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déclarer contre Athènes les habitans du Péloponèse. Les forces des Athéniens alors étaient peu considérables, car ils avaient envoyé une flotte en Egypte. Aussi furent-ils facilement vaincus sur

mer.

Les Athéniens ne tardèrent pas à reprendre les armes. Cela fit que les Spartiates, laissant là les Messéniens, tournèrent leurs forces contre Athènes. La victoire fut long-temps indécise; enfin, des deux côtés on se retira avec une perte égale. Les Lacédémoniens ensuite attaquèrent les Messéniens, et, pour inquiéter Athènes, ils engagèrent les Thébains à lui déclarer la guerre. Les Athéniens donc, dans d'aussi graves circonstances, choisirent pour chef Périclès, homme d'un courage éprouvé, et Sophocle, poëte distingué, qui, partageant leur armée, ravagèrent le territoire de Sparte, et ajoutèrent aux possessions d'Athènes plusieurs villes de l'Achaïe.

Succombant à tant de revers, les Lacédémoniens firent une paix qui devait durer trente années; mais leur inimitié ne put s'accommoder d'un aussi long repos. Après quinze ans, ils violèrent le traité, ravagèrent les frontières de l'Attique, et provoquèrent l'ennemi. Périclès conseilla aux Athéniens de différer la vengeance de cette insulte, et, laissant écouler quelques jours, ils s'em

barquèrent, mirent Sparte au pillage, et emportèrent de cette ville plus qu'on ne leur avait pris. De cette manière la vengeance fut plus grande que ne l'avait été l'offense.

Cette expédition fait honneur à Périclès; mais ce qui lui fait plus d'honneur encore, c'est le mépris qu'il montra pour son propre patrimoine. Les Lacédémoniens avaient porté le ravage partout, et laissé intactes ses propriétés. Leur but, en agissant ainsi, était d'exciter contre ce grand homme la haine de ses concitoyens. Périclès devina leurs intentions, et, pour éloigner tout soupçon, il donna ses terres à la république. Ainsi, ce qui devait lui faire courir des dangers tourna au profit de sa gloire (*). On combattit ensuite sur mer; les Lacédémoniens furent vaincus et prirent la fuite. Accablés de tant de maux, ils conclurent une paix de cinquante années, et la violèrent au bout de six ans.

Le théâtre de la guerre fut ensuite transporté en Sicile. Voulant secouer le joug des Syracusains,

(*) Annibal aussi, dans l'intention de rendre Quintus Fabius Maximus, surnommé le Bouclier de Rome, odieux à ses concitoyens, respecta également ses propriétés; mais Fabius, pour éloigner tout soupçon, vendit ses terres, et, de l'argent qu'il en reçut, il racheta les prisonniers romains.

TIT. LIV.

les habitans de Catane demandèrent du secours à Athènes, qui envoya une flotte commandée par Lamponius. Sous prétexte de marcher à la défense de Catane, les Athéniens pensaient à s'emparer de la Sicile. Les commencemens de cette guerre furent heureux, et l'ennemi taillé en pièces. Alors ils abordèrent en Sicile avec une flotte plus considérable et une armée plus nombreuse, sous la conduite de Lachetès et de Chariade; mais ceux de Catane, soit qu'ils craignissent ceux d'Athènes, soit qu'ils s'ennuyassent de la guerre, les remercièrent, et firent la paix avec Syracuse.

Les Syracusains n'observèrent pas le traité de paix, et les habitans de Catane envoyèrent de nouveau des députés à Athènes. Ces députés se présentent dans l'assemblée du peuple, en habits négligés, les cheveux épars et fondant en larmes ; ils excitent la compassion générale. On équipe aussitôt une flotte nombreuse, dont on donne le commandement à Nicias, à Alcibiade, et à Lamachus. Alcibiade est rappelé quelque temps après; Nicias et Lamachus livrent des combats sur terre; ils sont vainqueurs. On assiége ensuite Syracuse, et l'on coupe à l'ennemi, renfermé dans ses murs, jusqu'aux vivres qu'il pouvait recevoir par mer.

Dans cette détresse, les Syracusains implorerens le secours des Lacédémoniens. Sparte leur

envoya Gylippe seul, qui, rassemblant des forces, partie en Grèce, partie en Sicile, occupa des postes favorables. Il fut d'abord vaincu dans deux combats; mais en ayant livré un troisième où périt Lamachus, l'ennemi fut mis en fuite, et le siége levé. Les Athéniens alors essayèrent la guerre sur mér. Gylippe fit venir de Lacédémone une flotte et des secours. Athènes, à cette nouvelle, fit partir avec du renfort Démosthènes et Eurymédon, pour remplacer Lamachus. Les habitans du Péloponèse envoyèrent également du secours aux Syracusains.

Les Athéniens furent vaincus dans le premier combat naval. Leur camp fut aussi pillé. Ils y perdirent et leurs fortunes publiques et leurs fortunes particulières. Pour comble de malheur, ils livrèrent une bataille sur terre, et éprouvèrent de nouveaux revers. Démosthènes pensa alors qu'il était à propos d'évacuer la Sicile, pendant qu'il restait encore quelque ressource; mais Nicias, soit qu'il eût honte de n'avoir pas réussi, soit qu'il craignît le ressentiment de ses concitoyens, ne voulut point se retirer. On recommença la guerre sur mer, et les Athéniens, que l'inhabileté de leurs chefs avait engagés dans des passages étroits, furent vaincus et abandonnèrent le combat.

Eurymédon, qui commandait en première ligne, et qui combattait vaillamment, tomba le premier sous les coups de l'ennemi. Trente de ses vaisseaux furent brûlés. Vaincus à leur tour, Démosthènes et Nicias débarquèrent leurs troupes, pensant que la terre protégerait plus sûrement leur fuite. Gylippe s'empara de cent trente navires abandonnés. Poursuivant ensuite les fuyards, il en prit une partie et massacra l'autre. Démosthènes, après la perte de son armée, se donna volontairement la mort (*), pour éviter d'être fait prisonnier, et Nicias, qui n'avait point suivi son exemple, tomba vivant au pouvoir de l'ennemi.

Tandis que les Athéniens faisaient en Sicile, depuis deux ans, la guerre avec plus d'ardeur que de succès, Alcibiade, le chef et le provocateur de

(*) Ce passage semble impliquer contradiction. On lit dans le Dictionnaire historique, article Gylippe : « Nicias et Démosthènes se rendirent avec leurs troupes, à condition qu'on leur laisserait la vie, et qu'on ne les retiendrait point dans une prison perpétuelle; mais on ne leur tint pas parole. Ils furent mis à mort, et leurs soldats tourmentés avec une cruauté inouïe. » Quoi qu'il en soit de cette citation, voici le texte de l'auteur que nous avons consulté: « Demosthenes, amisso exercitu, captivitatem effugit, morte voluntariá; Nicias autem, exemplum Demosthenis nequaquàm secutus, captivus ab hostibus abductus est. (JUSTIN)

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