a peu de largeur, aura immanquablement fa batterie noyée, fi on n'augmente pas beaucoup le creux.

Les conftructeurs qui donnent au creux la moitié de la largeur du vaiffeau, ne fuivent exactement cette regle, que pour les vaiffeaux depuis 46 canons jusqu'au dessus; mais pour une frégate de 28 ou de 32 canons, ils prennent pour le creux 5 pouces 8 lignes par pied de la largeur ainfi on donneroit à un vaiffeau qui auroit 29 pieds de largeur, 13 pieds 8 pouces, & 4 lignes de creux.

ils

Pour une frégate de 22, de 16 & de 12 canons, prennent 6 pouces 6 lignes par pied de la largeur. Les conftructeurs ont donné de creux aux vaiffeaux, la moitié de leur largeur; & ils ont jugé que, fi l'on diminuoit de ce creux, ils feroient fujets à dériver, parce qu'ils auroient moins de pied dans l'eau. Il eft clair qu'on peut prévenir la dérive, en augmentant leur longueur, ainsi qu'en augmentant le creux; & comme dans les nouvelles conftructions on a augmenté la longueur, il eft évident qu'on peut diminuer un le creux, fans s'expofer à dériver. Sur ce pied pour les vaiffeaux, on pourroit faire le creux, de la moitié de la largeur diminuée d'environ 6 pouces. Le creux des frégates pourroit être égal à la moitié de leur largeur, parce que ces bâtimens font fujets à dériver. A l'égard des flûtes, comme elles doivent être fpacieuses, le creux doit être au moins de la moitié de leur largeur. Il faut donner quelques exemples.

peu

- Le Dauphin-Royal, qui avoit 43 pieds de largeur, & la varangue un peu acculée, avoit de creux 20 pieds 6 pouces.

Le Fleuron, à varangue platte, qui avoit de largeur 39 pieds 4 pouces, avoit de creux 18 pieds 8 pouces. Le Mars, auffi à varangue platte, qui avoit 39 pieds de largeur, avoit 18 pieds 2 pouces de creux.

Le Monarque & l'Intrépide, qui avoient 43 pieds de largeur, avoient 20 pieds 6 pouces de creux.

L'Alcide, qui avoit 40 pieds 6 pouces de largeur, avoit 19 pieds 4 pouces de creux.

La Renommée, qui avoit 31 pieds 8 pouces de largeur, avoit 15 pieds 7 pouces de creux.

La Palme, qui avoit 22 pieds 6 pouces de largeur, avoit 10 pieds 5 pouces de creux.

Table du creux des Vaisseaux, relativement au nombre

de leurs canons.

Après ce que nous avons dit au commencement de cet article, on doit concevoir qu'il n'est pas poffible de bien déterminer le creux d'un vaiffeau, fans avoir préfent à l'efprit, non seulement les dimensions du maître gabari, mais encore la forme qu'on veut donner à la carene ou aux façons du vaiffeau. Effectivement, fi, une certaine largeur étant fixée, l'on donne à son maître gabari une varangue platte & affez longue, un genouil très-courbe & des alonges droites, comme on fe procurera de grandes capacités, on pourra diminuer le creux : au contraire, fi l'on faifoit une varangue courte & fort acculée un genouil ouvert en un mot, fi l'on tenoit le gabari pincé par le bas, comme les capacités feroient beaucoup diminuées, on feroit obligé, pour fe procurer une belle batterie, d'augmenter le creux : voilà pour ce qui regarde le maître couple. A l'égard des façons, il eft clair que, fi on les taille beaucoup, pour avoir des lignes d'eau fort aiguës, on aura un moindre déplacement d'eau, que Gi les façons étoient plus nourries; ce qui obligera d'augmenter le creux. Malgré cela, fi on fe propofe de faire un vaisseau très-taillé, on pourra choifir celle des métho

des

des que nous avons indiquées qui donne plus de creux; fauf à rectifier fon plan en plus ou en moins, quand on aura calculé fes capacités, pour s'affurer fi elles font proportionnelles au poids que le vaiffeau doit porter. Nous parlerons de ces calculs à la fin de ce traité : mais on peut dire en général, qu'à pareille longueur & largeur un vaiffeau qui a beaucoup de creux, creux, dérive moins que celui qui en a peu; je dis à pareille longueur & largeur, parce qu'en alongeant un vaiffeau qui auroit peu de creux, on pourroit le rendre bon boulinier.

Nous avons fuffifamment parlé, au commencement de cet article, du relevement du pont aux deux extrêmités, ou de fa tonture; ainfi il ne nous refte qu'à rapporter quel eft fur cela l'usage des conftructeurs : mais auparavant il faut remarquer que le relevement du pont à l'arriere doit être proportionné à la différence du tirant d'eau, afin qu'à cet égard le pont fe trouve au moins de ni

veau.

Il y a des conftructeurs qui fe contentent de donner quelques pouces de relevement à l'avant, comme 6 ou 8 pouces, & la fixieme partie du creux pour l'arriere.

Suivant cette regle, un vaiffeau de 168 pieds de longueur, & de 46 de largeur, ayant 23 pieds de creux (en lui donnant de creux la moitié de fa largeur), auroit, en prenant la fixieme partie du creux, 3 pieds 10 pouces de relevement à l'arriere.

La plupart des constructeurs donnent, pour le relevement du premier pont en arriere, 2 lignes 3 points par pied de la longueur du vaiffeau, & pour le relevement du pont en avant, 1 ligne par pouce du relevement de l'arriere: ainfi un vaiffeau qui auroit 168 pieds de longueur, auroit 2 pieds 7 pouces 6 lignes de relevement à Farriere, & 2 pouces 7 lignes 6 points de relevement à

l'avant.

Cette regle s'observe pour les vaiffeaux de 18 canons & au dessus : mais pour les frégates de 22, de 16, de 12 canons, &c, on prend, pour le relevement en ar

N

Ch. I, art. I,

4,7.

riere, 3 lignes 4 points par pied de la longueur, sauf toutefois à augmenter ou diminuer, fuivant la différence du tirant d'eau, conformément aux réflexions

avons faites.

I X.

que nous

De la longueur de la quille, de l'élancement de l'étrave; & de la quête de l'étambot.

Les vaiffeaux fe terminent en avant par une piece de bois, qui a une forme circulaire : c'est ce qu'on appelle l'élancement de l'étrave; & en arriere, par une piece de bois qui tombe obliquement fur la quille, ayant de la faillie en dehors: c'eft cette faillie qu'on appelle la quête de l'étambot.

Pour avoir la longueur de la quille, il faut additionner la fomme de la quête de l'étambot, & de l'élancement de l'étrave, puis fouftraire le produit de ces deux fommes de la longueur totale du vaiffeau; le refte fera la longueur de la quille. Il faut donc commencer par déterminer la quête & l'élancement.

Pour trouver l'élancement de l'étrave, plufieurs conftructeurs prenoient anciennement un huitieme de la longucur totale du vaiffeau, & ils donnoient, pour la quête de l'étambot, le quart de l'élancement de l'étrave : ainfi un vaiffeau de 168 pieds de longueur auroit eu 21 pieds d'élancement, & 5 pieds 3 pouces de quête.

D'autres conftructeurs donnent, pour l'élancement de l'étrave, la douzieme partie de la longueur totale du vaiffeau, pour les vaiffeaux de 60 canons & au deffus; pour ceux depuis 40 jusqu'à 60, la quatorzieme partie de la longueur, & la quinzieme pour les petits. Il y a auffi des conftructeurs qui ne prennent que la quinzieme partie de la longueur totale, même pour les gros vaiffeaux, & pour la quête de l'étambot, la fixieme partie de l'élancement de l'étrave (on entend par gros vaiffeaux, ceux de 40 canons & au dessus ) : ainfi en prenant la quinzieme partie, un vaiffeau qui auroit 168 pieds de lon