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geur qu'on donnera aux fabords & à l'espace qui doit être d'un fabord à l'autre, &c. On le trouvera dans ce Chapitre.

Il faut néanmoins convenir que les conftructeurs font très-bien dans des cas particuliers, de s'écarter des regles qu'ils fuivent communément, & qu'ils ont euxmêmes fixées fur les obfervations des Officiers.

Mais, dira-t'on, puifque les conftructeurs font affez d'accord fur la dimenfion des parties qui forment les élémens de la longueur, pourquoi a-t'on fait des vaisseaux qui font exceffivement longs? La raison en est claire; c'est qu'on a augmenté le nombre des fabords de la premiere batterie, d'où il s'en eft fuivi une augmentation exceffive fur la longueur de quelques vaiffeaux qu'on a jugé à propos de conftruire pour épreuve ; ainsi pour éviter qu'on ne fasse à l'avenir des vaiffeaux trop longs, il fuffit de fixer pour chaque rang le nombre des canons qui doivent être à la premiere batterie, fans affigner des longueurs fixes fur lefquelles on auroit peine à s'accorder, & qui deviendroient très-gênantes pour les conftructeurs, il ne fera pas hors de propos d'en déduire les raisons.

On ne peut pas nier que la carêne d'un vaiffeau, cette partie qui eft comprise depuis le deffous de la quille jufqu'à la ligne de flotaison, doit déplacer un poids d'eau pareil à celui du vaiffeau armé: fans cette condition la batterie fera immanquablement noyée; or fi l'on afservit les constructeurs à fe renfermer dans des limites précises pour la longueur, la largeur & le creux, ils ne pourront regagner les capacités néceffaires qu'en renflant les gabaris aux dépens des bonnes qualités que leurs vaiffeaux

devroient avoir, & fi la batterie d'un vaisseau est noyée, s'il eft foible de côté, le conftructeur aura raifon d'imputer ces défauts à ce qu'on l'aura renfermé dans des bornes trop étroites; car il faut bien prendre garde qu'en voulant éviter de faire des vaiffeaux de trop grande capacité, on ne tombe dans un excès oppofé; le jufte milieu est souvent le point le plus avantageux, mais toujours le plus difficile à conferver.

D'ailleurs, il eft bien aifé de fe renfermer dans des bornes précises quand on fait un plan; mais ce n'est pas la même chose lorsqu'on construit; la distribution des baux qui doivent être placés à certains endroits, la pofition des écarts d'où dépend la liaison des vaisseaux, l'échantillon des bois pour les couples de rempliffage; enfin plufieurs raifons de pure pratique peuvent obliger un constructeur à changer un peu la position du premier fabord de l'avant, pour que le canon qu'il y mettra ait fon recul, ou la distance des autres fabords pour mieux former les liaisons: mais tous ces petits changemens ne feront jamais que quelques pieds de différence en plus ou en moins; ainfi en fixant le nombre des fabords de la premiere batterie, on n'aura point à craindre que les conftructeurs portent la longueur des vaiffeaux aux excès dont on fe plaint avec raison.

Inutilement réduiroit-on les rangs & ordres des vaifseaux à un nombre fixe, fi les conftructeurs ne s'aftraignoient pas à une largeur conftante & uniforme pour tous les vaiffeaux de même rang; car comme la proportion de la mâture, des manœuvres & des agrêt, s'établit fur la longueur du maître bau, on ne parviendroit point aux vues d'ordre & d'économie auxquelles on tend, fi la

largeur des vaiffeaux n'étoit pas fixée invariablement ; elle le peut être fans gêner les constructeurs, puisqu'il leur reftera deux dimenfions & la forme des gabaris pour fe procurer les capacités qui leur font néceffaires, & pour former les courbures tant verticales que horizontales, qu'ils jugeront les plus convenables pour donner à leurs vaiffeaux les qualités qu'ils doivent avoir. Ceci est prouvé par l'expérience, puifqu'on a vu des vaisseaux de largeur assez différente qui étoient auffi bons les uns que les autres: d'ailleurs, comme je l'ai remarqué (chap. II). Les conftrudeurs, fans être gênés par aucun réglement, ont donné des largeurs à peu près pareilles aux vaisseaux de même rang. J'ai dit dans la même remarque, qu'il convenoit d'établir la largeur des vaisseaux fur le recul des canons, & l'emplacement qu'il est nécessaire pour les fervir commodément; mais comme un vaiffeau à trois ponts eft plus chargé d'œuvres - mortes & d'artillerie, qu'un vaiffeau à deux, & comme la rentrée rendroit le troisieme pont trop étroit, nous croyons qu'il convient de faire ici la même restriction que nous avons déja faite en parlant de la longueur, & qu'on doit étendre un peu, pour les vaiffeaux du premier rang, la largeur que le recul du canon rend absolument nécessaire.

Après avoir fixé la longueur & la largeur des vaiffeaux, il conviendroit de déterminer le creux au maître couple. Nous avons rapporté (chap. II.) plufieurs raifons qui nous font penser qu'on a eu tort de déduire cette dimension, tantôt de la longueur & tantôt de la largeur, & il nous paroît qu'on fera bien de s'en tenir à un à peu près qu'on rectifiera en plus ou en moins, quand on aura connu par le calcul fi le plan qu'on a fait

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a des capacités convenables; ainsi quoique l'Ordonnance de 1689 mette le creux au nombre des principales dimensions qu'il convient de fixer, nous croyons qu'on a très-bien fait de ne point gêner fur cela les conftructeurs qui ont toujours été les maîtres de l'augmenter ou de le diminuer.

Nous avons dit qu'il falloit donner de la tonture aux ponts, elle est néceffaire à l'avant pour élever les fabords de cette partie, afin qu'on les puiffe tenir ouverts lorfqu'il y a de la lame; on doit relever les ponts du côté de l'arriere, pour que leur tontnure empêche que l'eau qui féjourneroit vers les extrêmités, ne pénetre dans les foutes; mais il faut éviter de porter ce relevement à l'excès, comme on avoit fait aux anciens vaiffeaux, & comme on le voit encore aux flûtes Hollandoifes; car un vaisseau trop gondolé eft chargé à l'avant & à l'arriere de poids qu'il eft bon de supprimer : ainsi il n'est point ici queftion d'une grande précision; pourvu qu'on évite les excès on fera toujours bien.

La quête de l'étambot & l'élancement de l'étrave, ont fait dans la Marine une grande queftion. Nous avons cru devoir rapporter les principales raifons qui ont été alléguées pour & contre, & nous avons dit que nous n'appercevions aucune raifon folide pour donner de la quête à l'étambot. Il n'en feroit peut être que mieux, fi au lieu de le mettre perpendiculaire à la quille, on le plaçoit perpendiculairement à la ligne de flotaison: mais nous avons pensé qu'il convenoit de donner de l'élancement à l'étrave; fur quoi nous devons avertir que quand nous avons avancé qu'une quille longue pouvoir contribuer à empêcher les vaisseaux d'arquer; ce n'est

pas que nous penfions que la quille foit capable par fon plus ou moins grand équariffage de réfifter à l'effort que les vaiffeaux font pour arquer: nous la regardons à cet égard, comme une verge fléxible; mais fi on confidere tout le corps d'un vaiffeau comme un folide, on appercevra que quand cette maffe fait effort pour arquer, toutes les parties d'en bas entrent en contraction, & celles d'en haut en dilatation; c'eft par cette confidération qu'il nous paroît que la quille & les bordages de fonds forment un point d'appui, pendant que les ferres, les illoires, les bauquieres & les bordages de fleurs font l'office des tirans. Il nous paroît donc que ces puiffances qui agiffent dans des directions contraires contribuent beaucoup à conferver aux vaiffeaux leur tonture: c'est dans ce fens que nous avons dit qu'une quille longue empêche les vaiffeaux d'arquer, & nous fommes confirmés dans cette pensée par l'obfervation plufieurs fois répétée de vaiffeaux qu'on a été obligé de refondre, principalement parce que l'étrave & toute la partie de l'avant quittoient le corps du vaiffeau; mais dans cette circonftance, comme dans prefque toutes les autres, il faut perdre d'un côté pour gagner d'un autre ; ainfi pour que les vaifseaux ayent moins de difficulté à arriver, pour être difpenfé de porter le mât de misaine trop en avant, ce qui

rend les manœuvres de l'avant difficiles à exécuter, ôte de la folidité au beaupré, & diminue trop l'ouverture de l'angle qui eft formé par l'étai de mifaine, nous penfons qu'il faut donner de l'élancement à l'étrave: mais il faut éviter les excès oppofés dans lefquels font tombés les Anciens ; & fans vouloir mettre de la précision où elle n'est point néceffaire, il nous paroît qu'on fe tiendra

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