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nerie ou en bois. Pour compléter l'examen d'un front, il nous reste à chercher comment il conviendrait de modifier les dehors, pour en tirer le meilleur parti possible. Cet examen sera l'objet du quatrième Mémoire. » L'auteur a traité ce dernier sujet avec plus d'étendue que les précédens, et ses idées sont exposées avec une grande clarté. La multitude et la variété des formes qu'il passe en revue pour y faire les modifications nécessaires ne nous permet point de le suivre dans cette excursion, quelque rapide qu'elle soit : nous ne pourrions ni l'abréger, ni généraliser cette partie de son travail. En comparant, suivant sa méthode, les avantages des changemens qu'il propose aux frais qu'ils entraîneraient, il trouve que la force d'une place moderne, ou la durée des travaux de siége nécessaires pour la prendre, serait dans le rapport de 112 à 22 (plus que quintuple), et que les frais de construction ne seraient que d'un quart en sus. On peut juger par là de l'attention que mériteront ces Mémoires, aussi long-tems que le système des places fortes sera conservé. Ajoutons que les vues de l'auteur ont obtenu les éloges du comité du génie : un tel suffrage recommande assez aux militaires de chercher dans ce livre une instruction sûre et profitable; ils n'y trouveront rien qui soit au-dessus de la portée de tout officier qui s'est mis en état d'acquérir des connaissances applicables sur toutes les parties de l'art de la guerre.

FERRY.

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DE LA NÉCESSITÉ DES SIGNES POUR LA FORMATION des Idées; et de divers sujets de PHILOSOPHIE MORALE; par N. J. B. TOUSSAINT (1).

La question traitée dans cet ouvrage est une des plus importantes parmi celles dont s'occupe la philosophie de l'esprit humain. Dans les premières années qui suivirent la création de l'Institut national de France, la classe de ce corps savant qui devait spécialement s'occuper de l'étude et du perfectionnement des sciences morales et politiques proposa pour sujet de prix de déterminer l'influence des signes sur la formation des idées. Deux mémoires attirèrent l'attention et méritèrent le suffrage de l'Institut: l'un, qui était de M. Degérando, fut couronné; l'autre, du savant et respectable M. Prévost, de Genève, fut mentionné honorablement. Mais, peu de tems après, Bonaparte crut devoir, dans l'intérêt de son autorité absolue, supprimer cette classe de l'Institut, dont la création avait été reconnue si utile dans l'état présent des lumières et des études en France. Un gouvernement qui, en se déclarant constitutionnel, abjurait les principes de violence et de despotisme presque sauvage de l'usurpateur, aurait dû peut-être s'empresser de réparer cette faute de la précédente administration; mais les hommes qui s'occupent de spéculations morales et politiques ont paru presque suspects et dangereux aux agens du pouvoir, depuis la restauration, aussi bien que sous l'empire. Vainement quelques personnes ont tenté d'importer parmi nous le mysticisme et l'illuminisme qui caractérisent, en grande partie, la philosophie de nos voisins d'outre

(1) Stuttgart et Tubingen, 1827. 1 vol. in-8° de xiv et 380 pages,

Rhin. La puissance occulte qui, sous prétexte de raffermir les idées morales, religieuses et monarchiques, s'est emparée d'une influence très-active et très-étendue, n'a guère été moins intolérante pour le kantisme, que Bonaparte ne l'avait été pour l'idéologie.

Quoi qu'il en soit, l'auteur de l'écrit que nous annonçons appartient évidemment à cette école française, sur laquelle on s'est appliqué, dans ces derniers tems, à jeter beaucoup de défaveur; il ne se le dissimule pas, et paraît compter sur un petit nombre d'approbateurs, ou même de juges impartiaux, ainsi qu'il le dit assez expressément dans son Avant-Propos. Toutefois on ne saurait s'empêcher de reconnaître qu'il y a de la sincérité dans ses recherches, de la tolérance dans ses sentimens, et dans tout son livre une connaissance assez étendue des sujets qu'il traite. Ce sont là assurément des titres à l'estime et à l'attention sérieuse de tout lecteur ami du vrai et avide de s'instruire.

M. Toussaint paraît avoir voulu ramener la philosophie de l'esprit humain à la méthode introduite par Locke, et adoptée, depuis ce philosophe, par Condillac et par plusieurs écrivains distingués en France et en Écosse. Nous ne pouvons qu'applaudir à un pareil dessein, étant convaincus que la science de l'entendement, comme toutes les autres sciences naturelles, ne peut avoir pour fondement que des faits, dont il s'agit uniquement de tracer avec fidélité le tableau, et de montrer l'enchaînement et l'influence réciproque. Le même auteur paraît aussi peu disposé à applaudir à la littérature dite romantique, qu'à la philosophie appelée transcendante ou transcendantale : comme lui, nous attendrons que les partisans plus ou moins déclarés de ces nouveautés, dont la dernière est en grande partie renouvelée des Grecs, ayent produit quelques chefsd'œuvre en éloquence ou en poésie, quelque système fécond et surtout intelligible en métaphysique, pour joindre nos éloges à ceux qu'ils se donnent à eux-mêmes par anticipation. Qu'ils marchent donc, s'ils veulent que nous croyions à ce grand mouvement qu'ils se prétendent capables de donner à l'esprit

humain. Nous félicitons aussi M. Toussaint d'avoir renoncé à l'appareil des termes scolastiques qui défigurent, à notre avis, plusieurs ouvrages récemment publiés sur des sujets de métaphysique; et surtout de s'être garanti de l'abus de ce style ampoulé et grotesquement poétique, si fort à la mode aujourd'hui parmi les métaphysiciens, mais qui nous semble aussi contraire au bon goût qu'à la saine raison. Enfin, il n'a peutêtre pas tort d'adopter le mot idéologie, employé pour la première fois, autant que nous pouvons le savoir, par M. de Tracy, au lieu du mot métaphysique, qui n'a jamais été ni grec ni latin, et dont le sens, en français, est encore si peu ou si mal déterminé; au lieu du mot psychologie, qui a l'inconvénient de mettre en fait ce qui est en question, ou du moins d'énoncer comme démontré ce qui est l'un des principaux objets des recherches ou des démonstrations de la science. Idéologic signifie simplement théorie, ou exposition, ou science des idées, et indique par conséquent la nature et l'objet des recherches qu'on se propose dans ce genre d'études. Mais alors il faut prendre le mot idée dans le sens que Locke et ses plus illustres successeurs lui ont donné; dans le sens qu'on lui donne même dans le langage le plus ordinaire, c'est-à-dire qu'il faut enlendre par ce mot tout fait de l'entendement ou de l'esprit dont nous avons une conscience distincte.

Il nous semble que si l'auteur du livre que nous examinons avait adopté cette définition, il aurait eu de plus justes motifs pour préférer, comme il l'a fait, le nom d'idéologie qu'il donne à la science même de l'entendement. Mais si l'on appelle idée, comme le veut M. Toussaint « toute collection de qualités, de propriétés, etc., des objets attachés à un signe», il s'ensuit qu'il n'y aura en effet d'idées que celles qui seront représentées par des signes, et que cet auteur aura traité de la nécessité des signes, pour la formation des idées qui sont exprimées ou représentées par des signes, ce qui ressemble beaucoup à ce qu'on appelle en logique une pétition de principe. Le programme proposé autrefois par la classe des sciences morales. et politiques de l'Institut, en demandant aux concurrens de

déterminer l'influence, c'est-à-dire apparemment les effets, et en quelque manière, le mode d'action des signes sur la formation des idées, laissait entendre qu'il pouvait y avoir d'autres idées que celles qui sont exprimées par des mots, et c'est, nous le croyons, ce qu'on peut conclure de la doctrine de Locke et de ses successeurs sur ce sujet.

Au reste, la question, énoncée comme elle l'est par M. Toussaint, malgré l'inconvénient que nous avons cru remarquer dans sa manière de l'envisager, présente encore d'assez grandes difficultés, et l'a conduit à des considérations qui ont un véritable intérêt, et où se montrent avec avantage la justesse et la sagacité de son esprit. Sous ce rapport, nous pensons que son livre mérite d'être médité, et pourra être lu avec fruit par tous ceux qui s'intéressent à ce genre de spéculations.

Voici comment il résume lui-même, en peu de mots, les points principaux de sa doctrine (p. 158 et suiv.) : « L'homme est un être organisé et sensible, placé au sommet de l'échelle de la vie par son degré d'animation. Nous avons reconnu en lui trois faits organiques essentiels : le système nerveux cérébral, qui le met en rapport avec toutes les autres existences, par le moyen des cinq sens; le système nerveux ganglionique, d'où partent les déterminations instinctives; et l'organe vocal, propre à rendre des sons articulés; l'ensemble de ces trois faits constitue dans l'homme la sensibilité animale, d'où résultent les phénomènes de l'instinct, de l'intelligence et de la parole. Ceux-ci forment l'entendement, qui doit s'entendre de la faculté de penser, depuis le commencement de son action jusqu'à ses progrès les plus élevés.

« En remontant aux actes primitifs de l'entendement, nous avons trouvé, dans la sensation et dans les signes vocaux, les élémens de l'édifice intellectuel. En effet, de la sensation nous avons vu naître les affections et les images, comprises sous le nom de perceptions. La perception nous a paru être le produit d'une première sorte d'abstraction, et le premier échelon de la connaissance humaine.... Les perceptions attachées à des signes ont donné, d'une part, en restant isolées, et par abstrac

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