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qu'il fallait pour soutenir le nom d'Athènes; aussi, tous furent faits prisonniers, ou périrent dans le combat. Conon seul (*) survécut à ce désastre, et, comme il craignait la vengeance de ses concitoyens, il ne voulut point retourner à Athènes, et se retira, avec huit vaisseaux, auprès d'Évagoras, roi de Chypre.

Les succès du général lacédémonien le portèrent à insulter au malheur de l'ennemi. Il envoya à Lacédémone, outre le butin fait durant la guerre, les vaisseaux tombés en son pouvoir, et pavoisés comme pour un triomphe. Plusieurs villes, tributaires d'Athènes, redoutant l'incertitude des combats, lui étaient restées fidèles. Elles se rendirent volontairement à Lysandre, qui ne laissa aux Athéniens que leur propre ville. Ce misérable état d'Athènes fut le résultat de son désir immodéré pour la domination, de l'ambition ou de l'impéritie de ses chefs.

(*) Ici se présente une objection: si Conon resta seul de son armée, comment a-t-il pu aborder en Chypre avec huit vaisseaux? Cornélius Népos, dans la vie d'Alcibiade, parle bien de son successeur au commandement, mais il ne le nomme pas. Le même auteur, à l'article Conon, ne dit rien de ses revers. Il n'est pas même cité dans le voyage en Grèce du jeune Anacharsis; et cependant Barthélemy parle au long, et honorablement, de son fils Timothée.

Ces nouvelles parvenues à Athènes, les citoyens quittent leurs maisons, et, saisis de crainte, courent çà et là à travers la ville: tous s'interrogent: ceux-ci pleurent des fils, des parens; ceux-là, des alliés; d'autres, des amis. Tous voient la patrie sur le penchant de sa ruine; tous n'ont devant les yeux que siége, famine, destruction, incendie, captivité générale, et la plus affreuse servitude; tous pensent que le sort de ceux qu'ils ont perdus est moins à plaindre que le sort de ceux qui leur survivent. La douleur n'est pas moindre pour les enfans, pour les vieillards, et pour les femmes, tant le sentiment de cette catastrophe a pénétré toutes les âmes!

Cependant l'ennemi arrive sous les murs de la ville désolée, l'assiége, et lui fait éprouver les horreurs de la famine. Il n'ignorait pas qu'Athènes avait peu de défense, et tout était prévu pour que de nouvelles troupes ne pussent y être introduites. Dans cette extrémité, les Athéniens, après une longue famine, demandèrent la paix. Les Spartiates et les alliés mirent plus d'une fois en question s'il fallait la leur accorder. Sparte enfin promet la paix, à condition qu'Athènes détruira une partie de ses murailles du côté du Pirée, livrera le reste de sa flotte, et recevra comme chefs de son gouvernement trente Lacé

démoniens, qui exercèrent la plus dure tyrannie. Le sort des citoyens changea avec le sort d'Athènes. Incessamment en butte aux vexations de leurs nouveaux chefs, les Athéniens, impatiens du joug, abandonnèrent leur ville, et alors l'émigration devint générale. Pour priver ces infortunés de tout asile, les Lacédémoniens, par un édit, défendirent aux villes de les recevoir. Tous cependant se rendirent à Argos et à Thèbes, et non-seulement leur vie y fut en sûreté, mais encore ils y conçurent l'espoir de recouvrer leur patrie.

que

Parmi les exilés se trouvait Trasybule, homme du plus rare mérite et d'un courage éprouvé, qui ne balança pas à exposer ses jours en osant quelchose pour Athènes et pour le salut commun de ses compatriotes. Les ayant rassemblés, il s'empara de Phylé, sur les frontières de l'Attique: quelques villes favorisaient le parti des exilés. Isménias, prince thébain, les aidait de ses ressources particulières. Lysias, orateur de Syracuse, alors en exil, leur envoya aussi un secours de einq cents soldats, qu'il avait armés à ses frais. Une guerre cruelle a lieu; d'un côté l'on combat de toutes ses forces pour la patrie; de l'autre, pour une injuste domination. On en vient aux mains, et les tyrans, vaincus, se réfugient dans

Athènes. Soupçonnant tous les Athéniens de trahison, ils leur ordonnent de sortir de la ville. Ils s'efforcent ensuite de corrompre Trasybule, et lui promettent qu'il partagera leur autorité. Ayant échoué dans ce projet, ils demandent du secours à Lacédémone. Le secours obtenu, la bataille se donne. Critias et Hippolochus, les plus cruels de tous ces tyrans, y perdent la vie.

Après la défaite des autres tyrans, l'armée, dont la plus grande partie était composée d'Athéniens, prit la fuite; mais Trasybule, d'une voix forte, leur adressa ces paroles : « Ne me fuyez pas, ô mes concitoyens! je viens venger la liberté commune. Et nous aussi, nous sommes vos compatriotes, non vos ennemis! Ce n'est point pour vous priver de vos droits que nous avons pris les armes; c'est pour vous rendre ceux qu'on vous a ravis. C'est aux trente tyrans, non à Athènes, que nous avons déclaré la guerre. Vos lois, vos dieux sont les nôtres. Ayez pitié, je vous en conjure, de malheureux exilés : l'esclavage, et ce qu'il a d'affreux, vous est réservé comme à nous. Rendeznous la patrie, et, en retour, recevez la liberté.» L'effet que produisit le discours de Trasybule fut tel, que, rentrée à Athènes, l'armée força les tyrans à se retirer à Éleusis. On les remplaça par des magistrats chargés de gouverner la république.

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de

Nous touchons à la décadence de l'empire des Grecs et au berceau de la puissance macédonienne, que Philippe, père d'Alexandre, rendit en peu temps redoutable à ses voisins, dont il finit par envahir les provinces dégénérées. Les exploits maritimes de ces deux princes ne sont pas ce qu'ils auraient pu être, et l'on ne connaît guère du premier que le siége de Bysance qu'il fut obligé de lever, et du second, que la prise de Tyr, et les cruautés inouies (*) gratuitement exercées par ses ordres envers les malheureux habitans d'une ville dont tout le crime était d'avoir noblement résisté aux ambitieuses prétentions d'un monarque étranger, qui voulait les soumettre à son injuste domination.

Alexandre toutefois avait formé de grands projets relatifs à la navigation. Fondée par lui, et

(*) Alexander, exceptis iis qui in templa confugerant, omnes interfici, ignemque tectis injici jubet..... Pueri, virginesque templa compleverant; viri in vestibulo suarum quisque ædium stabant, parata sævientibus turba...... Quantùm sanguinis fusum sit, vel ex hoc existimari potest, quòd intrà munimenta urbis sex millia armatorum trucidata sunt. Triste deindè spectaculum victoribus ira præbuit regis; duo millia, in quibus occidendi defecerat rabies, crucibus affixi, per ingens littoris spatium pependerunt.

QUINT. CURT.

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