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besoin de l'homme; que son privilége exclusif est de n'obéir qu'aux lois et de ne craindre qu'elles ; qu'on peut la combattre, jamais la détruire; qu'elle subsiste partout où il y a des âmes fortes; qu'elle se conserve dans les chaînes; qu'elle vit dans les prisons; qu'elle renaît sous la hache des bourreaux; et cependant honte, honte éternelle à sa mémoire flétrie, il a publié le Mare Clausum !

Usurpateurs de la souveraineté des mers, montrez-nous vos titres : sont-ils le fruit de la conquête ou de l'adulation? de la conquête? quelles traces empreintes sur l'élément liquide prouvent la légitimité de vos droits? de l'adulation? les peuples ne savent que trop, hélas! combien a pesé sur eux le détestable fardeau des flatteurs,

Présent le plus funeste,

Que puisse faire aux rois la colère céleste (1).

Quelle lame, répondez, ou plutôt quelle vague immense, égalant en hauteur les montagnes les plus élevées (*), a submergé le vais

(*)

...

(1) J. RACINE.

Cumulo præruptus aquæ mons. VIRG.

seau d'Oronte, ce fidèle compagnon d'Énée? sur quel point fixe, Thémistocle, à Salamine, a-t-il vaincu les Perses? Où s'est donnée la bataille d'Actium, qui décida du sort de l'Univers? et, plus tard, sous quel degré, et dans quelle partie de la Manche furent rendus nuls et la flotte INVINCIBLE de Philippe 1, et les anathèmes fulminés contre Élisabeth, par le pape Sixte-Quint (*)?

(*) L'histoire remarque que Henri 111, roi de France, fut le premier à avertir des préparatifs * dirigés contre l'Angleterre par Philippe 11 (1588), Élisabeth, que la cour de Rome, en l'excommuniant, avait traitée de : Un gran cervello di principessa; et nous, nous faisons observer que Henri 11 (1589) mourut assassiné par le dominicain Jacques Clément, dont le pape prononça l'éloge en plein consistoire, et qu'il osa comparer à Judith et à Éléazar. « Cette mort qui donne tant d'étonnement et d'admiration, s'écrie Sixte - Quint, sera crue à peine de la postérité. Un très-puissant roi, entouré d'une forte armée, qui a réduit Paris à lui de

* La Déroute de la Flotte d'Espagne, dite l'Invincible, à Claude Du Puy, conseiller au Parlement.

A Chartres, le 29 août 1588.

APRÈS ce jour fatal où la rebellion,

Sous le voile trompeur de la religion,

Si des arcs de triomphe, si d'indestructibles pyramides ont, par leur vétusté, fatigué

mander miséricorde, est tué d'un seul coup de couteau par un pauvre religieux. Certes! ce grand exemple a été donné afin que chacun connût la force des jugemens de Dieu. » Monstres!...

Ce Dieu que vous peignez implacable et jaloux,
S'il aime à se venger, barbares! c'est de vous!

VOLTAIRE.

Osa barricader jusqu'au palais du prince,
Le roi, quittant Paris, vint dans cette province.
Depuis, pour pallier le plus grand des forfaits,
On convint à Rouen d'une équivoque paix;
Et la Cour sur ses pas revint dans cette ville.
Les Guise même en grâce auprès d'un roi facile,
Après s'être excusés d'un fait mal éclairci,

De Paris depuis peu se sont rendus ici.

Superbe en ses discours, superbe en équipage,
L'ambassadeur d'Espagne est aussi du voyage.
Une flotte nombreuse alors couvrant nos mers,
Faisait l'attention de cent peuples divers;
Et le fier Castillan répandait dans le monde
« Qu'un glorieux triomphe allait s'offrir sur l'onde,

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» Vantait les millions destinés par son roi

» En l'honneur de l'Église et pour planter la foi;

Qu'on verrait Albion et punie et soumise,

» Et la flotte d'Espagne au bord de la Tamise.
Même, sur les chemins qui conduisent ici,
S'il rencontrait un moine, il lui parlait ainsi :

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le temps; si des témoins, vainqueurs des siècles, rappellent encore aujourd'hui, sur le lieu même de la scène, ces événemens mé

Au moindre paysan, c'était même langage:

« Que les milords épars avaient perdu courage,

>> Que Drack était en fuite, et ses meilleurs vaisseaux Dispersés, en déroute, ou dans le fond des eaux;

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Que dans Londres, la reine, à bon droit alarmée,
» S'était avec frayeur dans la tour enfermée. »>
Mais quand un cavalier se trouvait sur ses pas,
Il changeait de discours dans un grand embarras :
Tantôt il était gai, puis tout-à-coup farouche,
Les mots prêts à sortir s'arrêtaient dans sa bouche;
Tantôt, pour éviter un mensonge odieux,

Il disait d'un ton grave et tout mystérieux:
«La flotte a jusqu'ici trouvé le vent contraire,

>> Mais tout va bien encore, et tout le monde espère.
» On a pourtant avis qu'aux côtes de Médoc,
» Un de leurs grands vaisseaux, brisé d'un rude choc,
>> S'est depuis quelques jours échoué sur le sable.

>> On nous assure encor, comme fait véritable,

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Qu'entre Douvre et Calais des orages nouveaux

» Ont dispersé la flotte et battu ses vaisseaux;

» Et proche de Boulogne on a vu le rivage

» Couvert de tous côtés des marques d'un naufrage,

» Des débris différens, des voiles déchirés,

>> D'un succès malheureux présages assurés. »
Maintenant en secret il faut que je te dise

Ce qu'on pense à la cour touchant cette entreprise,

morables, toute question est résolue; l'Océan cesse d'être le domaine imprescriptible des nations; le contrat de vente de la Louisiane

L'espérance et la crainte où sont nos courtisans,
Toujours dissimulés, et quelquefois plaisans:
Ris-en, mon cher Du Puy, s'il est permis de rire
En voyant tous les maux que la France s'attire.

Au logis de l'évêque, où le roi tient sa cour,
L'élite des seigneurs s'assembla l'autre jour.
Pour tenir le conseil on prit une chapelle;
On agita d'abord cette grande nouvelle.
J'assistais au conseil, car la bonté du roi
Venait de m'honorer de ce brillant emploi.
Tel qu'un homme dévôt qui veut marquer son zèle,
Soudain on vit de Crosne ajuster sa prunelle,

Et, dans un saint transport levant les mains aux cieux,
S'écrier : « Quelle gloire à ce prince pieux!

» Bénis soient les projets d'un roi si catholique,
>> Et ses puissans efforts pour vaincre une hérétique!»

« Périssent son armée et tous les Castillans! >>
Lui répondit Pinard, qui, dès ses jeunes ans,
Prenait, à tout propos, plaisir à contredire;

« Périssent ses vaisseaux jusqu'au moindre navire!
» Que Neptune en courroux puisse les abîmer!
» N'est-ce pas sans notre ordre et sans nous informer,
» Qu'ils viennent dans nos mers avec tant d'arrogance
>> Pour surprendre un état si voisin de la France?»>
J. A. DE THOU,

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