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tre à la torture, ainsi que son premier favori, pour les forcer à découvrir l'endroit où l'on supposait qu'il avait caché le trésor de l'empire (*).

(*) S'il eut un cœur d'airain celui qui, le premier,
Au perfide élément osa se confier,

Et, bravant à la fois la tempête et Neptune,
Sur un léger esquif exposa sa fortune,
Quel nom méritera l'audacieux mortel
Qui, déchirant le sol, d'un acier criminel,
De la terre entr'ouvrit et brisa les entrailles;
Qui, du roc le plus dur ébranlant les murailles,
Se glissa, téméraire! aux abîmes profonds
Que jamais du soleil ne virent les rayons!
Vile avarice, ô toi qui gouvernes le monde,
Toi de tous les malheurs origine féconde,
Toi qui fais le méchant, l'injuste, l'imposteur,
Toi dont l'infâme nom me pénètre d'horreur!
Toi seule as conseillé ce forfait exécrable
Qui flétrit à jamais l'Ibère trop coupable,
Lorsque, portant la guerre aux champs américains,
Triomphant sans combat des faibles Mexicains,
Au centre de la terre il sema des victimes
Pour quelques monceaux d'or, salaire de ses crimes;
Lorsque de ses fureurs les restes malheureux
Privés, pour du limon, de la clarté des cieux,
Semblaient n'apercevoir, en' rejoignant leurs frères,
Que des tombeaux creusés par ses mains sanguinaires!
BOUVET DE CRESSÉ, Éloge d'Hubert et de
Matthieu Goffin, proposé par l'Académie
Française, en 1812.

Le prince mexicain supporta tout ce que la cruauté la plus ingénieuse put imaginer, avec l'indomptable courage d'un guerrier américain. Le compagnon de son supplice, cédant à la violence de la douleur, semblait demander à son maître, par un regard languissant, la permission de révéler ce qu'il savait; mais Guatimozin, jetant sur lui un coup d'œil où se peignaient à la fois l'autorité et le dédain, releva sa faiblesse en lui disant : « Et moi! suis-je sur un lit de roses? » Terrassó par ce reproche, le favori persévéra dans le silence, et expira au milieu des tourmens. Cortès, honteux enfin de cette horrible scène, tira la victime des mains de ses bourreaux, et prolongea une vie réservée à de nouvelles souffrances.

CONQUÊTE DU PÉROU.—PIZArre.

FERNAND DE LUQUE.

ALMAGRO.

Pendant que Cortès faisait la conquête du Mexique, trois autres aventuriers préludaient à celle du Pérou. La découverte de la mer du Sud ayant procuré quelques notions imparfaites des riches contrées auxquelles elle pouvait conduire, tous les yeux et tous les projets des aventuriers espagnols, établis dans les colonies de Darien et de Panama, se tournaient vers ces pays inconnus.

C'était l'esprit du siècle : avides de nouveautés, les Européens, sur l'ombre seule d'une probabilité, hasardaient leur fortune, et bravaient les plus grands dangers; le moindre rayon d'espérance était saisi avec ardeur, et de légères informations suffisaient pour exciter aux plus périlleuses expéditions.

C'est ainsi que diverses entreprises eurent lieu dans l'intention de s'emparer des contrées situées à l'est de Panama; mais ces armemens, confiés à des chefs dont les talens étaient au-dessous des difficultés, n'eurent aucun succès, et, comme ces excursions ne s'étendaient pas au-delà des limites de la province à laquelle on a donné le nom de Tierra-Firme, pays couvert de bois, d'une population peu nombreuse et très-malsain, les aventuriers, à leur retour, firent des rapports décourageans des maux qu'ils avaient soufferts, et du peu d'espérance qu'offraient les lieux qu'ils

avaient visités.

Ces récits calmèrent un peu la fureur des découvertes de ce côté, et il s'établit une opinion générale que Balboa s'était laissé séduire par quelque Indien ignorant, qui avait voulu le tromper, ou qui avait été mal compris par les interprètes. Cependant il y avait alors à Panama trois hommes sur lesquels les circonstances, qui découra

geaient tous les autres, faisaient si peu d'impression, que, au moment même où le plus grand nombre regardait comme chimérique l'espoir de découvrir à l'est l'opulente contrée qu'avait annoncée Balboa, ils se déterminèrent à exécuter son projet.

Ces hommes extraordinaires étaient François Pizarre, Diego d'Almagro et Fernand de Luque. Pizarre était fils naturel d'un gentilhomme et d'une femme du peuple; et, comme il arrive ordinairement aux enfans illégitimes, son éducation avait été entièrement négligée. Son père, sans doute, ne le croyait pas destiné à s'élever au-dessus de la condition de sa mère, car il l'employa, dans sa jeunesse, à garder ce que devait garder, quelques années plus tard, le pâtre qui depuis, sous le nom de Sixte-Quint, donna des lois à Rome, et crut avoir le droit canonique, souvent et justement nié, d'en donner au monde chrétien.

Honteux de cet état d'abjection dans lequel on le laissait croupir, Pizarre se fit soldat, et, après avoir servi quelques années en Italie, il s'embarqua pour l'Amérique, où une carrière sans bornes, ouverte aux talens, attirait tout aventurier ambitieux qui prétendait égaler sa fortune à ses désirs. Pizarre, sur ce théâtre, se distingua promp

tement. Doué d'un caractère aussi entreprenant que son corps était robuste, il était le premier dans tous les dangers, toujours infatigable, et d'une patience à toute épreuve.

Quoique ignorant jusqu'à ne savoir pas lire, on le regarda bientôt comme un homme né pour commander. Il réussit dans toutes les opérations dont il fut chargé, unissant en sa personne des qualités qui vont rarement ensemble, la persévérance et l'ardeur, la hardiesse dans la combinaison de ses plans, et la prudence dans leur exécution. En se jetant de bonne heure dans les affaires, sans autres moyens que ses talens naturels et son adresse, et en ne comptant que sur lui-même pour se tirer de l'obscurité, il acquit une si grande connaissance des choses et des hommes, qu'il se rendit bientôt propre à conduire les unes et à gouverner les autres.

La naissance d'Almagro n'était pas plus relevée que celle de Pizarre. Celui-ci était bâtard, l'autre était un enfant trouvé. Elevé, dès sa jeunesse, dans le métier des armes, Almagro, son compagnon, ne lui cédait en aucune des vertus militaires. Il avait, comme lui, une valeur intrépide, une activité infatigable, et une constance à l'épreuve de toutes les fatigues que la guerre pou vait entraîner après elle, dans le Nouveau-Monde;

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