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Cet effrayant exemple de vengeance atroce frappa les habitans de Cuba d'une si grande terreur, qu'ils tentèrent à peine de résister aux progrès de leurs ennemis, et Vélasquès réunit, sans perdre un seul homme, cette île vaste et fertile à la monarchie espagnole.

PONCE DE LÉON.

La facilité avec laquelle s'exécuta une conquête aussi importante que celle de Cuba, servit d'aiguillon pour former d'autres entreprises, et Juan Ponce de Léon, qui avait acquis de la gloire et de la fortune par la réduction de Porto-Rico, était impatient de s'engager dans quelque expédition nouvelle.

Il équipe à ses frais trois vaisseaux; son projet est à peine connu, que déjà un corps nombreux

qu'il jouirait sur-le-champ de toutes les délices du ciel, s'il voulait embrasser la foi chrétienne. «Y a-t-il quelques Espagnols, dit Hatuey, après un moment de silence, dans ce séjour de délices dont vous me parlez? — Oui, répondit le moine, mais ceux-là seulement qui ont été justes et bons. --Le meilleur d'entre eux, répliqua le Cacique indigné, ne peut avoir ni justice ni bonté; je ne veux pas aller dans un lieu où je rencontrerais un seul homme de cette race maudite. » LAS CASAS,

d'aventuriers a rejoint son pavillon. La Floride est découverte, et Ponce, qui n'a pu y débarquer, parce que sur tous les points, les Indigènes, peuple guerrier, ont opposé la plus généreuse résistance, a donné ce nom à la contrée, soit parce qu'il la reconnut le jour du dimanche des Rameaux, soit à cause de son aspect agréable et riant.

BALBOA. (VASCO NUGNÈS DE)

Nommé, par le libre suffrage de ses compatriotes, gouverneur de la petite colonie de SantaMaria, dans le Darien, Balboa qui, plus d'une fois, au milieu du danger, s'était montré prudent et courageux, fut si empressé d'obtenir de la couronne la confirmation de leur choix, qu'il dépêcha un officier en Espagne, pour solliciter une commission royale qui le revêtît d'un titre légal au suprême commandement. Sentant toutefois qu'il ne pouvait fonder le succès de ses espérances ni sur la protection des ministres de Ferdinand, avec lesquels il n'avait aucune liaison, ni sur des négociations dans une cour dont il ne connaissait pas les intrigues, il tâcha de se rendre digne de la faveur qu'il sollicitait, par quelque service signalé, qui lui méritât la pré

férence sur ses compétiteurs. Frappé de cette idée, il fit de fréquentes incursions dans les pays limitrophes de son gouvernement, soumit plusieurs Caciques, et recueillit une grande quantité d'or, qui était plus abondant dans cette partie du continent que dans les îles.

Une querelle s'étant élevée entre les Espagnols, pour le partage de quelques onces d'or, et étant près de se porter à des actes de violence les uns contre les autres, un jeune Cacique, témoin de cette scène, étonné de les voir mettre un si haut prix à une chose dont il ne devinait pas l'utilité, renversa le métal qui était dans la balance, et, se tournant vers eux, leur dit : « Pourquoi vous emporter pour si peu de chose? Si c'est pour l'amour de l'or que vous abandonnez votre pays, et que vous venez troubler la tranquillité des peuples qui sont si loin de vous, je vous conduirai dans une contrée où le métal qui paraît être le plus grand objet de votre admiration et de vos désirs, est si commun, que les plus vils ustensiles en sont faits. >>

Ravis de ce qu'ils viennent d'entendre, Balboa et ses compagnons demandent avec empressement où se trouve cette heureuse contrée, et comment ils pourront y arriver. Le Cacique leur apprend qu'à la distance de six soleils, c'est-à-dire,

de six jours de marche vers le sud, ils découvriront un autre océan, près duquel est situé ce riche pays; mais que, s'ils se proposaient de l'attaquer, ce ne pouvait être qu'avec des forces très-supérieures en nombre à celles qu'ils avaient alors (1).

Telles furent les premières notions que reçurent les Espagnols sur le grand océan méridional, et sur la vaste région connue depuis sous le nom de Pérou. Balboa avait devant lui des objets dignes de son insatiable ambition et de l'audacieuse activité de son génie. Il conclut sur-le-champ que l'océan dont parlait le Cacique, était celui que Colomb avait cherché dans cette même partie de l'Amérique, espérant s'ouvrir par là une communication plus directe avec les Indes orientales, et il conjectura que l'opulente contrée dont on lui faisait la description, devait être une portion de ce riche pays du globe.

Flatté de l'idée d'exécuter ce qu'un si grand homme avait vainement entrepris, et pressé d'effectuer une découverte qui ne devait pas moins être agréable au roi qu'utile à sa patrie, il attendit avec impatience le moment de partir pour cette expédition, qui effaçait à ses yeux

(1) P. MARTYR.

ce qu'avaient d'éclatant ses premiers exploits.

Toutefois, il ne se dissimulait pas que le succès dépendait d'arrangemens et de préparatifs indispensables. Il commença donc par solliciter et gagner l'amitié des Caciques voisins, et envoya quelques-uns de ses officiers à Saint-Domingue, avec beaucoup d'or, preuve irrécusable et parlante de ce qu'il avait fait, et de ce qu'il se proposait de faire encore.

Distribués à propos, des présens qu'il offrit à différentes personnes lui valurent la protection du gouverneur, et attirèrent à son service un grand nombre de volontaires. Aussi, dès qu'il eut reçu le renfort qu'il attendait d'Hispaniola, il se crut en état de tenter son expédition.

Prétendre traverser un pays inconnu, sans autres guides que des Indiens, sur la fidélité desquels on ne pouvait guère compter, était l'entreprise la plus hardie que les Espagnols eussent encore formée dans le Nouveau-Monde; mais Balboa se distinguait, entre ses compatriotes, par une intrépidité si extraordinaire, que, dans ce temps où le dernier des aventuriers se faisait remarquer par son audace et par son courage, tous lui cédaient la palme. Il joignait à la bravoure la prudence, la générosité, l'affabilité, et ces talens populaires qui, dans les entreprises les plus témé

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