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divifion progreffive des liffes, afin de connoître les points où elles doivent être coupées par les couples. On vient de voir dans le Chapitre 5, que l'ouverture des couples donne la longueur des ordonnées des courbes, qui repréfentent les liffes fur le plan horizontal; ce qui fait concevoir clairement que fi on avoit le contour des liffes fur le plan horizontal, on pourroit s'en fervir pour déterminer avec beaucoup d'exactitude les points par lefquels les couples doivent paffer fur les liffes du plan de projection. Les Constructeurs ont profité de cette propriété des liffes, pour imaginer une méthode par laquelle en conduifant à la fois le plan de réduction & le plan horizontal des liffes, ils s'épargnent bien de la peine fans rien' diminuer de l'exactitude de leur ouvrage : mais il ne faut choisir cette méthode que quand on eft fort verfé dans l'art de faire des plans. Voici l'idée générale de cette méthode.

Il faut faire le plan d'élévation en suivant ce qui eft dit dans le Chapitre troisieme on trace enfuite le maî tre couple, l'eftain, le couple du coltis, les deux couples du balancement & les liffes, fur le plan de projection, en se conformant à ce qui eft détaillé dans le Chapitre 4, puis on commence le plan horizontal, par faire un parallelogramme, dans lequel on trace les couples, & on marque fur le maître couple, fur les couples de balancement, fur l'eftain & fur le couple du coltis, les points par lefquels les liffes doivent paffer, fe conformant en tout ceci à ce que j'ai dit dans le Chapitre 5; puis avec l'aide d'une regle ployante qu'on fait répondre aux cinq points qu'on vient de marquer, on trace tout de fuite les liffes, c'eft ce qu'il n'eft guere poffible

poffible d'exécuter quand on n'a pas contracté une grande habitude de faire des plans: mais quand les liffes font tracées bien réguliérement, l'ouvrage eft prefque fini; car pour achever le plan de projection, il ne faut plus que rapporter fur les liffes de ce plan la longueur des ordonnées qu'on prend fur le plan horizontal. Les 24 Articles du fixieme Chapitre font uniquement employés à expliquer cette méthode.

On pourroit auffi faire le plan de réduction, en prenant les ordonnées des lignes d'eau qu'on auroit précédemment tracées à peu près, comme on l'a expliqué pour les liffes.

CHAPITRE SEPTIEME.

L'étude de ce qui eft dit dans les Chapitres 3, 4, 5 & 6, jointe à beaucoup d'exercice, fuffira, je crois, pour apprendre à faire les différens plans d'un vaisseau : mais il ne faut pas croire que la fcience du conftructeur se borne à ces opérations graphiques; un plan proprement deffiné, pourroit en imposer, quoiqu'il eût des défauts essentiels. Ainsi, pour réuffir, il faut avoir toujours préfent à l'efprit toutes les bonnes qualités qu'un vaisseau doit avoir, je les rapporte au commencement du feptieme Chapitre; il faut de plus fçavoir ce qui doit réfulter des différentes figures qu'on donne à la carene du vaisseau qu'on projette : j'ai cru devoir aider ici les commençans, en détaillant quelle eft la forme des gabaris qui peut rendre un vaiffeau propre à porter la voile, à être fenfible à fon gouvernail & à la manœuvre à avoir une belle batterie, des mouvemens doux, à bien divifer le fluide, à dériver peu, &c, Mais

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comme il n'est pas poffible de réunir dans un même vaiffeau toutes ces qualités à un degré éminent, il faut perdre d'un côté pour gagner d'un autre, & l'art confiste à conferver fi exactement un jufte milieu, que le vaiffeau qu'on projette n'ait point de défauts confidérables: c'est ce que j'effaye de faire appercevoir dans les Articles 9, 10, 11, 12, 13, 14 & 15, qui pourront être fort utiles aux jeunes constructeurs.

Ils feront cependant bien de ne pas fe contenter de ces confidérations générales; la précision est ici trop importante: ainfi quand on a fait un plan par les méthodes que j'ai indiquées, & relativement aux remarques qui font répandues dans tout cet ouvrage, & qui font particulièrement l'objet du feptieme Chapitre, il faut en venir à un examen févere, & s'affurer par le calcul fi le vaiffeau qu'on projette n'aura point de défauts effentiels.

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Une des plus importantes qualités d'un vaiffeau de guerre, eft d'avoir une belle batterie. Tout ce que nous avons dit jusqu'à préfent ne donne aucune certitude que le vaisseau dont on fait le plan aura l'élévation de batterie qu'on a compté lui donner, rien n'affure que le vaiffeau chargé & prêt à faire campagne, n'entrera dans l'eau que jufqu'à la ligne d'eau la plus élevée de toutes celles qui font marquées fur le plan. Le huitieme Chapitre eft uniquement deftiné à fournir les moyens de s'en rendre certain. Je commence en faveur de ceux qui n'ont que peu de connoiffance de la Phyfique, à prouver par des expériences fenfibles, que les fluides ont la

propriété de pouffer les corps vers leur fuperficie avec une force égale au poids, du volume du fluide, que les corps déplacent. Ce principe d'hydraulique une fois bien établi, il est clair que les vaiffeaux doivent entrer dans l'eau jusqu'à ce qu'ils ayent déplacé un volume d'eau d'un poids égal au leur. Ainsi, pour réfoudre ce' problême fi important à l'Architecture navale, il faut fçavoir, 1°. quel fera le poids du vaiffeau qu'on projette lorsqu'il sera armé ; je donne différens moyens pour le connoître avec une exactitude suffifante: 2°. quelle fera la quantité de pieds cubes d'eau que la carene déplacera lorsque le vaiffeau entrera dans l'eau jusqu'à la ligne de flottaison; on parvient à s'en affurer par un calcul bien fimple, que j'explique dans le plus grand détail: 3°. quel est le poids de ce volume d'eau déplacé par la carene c'est une chose d'expérience qui fe réduit à fçavoir le poids d'un pied cube d'eau de mer. Ces trois élémens connus, rien n'eft fi fimple que de comparer le poids du volume d'eau déplacé avec celui du vaisseau armé, & prêt à faire campagne; ainsi on a un moyen bien fûr de fçavoir à très-peu de chose près, fi le vaiffeau qu'on projette aura une belle batterie.

Le poids d'un pied cube d'eau de mer eft donc un élément essentiel à la résolution du problême dont il s'agit. M. Bouguer l'a fixé ( d'après des expériences faites en pe tit ) à 72 livres ; mais à Brest les conftructeurs s'en rapportant à des expériences que feu M. Ollivier prétendoit avoir fait avec beaucoup d'exactitude, le supposent fort approchant de 74 livres, & ils font leurs calculs fur ce pied.

Nous lui avons fuppofé ce même poids dans le hui

tieme Chapitre; mais comme la différence qui se rencontre entre le résultat des expériences de M. Bouguer, & celles de M. Ollivier, est assez confidérable pour rendre les calculs fort défectueux, j'ai cru qu'il convenoit de vérifier par de nouvelles expériences le poids d'un pied cube d'eau de mer.

Comme je n'étois pas à portée d'avoir de cette cau je fus obligé de me borner à connoître la pefanteur relative de l'eau de mer & de l'eau douce, pour en conclure enfuite le poids effectif de l'eau de mer: ainsi je priai M. Choquet, Commiffaire-Contrôleur de la Marine à Brest, dont le zele & l'exactitude font connus, de fe charger de l'expérience que je vais rapporter.

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Il prit une grande bouteille de verre qui pesoit vuide livres 8 onces.

Il la remplit d'eau de mer prise à trois lieues de l'embouchure de la riviere de Landernau, à deux lieues & demie de celle de Landevenec, dans le grand chenal de la rade, quelques minutes après le coup de la pleine mer le 6 Septembre 1751, entre quatre heures & demi, & cinq heures du foir; c'étoit le second jour de la vive cau ou de la grande marée.

La bouteille remplie de cette eau pefoit 56 livres 6 gros, & fi on fait la fouftraction du poids de la bouteille, la pesanteur effective de cetté eau de mer étoit de 51 li-vres 8 onces 6 gros.

Après avoir lavé la bouteille avec de l'eau douce, il la remplit avec de cette eau prife à la fontaine de Ponta niou qui est dans le port de Brest, dont la fource eft beaucoup plus élevée que les plus hautes marées, & dont l'eau eft plus claire & plus vive que celle des fontaines de la ville,

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