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vérité: car enfin, ce myftere tout impénétrable qu'il eft, l'églife entiere le croit depuis dix-huit fiecles; tous les bons chrétiens ont été jufqu'à-préfent & font encore dans la difpofition fincere de donner, pour le foutenir, ainfi que tous les autres dogmes, leur fang & leur vie. Ils le croient donc fermement or ils ne peuvent le croire ainfi que par l'effet d'une grace qui ne peut venir que de Dien, & dès-lors ce témoignage de Dieu eft le fceau le plus certain de la vérité.

Ils le croient, & qui font ceux qui le croient même avec le plus de fermeté ? Non feulement les fimples, les illitérés, ah! les plus favans docteurs, les plus grands génies, les hommes les plus éclairés, furtout les plus faints, les plus purs dans leurs mœurs. Cette foi s'ébranle à mefure qu'on s'écarte des voies de Dieu, elle s'affermit à mesure qu'on y marche avec plus de ferveur.

Que dis-je ? C'eft du fond même de Fimpénétrable obfcurité de ce mystere ineffable, qu'éclatent les plus vives lumieres. S'il eft l'exercice de notre foi, il en eft auffi le foutien, par la force dont il remplit les ames, & par les douceurs dont il les pénetre.

Oui, Monfieur, c'eft ici le langage de tous les peres, de tous les faints, & fi

vous n'en avez pas encore fait l'épreuve, j'efpere de l'infinie bonté d'un Dieu qui a déja touché fi vivement votre ame, que vous la ferez un jour.

Oh chrétien! s'écrioit S. Cyprien, fi votre ame tombe dans la défaillance, c'est l'euchariftie qui la fortifie, qui la ranime, qui la foutient.... c'eft le corps & le fang de Féfus-Chrift, que nous donnons à nos géné reux martyrs, qui les fait triompher des tyrans & des fupplices (a).

D'où vous vient donc, s'écrioit S. Ambroife, en s'adreffant au diacre S. Laurent, érendu fur fon gril, comme infenfible & triomphant de joie, d'où vous vient un tel tranfport? Ah! c'est que vous vous êtes enivré le premier du calice du fang de JéfusChrift, que vous diftribuyez aux autres.

C'étoit en effet du fond des catacombes, & après y avoir participé à la fainte euchariftie, qu'ils fortoient, ces martyrs, brûlant du divin amour, & fuivant l'expreffion de S. Jean Chryfoftôme, comme des lions, refpirant le feu de la charité, devenus la divine vertu redoutables aux démons. C'eft auffi au pied de la fainte table que coulent fans ceffe dans l'églife, des yeux des fideles, de précieufes larmes de dévotion, qui les confolent, qui les animent

par

(a) Epift. 34. aliàs 77

à tout faire, à tout fouffrir, à porter avec courage leurs croix & à vivre uniquement pour Dieu. Comme ce fut autrefois à la fraction du pain que les difciples d'Emmais reconnurent leur divin maître, ce même pain nourrit tous les jours les ames faintes, les éclaire, les touche, les pénetre: c'eft aux jours heureux de leurs communions ferventes qu'elles fe détachent de plus en plus de la terre, qu'elles goûtent les chofes du ciel, qu'elles femblent fupérieures à elles-mêmes & à toutes les tentations. Mais, Monfieur, ne font-ce pas là autant de preuves,, multipliées tous les jours, de la préfence de Jéfus-Chrift au facrement de fon amour?

LE PROTESTAN T.

Oui, Monfieur; mais hélas ! je fuis trop indigne d'afpirer au bonheur de participer à un fi grand myftere: cependant tout ce que vous m'en dites m'émeut, mon cœur en eft touché; priez Dieu pour moi : demandez-lui qu'il m'éclaire, & qu'il daigne me rendre digne de participer à toutes fes faveurs,

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DIXIEME ENTRETIEN.

Suites de la présence réelle. 1. La tranffubftantiation.

2. La préfence permanente de Jésus-Chrift en l'euchariftie."

A

3. L'obligation de l'y adorer.

4. La diftribution de l'euchariftie fous une feule espece.

5. La vérité du facrifice euchariftique.

LE DOCTEUR.

LA préfence réelle une fois établie voyons les autres dogmes dont elle est le principe.

Ici nos adverfaires fe réuniffent pour rendre à la doctrine catholique au moins quelque hommage; puifque Luther n'a jamais pu fe déterminer à combattre la préfence réelle, il convenoit donc que fur ce point principal de l'euchariftie nous penfions plus jufte que les facramentaires; & les facramentaires à leur tour, ont plufieurs fois reconnu, qu'en fuppofant la préfence réelle, nous raifonnions mieux que les luthériens.

Ils avoient d'abord commencé par tenir,

comme je vous l'ai dit à la tête de notre précédent entretien, d'après Calvin, fur ce myftere augufte, un langage contradictoire avec lui-même, en réuniffant toujours aux termes qui préfentoient uniquement le fens de figure, d'autres expreffions qui rendoient clairement le fens de réalité.

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Ainfi, comme l'obfervoit M. Boffuet leur doctrine avoit deux parties : l'une ne parloit que de figure du corps & du fang, & l'autre que de réalité du corps & du fang (a).

Quant à la feconde partie fur-tout, car la premiere eft bien notoire, ce favant prélat leur oppofe ces paroles de leur confeffion de foi, art. 36, & de leur catéchisme, dim. 52 & 53.

Jéfus-Chrift nous fait à la fainte cene participans de fa propre fubftance.

Il nous nourrit & nous vivifie de la fubftance de fon corps & de fon fang.

Son corps qui nous eft donné à la cene nous certifie que nous avons part à fon facrifice & à fa mort.

Il eft vrai qu'ils difent enfuite que cette communication fe fait en efprit & par la foi; mais cet enveloppement de paroles n'eft-il pas un témoignage authentique que par ces grands mots de fubftance, de propre

(e) Exposition de la foi, 1, 12. Histoire des variations, tom. 1, Liv. 9.

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