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ou de cette étendue, à un point qu'on place où on veut, & qu'on nomme le centre des momens. Il s'en faut beaucoup que ceci préfente une idée claire à ceux qui n'ont que très-peu de connoiffances en Méchanique : mais nous effayons d'éclaircir ces idées, & de les rendre, autant que la chose en est susceptible, à la portée de tout le monde. Ensuite nous donnons des exemples de l'application de cette méthode, & aux fyftêmes de corps graves, & aux vaiffeaux mêmes, que nous fuppofons d'abord formés d'une substance homogêne, & ensuite rempli de corps de différente pefanteur.

Comme on doit regarder toute la pefanteur d'un corps grave comme réuni dans fon centre de gravité, il s'enfuit qu'un corps grave suspendu par fon centre de gravité, se place dans une ligne verticale, dont la direction paffe par le point d'attache, le centre de gravité du corps fufpendu, & le centre de la terre. Mais un corps flottant n'est pas ainfi foutenu par fon centre de gravité: il l'eft par la preffion de tous les filets d'eau environnans, qui agiffent chacun fur une partie infiniment petite de la furface du corps flottant. Ainfi on peut imaginer que cette force de preffion agit fur toutes les parties de la portion du corps folide submergé pour le foulever, comme la pefanteur agit fur toutes les parties de la matiere pour les approcher du centre de la terre. Nous examinons fort en détail ce qui doit résulter de ces deux forces antagonistes; car de même que l'effet de la pefanteur de toutes les parties fe réunit en un point qu'on nomme le centre de gravité, l'effet de la preffion de l'eau fur toutes les parties d'un corps flottant se réunit en un point qu'on peut nommer le centre de preffion: or, fuivant la position de ces deux centres

dans le folide de la carene d'un vaiffeau, il en résulte, ou qu'elles détruisent mutuellement leurs effets, ou que ces deux forces agiffent de concert, tantôt pour remettre le vaiffeau dans fon affiette, & tantôt pour le faire renverfer; nous infiftons fur ces confidérations, parce qu'elles nous ont paru avoir une application directe à l'objet qui nous occupe dans ce Chapitre, & nous concluons des principes précédemment établis, qu'un corps flottant fe rétablira dans le vertical qu'on defire, quand fon centre de gravité sera au deffous du point où fe réunit la poufféc de l'eau : la stabilité sera diminuée pour peu que le centre de gravité soit au dessus du centre de preffion, & il renverfera infailliblement quand le centre de gravité fera porté à une certaine élévation au dessus du centre de la preffion de l'eau ; car dans ce dernier cas, les deux forces agiront de concert pour le renverfer, comme dans le premier elles s'accordoient à le maintenir dans fon affiette.

Nous parlons de ce que M. Bouguer a nommé le Métacentre, qui est un point où le centre de gravité étant placé, le vaisseau est tout prêt à se renverser : mais nous n'en donnons qu'une légere idée, parce que, pour fixer exactement ce point, il faudroit plus que la Géométrie élémentaire, & nous ne pourrions rien dire de plus clair que ce qu'on trouve dans le Traité de la Manoeuvre des vaiffeaux de M. Bouguer.

Pour faire enfuite ufage de ces principes, nous faifons remarquer: 1°. Que l'élévation & la pefanteur de toutes les parties qui font au deffus de la ligne de flottaifon diminuent la ftabilité des vaiffeaux: 2°. Qu'en augmentant le poids de la partie qui eft dans l'eau, on augmente la stabilité, & on l'augmente d'autant plus, que les corps les plus pefans font placés plus bas: 3°. Qu'on ne gagne pas

beaucoup de stabilité en augmentant la longueur du vaiffeau: 4°. Que l'augmentation du creux produit peu de ftabilité, en fuppofant la carene homogêne; mais elle l'augmente dans un bon arrimage, parce qu'on abaisse les poids qui font au deffous de la flottaison, & ainfi ils agiffent par un plus long bras de levier : 5°. Que l'augmentation de largeur eft plus favorable qu'aucune autre à la stabilité; car elle eft augmentée en raison des cubes.

Nous terminons ce Chapitre par quelques réflexions qui ont rapport à l'arrimage, & aux mouvemens de tanguage & de roulis.

Nous aurions defiré ajouter à ce Chapitre un calcul exact du vaisseau qui a fervi d'exemple, ainsi que nous l'avons fait pour le déplacement & la résistance du fluide. Mais les circonftances de la guerre nous ont empêché d'avoir à temps les données qui feroient nécessaires pour ces calculs: comme M. Coulomb, Constructeur des Vaiffeaux du Roi à Toulon, M. Boullement, Sous-Ingénieur de la Marine, & plufieurs autres personnes inftruites s'oc cupent de cet objet, le Libraire pourra faire imprimer leur ouvrage, & le donner par forme de fupplément, en y joignant les calculs néceffaires pour s'affurer fi les vaifseaux tiendront bien la ligne du vent, s'ils font sensibles à leur gouvernail, &c.

On trouvera à la fin de cet ouvrage une Table des matieres, & une explication des termes d'art dont j'ai fait usage: enfin j'ai effayé de fimplifier autant qu'il m'a été poffible l'étude des élémens d'une science qui eft très-utile aux Marins: je m'estimerai heureux s'il eft reçu favorablement d'un corps que je respecte, & auquel j'ai l'honneur d'être attaché depuis plus de 30 ans,

TRAIT É

DE LA

CONSTRUCTION PRATIQUE DES VAISSEAUX.

CHAPITRE PREMIE R.

De l'Echantillon & des Dimenfions des principales Pieces qui entrent dans la Conftruction des Vaiffeaux.

J

E dois prévenir que mon intention n'eft point de traiter de la charpente du vaisseau, de faire l'énumération de toutes les parties qui la compofent, de parler de leur affemblage, du rapport qu'elles ont les unes avec les & de la façon dont chacune contribue à la fo

autres,

A

Chap. II,

art. 9.

lidité de ces grandes maffes qui doivent résister aux fureurs de la mer, capables de renverfer tous les jours des jettées & d'autres édifices fondés fur les meilleurs terreins, & bâtis avec toute la folidité poffible. Quoique je ne me fois point propofé de traiter expreffément de toutes ces parties qui demanderoient un ouvrage plus étendu, je ne puis me difpenfer de dire quelque chofe des principales pieces qui entrent dans la conftruction des vaiffeaux, en faveur de ceux qui n'ont aucune connoiffance de la marine, afin qu'ayant pris une idée générale de leur pofition & de leur ufage, ils ne foient point arrêtés par des noms qui ne fervent que dans la conftruction; fans ce secours, ils auroient peine à concevoir ce que nous dirons dans la fuite: mais je reftreindrai ce chapitre à ce qui me paroîtra le plus effentiel, d'autant qu'on ne peut guere donner de regles juftes fur ces fortes de dimenfions, parce que les conftructeurs font forcés de s'écarter de l'ufage le plus ordinaire, fuivant les circonftances, & particuliérement relativement à la qualité du bois qu'ils doivent employer; car on pourroit diminuer l'échantillon, fi on avoit des bois de la premiere qualité, & on eft obligé de l'augmenter, quand la qualité des bois eft médiocre. Néanmoins la table qui est à la fin de ce chapitre, fournira des à-peu-près fort utiles à ceux qui n'ont point un grand ufage de la Conftruction.

I

De la Quille. A.

Si on compare la carcaffe d'un vaiffeau à un fquelette, les membres ou couples en font les côtes, & la quille l'épine du dos: elle eft la premiere piece qu'on met fur le chantier de conftruction; & pour s'en former une idée il faut fe repréfenter une ou plufieurs groffes poutres qu'on place bout à bout, & qu'on affemble les unes aux autres des empatures ou entailles, qui étant faites dans les deux pieces, forment un aflemblage à mi-bois, qu'on

par

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