont on se servit, pour condamner la piété de ces femmes qu'on appeloit indiscrète; et pour couvrir l'envie qu'on avoit contre Jésus, et des honneurs qu'on lui faisoit : et Judas se signala parmi ces faux charitables, et ces faux dévots. Les plus méchans sont les plus sévères censeurs de la conduite (3) Joan. xIL. 5. Marc.

(1) Marc. xiv. 3. (a) Luc. vii. 39. XIV. 5.

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