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Second rang.

vaiffeau eft affez fort pour représenter à la tête d'une armée; & faifant enforte qu'il ait une belle batterie, il pourra naviguer aisément & fûrement.

On a encore de meilleures raifons pour ne point approuver les vaiffeaux à deux ponts avec des gaillards, auxquels on feroit porter fur le premier pont, 30 canons de 36, & fur le fecond, 32 canons de 24, avec des canons de 8 fur les gaillards,

Un vaiffeau à deux ponts ne peut être auffi-bien lié que celui qui en a trois : un bâtiment percé de 15 fabords pour du 36, eft néceffairement fort long. Or, tous ceux qui connoiffent d'où dépendent les liaisons des vaiffeaux, conviendront que celui qui eft long a besoin d'être mieux lié qu'un autre qui eft court; d'où il fuit que les vaiffeaux à deux ponts ne doivent point porter du 24 fur leur fecond pont: quelque attention qu'on apportât à fortifier leurs liaifons, on peut être certain qu'ils arqueroient très-promptement fous le poids énorme de cette artillerie; d'ailleurs un tel vaisseau exigeroit un auffi fort équipage que s'il avoit trois ponts; & comment loger 1000 ou 1200 hommes dans un feul entrepont?

Je crois donc que les vaiffeaux du fecond rang pour, roient avoir trois ponts fans gaillards, ou plutôt les gaillards qui formeroient le troisieme pont, feroient joints par des caillebotis, comme on l'a vu au Tonnant; car, au moyen de ces caillebotis, on ménageroit d'un bout à l'autre du vaiffeau, des ferres, des gouttieres, & même un rang d'hiloires; & ces pieces rendroient la liaison de ce vaiffeau prefque auffi parfaite que celle d'un vaiffeau à trois ponts.

Au reste ces vaisseaux porteroient fur leur premier pont,

30 canons de 36 liv. ; fur le fecond, 32 de 18 liv., & fur les gaillards, 18 de 8 liv. ; ce qui fait en tout 80 pieces de

canon.

De tels bâtimens, qu'on pourroit regarder comme n'ayant que deux ponts, feroient, au moyen du pont de caillebotis, très-bien liés & en état de porter leur grosse artillerie : les hauts étant légers, ils porteroient très-bien la voile; au moyen du pont de caillebotis, la feconde batterie pourroit être fervie, fans être incommodée par les manœuvres : ils feroient donc fort propres pour la guerre, de force à être commandés par des officiers généraux, & ils pourroient tenir la mer dans les mauvaises saisons, car en étendant des prélats fur les caillebotis, on ménageroit une retraite à une partie de l'équipage.

rang.

Les vaiffeaux du troisieme rang pourroient avoir deux Troisieme ponts avec des gaillards portant fur leur premier pont, 28 canons de 36; fur leur fecond pont, 30 canons de 18; & fur les gaillards, 16 canons de 8 : en tout 74 canons. Comme ces vailleaux n'auroient que deux ponts qui seroient chargés d'une affez groffe artillerie, & comme ils pourroient être destinés pour de grandes navigations, il feroit néceffaire de les lier avec beaucoup de foin, en augmentant la force des gouttieres; & en faifant les gaillards d'avant & d'arriere de même hauteur, on pourroit mettre fur le bord de la courfive, une efpece d'hiloire qui, étant bien étendue, formeroit une bonne liaison: de plus, quand ces vaiffeaux commenceroient à être fur le retour, ou, quand on les destineroit pour de grandes navigations, on pourroit les foulager, en ne mettant fur le premier pont que des canons de 24 liv., fur le fecond que du 12, ou en retranchant les canons des gaillards.

Quatrieme rang.

Cinquieme rang.

Ces bâtimens pourroient combattre en ligne, être à la tête des convois & des efcadres, en un mot ils paroiffent propres à toute forte de fervice.

Les vaiffeaux du quatrieme rang pourroient porter fur leur premier pont, 26 canons de 24; fur le second, 28 de 12; & fur les gaillards 10 de 6, en tout 64 canons, ils pourroient combattre en ligne, former les convois & les escadres, être destinés pour les Colonies & pour les expéditions éloignées, car cet espece de bâtiment eft excellent tenir la mer.

pour

Enfin les vaiffeaux du cinquieme rang porteroient sur leur premier pont 24 canons de 18; fur leur fecond, 26 canons de 12, en tout 50.

&

Ils feroient un peu foibles pour fe préfenter en ligne, mais on pourroit les destiner pour les convois, pour les escadres, pour protéger le commerce dans les Colonies, pour les expéditions éloignées; d'ailleurs quand ils ne feroient plus en état de porter leur artillerie, on pourroit en retranchant la premiere batterie, & en mettant des canons de 8 fur le fecond pont, les armer en flûtes, & en faire des bâtimens de charge.

Outre ces cinq rangs de vaisseaux qu'on pourroit regarder comme le fond de la Marine du Roi, il feroit néceffaire d'avoir de différentes efpeces de bâtimens qu'on construiroit pour fatisfaire à des vues particulieres,

Par exemple, des vaiffeaux de la force de ceux du quatrieme rang, fur lefquels on mettroit peu de canon, mais de gros calibre, qu'on tiendroit fort ras, auxquels on effayeroit de procurer la marche la plus légere, feroient excellens pour la courfe; car comme les croificres ne doivent pas ordinairement être fort longues, il

fuffit que la cale puiffe contenir pour quatre mois de vivres, & l'équipage de même que l'Etat Major, peuvent fe paffer de beaucoup de commodités qui feroient néceffaires fi on étoit obligé de tenir la mer pendant sept ou huit mois ; il seroit à propos que les constructeurs fussent à l'égard de ces bâtimens, entiérement les maîtres de pratiquer tout ce qui peut être avantageux à la marche, furtout au plus près, cette qualité étant absolument importante à des vaiffeaux qu'on deftine à faire la course. Il est néceffaire d'avoir des frégates pour la garde-côte, fuivre les armées, accompagner les efcadres, & porter des ordres.

pour

Nous approuvons fort le parti qu'on a pris de n'en plus faire qu'à une feule batterie; les frégates, pour la gardecôte & pour de petites expéditions, doivent être un peu fortes de canon, afin de pouvoir prêter le côté aux Corfaires; mais celles qui font destinées à fuivre les armées navales, ou à porter des ordres, n'étant point faites pour combattre, il conviendroit de ne les charger que d'une artillerie très-légere, & je voudrois qu'elles fuffent conftruites uniquement dans la vue d'être fines voilieres, afin qu'elles puffent fe rendre promptement à leur deftination en évitant tous les vaiffeaux qu'elles rencontreroient. Ces frégates, qui pourroient être armées avec très-peu de monde, feroient d'une grande utilité en tems de guerre.

Il est encore néceffaire d'avoir des flûtes, des gabares, des chattes, en un mot des bâtimens de charge, dont la perfection confifte à être d'un grand port, & à pouvoir naviguer avec peu de monde ;' l'exemple du Chameau & du Charriot-Royal, prouve qu'on peut fatisfaire à ces conditions.

Enfin on peut avoir besoin de galeres, de brigantins, de Chebeck, &c. mais toutes ces fortes de bâtimens (ceux des cinq principaux rangs, & les galeres exceptées), ne doivent être aftreints à aucune grandeur fixe : ils doivent être entiérement abandonnés aux conftructeurs, à qui ils fourniront des occafions de faire connoître leur habileté, en les rendant les plus propres qu'il fera poffible à remplir leurs différentes destinations; car il ne faut pas s'y tromper, il eft plus aisé de manquer une frégate qu'un gros vaisseau.

Après avoir parlé de la distinction des vaiffeaux par rangs & ordres, je traite de leurs principales dimensions, & d'abord de leur longueur, qui s'établit sur la largeur de tous les fabords de la premiere batteric; fur la distance qu'on met d'un fabord à l'autre, plus la distance du premier fabord de l'avant à la rablure de l'étrave avec celle du dernier fabord de l'arriere à la rablure de l'étambot; & toutes ces fommes additionnées donnent la longueur du vaiffeau de la rablure de l'étambot à la rablure de l'étrave à la hauteur du premier pont; les constructeurs, ne peuvent s'écarter de cette regle.

Je remarque ici expreffément qu'il s'agit de la longueur du vaiffeau prise à la hauteur du premier pont, parce qu'il s'agit préfentement de faire un plan pour la construction des vaiffeaux : car il faut prendre la longueur des vaiffeaux à la ligne de flotaifon, lorfqu'on fe propose de faire les calculs dont je parlerai à la fin de ce Traité.

Ceci bien entendu, il eft clair que la longueur des vaiffeaux dépend de l'étendue qu'on donne aux parties élémentaires de cette longueur; il faut donc fixer la lar

geur

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