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Fr 38.12 (27/28)

UNIVERSITY
LIBRARY
NOV 20 1963

Morse

I

LES CONFRÉRIES

DE PÉNITENTS

EN FRANCE

ET NOTAMMENT DANS LE DIOCÈSE DE LIMOGES

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Origine, but, ancienneté des Associations de pénitence. Les
Pénitents de la primitive Eglise. Les Flagellants.

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Les confréries de Pénitents ont incontestablement une origine fort ancienne. S'il est difficile de saisir l'institution à ses débuts et d'en suivre les progrès à travers le moyen âge, on peut du moins constater avec une entière certitude, sur beaucoup de points et à diverses dates, l'existence d'associations fondées sur l'idée, vieille comme le monde, de la pénitence volontaire, de l'utilité et de la nécessité, tant pour le genre humain que pour l'individu, d'expiations spontanément offertes à la Divinité. Ce serait élargir outre mesure notre cadre que de rechercher les exemples fournis soit par l'antiquité païenne, soit par les religions orientales, de cette croyance, si profondément enracinée dans le cœur de l'homme, et des pratiques diverses dont elle est l'évidente inspiratrice et la seule explication possible. Bornons-nous à rappeler qu'elle se manifeste avec éclat dès le commencement de notre ère. A vrai dire, Jésus-Christ lui-même nous apparaît, au seuil de l'histoire du Christianisme, comme le premier des Pénitents et leur parfait modèle. Aussi rencontreronsnous souvent, dans les prières et les statuts des confréries de cet ordre, le désir exprimé d'une participation plus intime aux souffrances du Christ durant les derniers jours de sa vie terrestre.

L'objet de l'institution est, on le voit, bien déterminé, et le mot ici dit tout. Exciter, développer dans son âme et dans celle du prochain le sentiment et le regret des fautes commises; offrir au Ciel des satisfactions volontaires, pour se soustraire aux peines éternelles ou même aux châtiments dont il frappe parfois les coupables dès cette vie; s'efforcer d'obtenir de la miséricorde de Dieu la rémission de ses propres péchés et la pitié pour les crimes du monde; poursuivre ce but par tous les moyens que la religion met au service du chrétien la prière, la mortification, l'obéissance, la charité sous ses formes les plus diverses, dans ses manifestations les plus élevées, comme dans ses emplois les plus humbles, telle était la fin que se proposaient, à l'exemple de toutes les associations de Pénitents, les compagnies si longtemps chères à la population de Limoges, et éteintes depuis peu d'années.

On s'est donc étrangement trompé en confondant quelquefois ces confréries pieuses avec les fréries des corporations. La frérie était à l'origine et resta longtemps le lien religieux du groupe industriel sous l'ancien régime, la fête patronale des gens appartenant au même métier, et sous ce nom on désignait aussi tout ce qui se rapportait au culte du patron et aux manifestations pieuses du groupe ce n'était en somme qu'un côté de l'organisation corporative. Les associations de Pénitents étaient, au contraire, formées entre gens de diverses professions, de conditions très-inégales, sans aucun lien social, sans autres rapports l'un avec l'autre que ceux créés par la confraternité de la Compagnie. C'est ce dont témoignent expressément plusieurs des brefs d'institution ou d'indulgences accordés à ces Compagnies par les Souverains-Pontifes. Il s'agit, y est-il dit, d'associations qui n'ont pas été établies pour des gens d'un seul corps de métier : « Non pro hominibus unius specialis artis instituta (1) ».

Relevons ici, au sujet des confréries en général, une opinion qui nous paraît avoir été bien légèrement émise, et que nous sommes surpris de trouver reproduite dans les écrits de savants

(1) Brefs de Clément X pour les Pénitents Bleus de Limoges (1672), pour les Pénitents Noirs de Guéret (1673), de Clément XI pour les Pénitents Blancs de Montpellier (1702), etc., etc.

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