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1736.

reprocher la fatire par Rouffeau, c'eft être accufé de vol par Cartouche et de fodomie par Duchaufour. Je vous envoie la Crépinade qui ne le corrigera pas, parce qu'il n'a pas été corrigé par monfieur votre père. Adieu, je vous attends; il y a encore ici

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JE deviens bien pareffeux; mon cher ami, mais ce

n'eft pas quand votre amitié ordonne quelque chofe à la mienne. J'avais parole, à peu-près, de placer la petite Linant chez madame la ducheffe de Richelieu; mais l'enfant qu'il fallait élever, fe meurt. Enfin, j'ai obtenu de madame du Châtelet qu'elle la prendrait, quelque répugnance qu'elle y eût. Je ne doute pas que la petite n'ait pour le moins autant de répugnance à fervir, que madame du Châtelet en a à fe faire fervir par la fœur du gouverneur de fon fils. Ce font de petits défagrémens qu'il faut facrifier à la néceffité. Enfin, voilà toute la famille de Linant placée dans

nos

nos cantons. La mère, le fils, la fille, tout eft devers Cirey, quia Cideville fic voluit.

Comptez que Linant n'a déformais rien à faire que

de fe tenir où il eft. Son élève eft d'un caractère doux et fage, et ce caractère excellent sera orné un jour de quarante mille livres de rente. Il y a donc de la fortune et des agrémens à efpérer pour Linant. S'il pouvait fe rendre un peu utile, favoir écrire, favoir que deux et trois font cinq, fe rendre néceffaire, en un mot, cela vaudrait bien mieux que de croupir dans l'ignorance et dans le travail oifif d'une miférable tragédie qui, depuis quatre ans, eft à peine commencée. Il n'eft pas né poëte; il en avait l'oisiveté et l'orgueil. Vous l'avez, me semble, corrigé de cet orgueil fi mal placé ; fi vous le corrigez de fon oifiveté, vous lui aurez tenu lieu de père.

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Newton eft ici le dieu auquel je facrifie; mais j'ai des chapelles pour d'autres divinités fubalternes. Voici ce Mondain qu'Emilie croyait vous avoir envoyé. Donnez-en, mon cher ami, copie au philofophe Formont, à qui je dois bien des lettres. Cette vie de Paris, dont vous verrez la defcription dans le Mondain, eft affez felon le goût de votre philofophie.

La vie que je mène à Cirey serait bien au-dessus, fi j'avais plus de santé, et fi je pouvais y embrasser mon cher Cideville.

La fotte guerre de Rouffeau et de moi continue toujours; j'en fuis fâché, cela déshonore les lettres.

1736.

Correfp. générale.

Tome I. Cc

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Vous allez donc, mon cher ami, dans le royaume de M. Oudri? Je voudrais bien qu'un jour il voulût exécuter la Henriade en tapifferie; j'en achèterais une tenture. Il me femble que le temple de l'amour, l'affaffinat de Guife, celui de Henri III par un moine, St Louis montrant fa poftérité à Henri IV, font d'affez beaux fujets de deffin: il ne tiendrait qu'au pinceau d'Oudri d'immortalifer la Henriade et votre ami.

Je fuis fâché de la multitude des édits de Louis XV : la multitude des lois eft dans un Etat ce qu'eft le grand nombre de médecins, figne de maladie et de faiblesse. Je ferai dans peu un petit voyage à Paris, et je feuilleterai mon Prault : ce libraire en ufe très-mal, felon la coutume des libraires; qu'il ne m'échauffe pas les oreilles.

Pour vous punir, mon cher ami, de n'avoir pas envoyé chercher le jeune Baculard d'Arnaud, et de ne lui avoir pas donné douze francs, je vous condamne à lui donner un louis d'or. Exhortez-le de ma part à apprendre à écrire, cela peut contribuer à fa fortune: au lieu de vingt-quatre francs, donnez-lui-en trente, et je cachette vîte ma lettre, de peur que je n'augmente la fomme. Pardon, mon cher abbé, mon indifcrétion n'eft pardonnable qu'à l'amitié.

LETTRE CCII I.

1736.

A M. L'ABBÉ MOUSSINOT.

Cirey, septembre.

TRENTE-CI
RENTE-CINQ mille livres pour les tapisseries de
la Henriade! C'eft beaucoup, mon cher tréforier. Il
faudrait, avant tout, favoir ce que la tapifferie de
don Quichotte a été vendue: il faudrait furtout, avant
de commencer, que M. de Richelieu me payât mes
cinquante mille francs. Suspendons donc tout projet
de tapifferie, et que M. Oudri ne faffe rien fans un
plus amplement informé.

Faites-moi, mon cher abbé, l'emplette d'une petite table qui puiffe fervir à la fois d'écran et d'écritoire, et envoyez-la de ma part chez madame de Vinterfeld, rue Plâtrière. (*)

Encore un autre plaifir; il y a un chevalier de Mouhi, qui demeure à l'hôtel Dauphin, rue des Orties; ce chevalier veut m'emprunter cent piftoles, et je veux bien les lui prêter. Soit qu'il vienne chez vous, foit que vous alliez chez lui, je vous prie de lui dire que mon plaifir eft d'obliger les gens de

(*) Madame de Vinterfeld était fille de madame du Noyer, qui vers le commencement de ce fiècle, fe refugia en Hollande avec fes deux filles : l'ainée époufa le fameux Cavalier, qui avait été l'un des chefs des Camifards. La puînée, qui eft celle dont il eft ici queftion, et qui dans fa jeuneffe porta le nom de Pinpette, avait vu M. de Voltaire à la Haie, à la fuite de M. de Châteauneuf ambaffadeur de France : elle fut la première qui lui inspira une paffion violente; il conferva toujours pour elle une estime et une affection fingulière. Note de l'A. d. V.

lettres, quand je le peux ; mais que je fuis actuel1736. lement très-mal dans mes affaires; que cependant vous ferez vos efforts pour trouver cet argent, et que vous efpérez que le remboursement en fera délégué, de façon qu'il n'y ait rien à risquer; après quoi, vous aurez la bonté de me dire ce que c'eft que ce chevalier, et le résultat de ces préliminaires.

Dix-huit francs au petit d'Arnaud : dites-lui que je fuis malade, et que je ne peux écrire. Pardon de toutes ces guenilles. Je fuis un bavard bien importun, mais je vous aime de tout mon cœur.

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J'AI enfin reçu, mon cher Monfieur, le

paquet de M. du Châtelet. Il y avait un Newton. Je me fuis d'abord mis à genoux devant cet ouvrage, comme de raison; ensuite je fuis venu au fretin. J'ai lu ma Henriade; j'envoie à Prault un errata.

S'il veut décorer mon maigre poëme de mon maigre vifage, il faut qu'il s'adreffe à M. l'abbé Mouffinot, cloître Saint-Méri. Cet abbé Mouffinot eft un curieux, et il faut qu'il le foit bien pour qu'il s'avise de me faire graver. Je connaissais la Comtesse des Barres. Il n'y a que le tiers de l'ouvrage; ce tiers eft conforme à l'original qu'on me fit lire, il y a quelques années.

mais

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