Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

sur le trône de Macédoine, établit Triptolème dans l'Attique, et regagna ses états.

SÉSOSTRIS.

Nous n'avons que des renseignemens incertains sur les successeurs d'Osiris, et l'on ne commence guère à marcher à la lueur pâle d'un flambeau souvent trompeur, qu'à l'époque du règne de Sésostris, qui, possédé de l'incurable manie des invasions, franchit les bornes de l'Égypte. Aucun de ses prédécesseurs n'avait passé la mer Rouge : il y équipa une flotte de quatre cents voiles, et se rendit maître de toutes les îles et de toutes les villes que l'industrie humaine avait bâties sur ses bords. Toujours vainqueur, déjà la gloire de ses armes s'étendait jusques aux Indes. Sésostris avait une seconde flotte sur la Méditerranée; ce fut aidé de ces forces qu'il soumit à sa domination la plus grande partie des Cyclades, dans la mer Égée, l'île de Crète et la Phénicie; mais la révolte de son frère Danaüs, qui voulut profiter de son absence pour usurper le trône confié à ses soins, l'obligea de revenir en Égypte, où il se fixa.

Les arts de la paix, auxquels il parut se vouer alors, furent plus utiles à ses peuples que ne l'avaient été ses conquêtes, car il fit élever de fortes'

digues pour protéger le plat pays contre les ravages annuels qu'y causaient les inondations du Nil. De nombreux canaux, destinés à faciliter les moyens de transports et les approvisionnemens, furent creusés depuis Memphis jusqu'à la mer. Pline prétend même qu'il fut l'auteur du projet hardi de joindre, par un canal, la mer Rouge à la Méditerranée; enfin, voulant témoigner aux dieux sa reconnaissance des faveurs qu'il en avait reçues, il construisit, en bois de cèdre, un vaisseau dont la longueur était de soixante-dix toises, entièrement doré à l'extérieur et argenté en dedans, et le fit placer dans le principal temple de la ville de Thèbes (1).

Tremblant à la seule pensée du châtiment que méritait son abus de confiance et sa conduite déloyale envers son frère, Danaüs se retira à Argos

(1) Il existe deux villes de ce nom, l'une en Égypte, l'autre en Béotie. La première est connue par ses cent portes; la seconde, par la naissance et la maison de Pindare, que Alexandre ordonna d'épargner dans l'embrasement général de la cité.

Quoi! ce fier Alexandre, il respecte Pindare!
Thèbes entière en feu n'offre que des débris.....
Sa maison seule échappe à la fureur barbare
Du vainqueur orgueilleux que des vers ont soumis!

BOUVET DE CRESSÉ.

dans le Péloponèse. Le vaisseau qu'il montait fut le premier qu'on vit paraître dans la Grèce. On ne s'y servait auparavant que de radeaux, semblables à ceux que le roi Érythros avait le mier mis en usage sur la mer Rouge.

pre

PSAMMITIQUE.

Sésostris étant mort, la marine fut totalement négligée en Égypte. Les successeurs de ce conquérant ne songèrent qu'à élever des pyramides, et laissèrent se détruire le commerce maritime. Psammitique lui rendit son premier éclat; une alliance avec les Grecs facilita les communications; de jeunes Égyptiens furent envoyés chez eux pour apprendre leur langue, et bientôt les Grecs, trouvant des moyens faciles d'échanges réciproques, fréquentèrent l'Egypte.

NÉCHUS OU NÉCHAO.

Néchus ou Néchao, fils de Psammitique, ayant succédé à son père, résolut de profiter des avantages de sa situation, et tourna toutes ses vues vers la navigation. Il entreprit d'exécuter le projet de Sésostris, et de joindre les deux mers par un canal creusé depuis le Nil jusques à la mer Rouge.

Ainsi, ce qu'avait conçu Sésostris, Néchao le tenta, Darius le poussa plus loin.

Quatre jours suffisaient pour parcourir ce canal (1); deux trirèmes pouvaient y naviguer de front. On l'ouvrit dans la plaine d'Égypte qui s'étend vers l'Arabie. Il recevait les eaux du Nil, un peu au-dessus de Bubaste, près du bourg de Patumon. Il s'allongeait sur la lisière d'une montagne, à une distance rapprochée de Memphis, de l'ouest à l'est, et, traversant cette même montagne au sud, il se jetait dans le golfe Arabique, autrement la mer Rouge, que les anciens appelaient de ce nom. Ce canal pouvait avoir cinquante lieues de longueur; on aurait pu abréger le trajet en tirant une ligne droite de la Méditerranée à la mer Rouge, et en coupant l'isthme de Suez; mais, dans ce dernier cas, il devenait indispensable de faire disparaître une portion des hauteurs qui séparent l'Égypte de la Syrie.

Néchao mit la plus grande activité à l'exécution de cette pénible entreprise qu'il abandonna, découragé qu'il fut par la perte de cent vingt mille hommes qui y périrent. La marine, toutefois, fut l'objet constant des méditations de ce prince. Il fit construire sur les deux mers un

(1) HERODOTE.

grand nombre de vaisseaux pour s'en servir au besoin, et on voyait encore, du temps d'Hérodote, plusieurs ports creusés exprès pour y mettre ses flottes à l'abri des tempêtes.

MARINE DES PHÉNICIENS.

Néchao aimait les découvertes : il fit partir de la mer Rouge des Phéniciens experts dans l'art de conduire les vaisseaux, et leur ordonna de parcourir les mers du sud. Ces hardis nautoniers, pilotes aussi habiles que marins expérimentés, doublèrent le cap de Bonne-Espérance, firent le tour de l'Afrique, entrèrent par le détroit de Gades dans la Méditerranée, et arrivèrent en Egypte après trois ans de navigation. Ainsi ils firent, de l'est à l'ouest, le même tour que les Portugais firent depuis de l'ouest à l'est, avec la gloire prétendue d'avoir les premiers sillonné et découvert ces mers. Dans la relation qu'Hérodote nous donne des voyages de ces Phéniciens, cet écrivain pense qu'ils ont exagéré et trop chargé leurs récits, en disant qu'à la pointe de l'Afrique ils avaient le soleil sur la main droite. S'il avait aussi bien connu la géographie que l'histoire, il aurait su que la partie méridionale de l'Afrique étant au-delà du tropique, vers le pôle Antarc

« ZurückWeiter »