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tique, il fallait nécessairement que cela fût ainsi. Les Phéniciens, descendans de Chanaan, petitfils de Noé, excellaient tellement dans la science de la navigation, qu'on leur en attribuait l'invention (1). Répandus le long de la Méditerranée, depuis l'île d'Erad jusqu'au mont Carmel, ces peuples étaient placés avantageusement pour des courses sur mer. Familiarisés, par leur situation, avec cet élément, l'attrait du commerce sut leur en diminuer l'horreur. Des ports commodes leur offraient un abri sûr pour leurs vaisseaux, et le mont Liban leur fournissait, et au-delà de leurs besoins, les bois nécessaires pour les construire. Ils profitèrent si bien de ces avantages, que, s'ils ne sont pas les inventeurs de la navigation, ils sont du moins les premiers qui aient entrepris des voyages de long cours, et armé en guerre. L'intérêt, l'ambition et l'appât du gain, ce mobile tout-puissant sur les âmes cupides, concoururent à les rendre les plus habiles, comme les plus célèbres navigateurs de l'antiquité.

Resserrés dans un coin de l'Asie, ils voulurent s'étendre; l'espérance de trouver de meilleurs climats leur fit abandonner leur pays, et les tremblemens de terre, si fréquens chez eux, les

(1) Prima ratem ventis credere docta Tyrus.

forcèrent à chercher un asile sur un élément qu'ils trouvaient plus sûr qu'un terrain toujours prêt à les engloutir. L'étendue de leur commerce et leur expérience dans la navigation leur assurèrent l'empire des mers, dont ils furent long-temps les maîtres; bientôt ils en devinrent les tyrans et se livrèrent à la piraterie.

Il ne paraît pas que les Phéniciens, avant Salomon, eussent pénétré au-delà de la Méditerranée. Les vastes côtes de cette mer suffisaient à leur avidité; l'Océan et le Pont-Euxin ne leur étaient point encore ouverts. Les villes de la Phénicie que le commerce maritime rendit les plus opulentes et les plus fameuses, furent Sidon et Tyr. Sidon en fut long-temps la capitale, mais Tyr l'emporta dans la suite. Ces deux villes, enrichies par la navigation, étaient les plus florissantes de tout l'Orient. Un prophète hébreu (1), annonçant le désastre de Tyr, fait de cette cité une peinture dont n'approche aucune ville des temps modernes.

« C'était, dit-il, le siége du commerce de tous les peuples de la terre. Ses flottes nombreuses inondaient tous les rivages, et en revenaient chargées de richesses immenses. Les nations, empres

(1) ÉZECHIEL.

sées à lui apporter de tous les climats du monde leurs différentes productions, remplissaient continuellement son port et ses rades de leurs vaisseaux. Elle tirait des Carthaginois du fer, de l'étain et du plomb; la Grèce lui fournissait des esclaves et des chevaux; l'Éthiopie, de l'ébène et de l'ivoire; la Syrie, des pierres précieuses, de la pourpre, des toiles, du lin, de la soie. La Judée lui envoyait du froment, du baume, du mies, de l'huile et des résines; elle tirait de Damas des vins exquis et des laines; l'Arabie partageait avec elle ses troupeaux, et, pour lui plaire, Saba prodiguait son or et ses parfums. L'Afrique enfin, l'Europe et l'Asie, tributaires du luxe de Tyr, contribuaient incessamment à l'augmenter. Le faste et la pompe de ses palais avaient passé jusque dans ses vaisseaux. Les bois les plus précieux et les plus rares étaient employés à leur construction; l'ivoire ornait les bancs des rameurs; de riches étoffes brodées formaient leurs pavillons, et la pourpre entrait dans la confection de leurs voiles. »

Enrichis par le commerce, les Tyriens vivaient avec tant de splendeur, et leur luxe était si grand, que l'Ecriture leur donne le nom de princes. L'ile de Chypre, par sa proximité, fixa l'attention des Phéniciens, et devint une de leurs pre

mières conquêtes; Bélus la soumit aussi à son autorité (1): leur Cinnar est le Cyniras, père d'Adonis. De l'île de Chypre les Phéniciens se répandirent dans la Cilicie, et s'emparèrent de Nizire, que les anciens ont cru avoir été séparée de Cos par un coup du trident de Neptune. Nizire est un nom phénicien qui signifie morceau séparé. Le nom de Chio, qui, dans la même langue, signifie mastic, fait connaître que les Phéniciens ont possédé cette île, où cette substance végétale se trouve en abondance. Les Sporades, les Cyclades, l'île de Crète, aujourd'hui Candie, la Sicile et la Sardaigne, étaient encore autant de colonies phéniciennes, et Cadmus, de la même nation, en conduisit une peuplade dans l'île de Rhodes, que ses expéditions maritimes ont depuis rendue si célèbre.

L'Hercule des Phéniciens, car on compte plusieurs personnages fameux du même nom (2), alla jusqu'au détroit de Gades, et, n'osant pousser plus loin ses courses aventureuses, on prétend qu'il y éleva deux colonnes sur lesquelles il plaça cette inscription: Nec plus ultrà, dont on peut au moins contester l'authenticité, puisqu'elle appartient à la langue latine, et nullement

(1) VIRG. - (2) BARTHÉLEMY.

à l'idiome phénicien; dans tous les cas, ce ne peut être qu'une traduction. Cependant des navigateurs plus hardis qu'Hercule ne craignirent pas de franchir ces bornes, et bâtirent au-delà plusieurs villes (1). Tartessus, une des plus anciennes colonies qu'ils y fondèrent, fut appelée Gadir, d'un nom phénicien. Se répandant encore sur l'Océan par la mer Rouge, ils entrèrent dans les golfes Arabique et Persique, et pénétrérent jusqu'aux Indes, où ils se rendirent maîtres de la Tapobrane.

MARINE DES JUIFS.

Ce ne fut que par degrés que les Juifs acquirent quelques connaissances nautiques. Situé au milieu des terres, leur pays ne possédait ni ports ni villes maritimes. Ils avaient à l'ouest la Méditerranée; mais entre eux et cette mer se trouvaient les Sidoniens. Ils étaient bornés à l'est par les montagnes de Galaad, à l'ouest par l'ArabieDéserte, au sud par l'Arabie-Pétrée, au nord par le Liban et par la Syrie. Il est vrai qu'ils n'étaient pas éloignés de la mer Rouge; mais ils n'y avaient aucun port avant que Salomon eût fait construire

(1) STRAB.

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