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rées leurs femmes, leurs enfans et ce qu'ils avaient de plus précieux. Eux-mêmes abandonnèrent Athènes, prirent les armes et s'embarquèrent. Les autres villes de la Grèce suivirent l'exemple des Athéniens.

Convaincus qu'une seule journée pouvait décider de leur esclavage ou de leur liberté, les Grecs rassemblèrent toutes leurs forces sur un même point, et, lorsque la flotte des alliés se trouva réunie, Thémistocle s'empara du détroit de Salamine. Il agit ainsi, pour ôter aux ennemis toute possibilité de l'envelopper par leur nombre. Une contestation s'éleva entre les chefs des villes, et chacun d'eux voulait renoncer à l'alliance et retourner chez soi. Craignant donc que la séparation des alliés ne diminuât ses forces, Thémistocle envoya à Xercès un homme affidé qu'il chargea de lui dire : « Grand roi! rassemblée dans un seul endroit, la Grèce peut facilement tomber en votre pouvoir; mais les chefs de la flotte veulent maintenant se retirer: si vous attendez que leur départ soit effectué, vous aurez plus de mal à les vaincre les uns après les autres.>> Trompé par ce faux avis, Xercès se décide à en venir aussitôt aux mains. On donne le signal du combat, et les Grecs le commencent avec toutes leurs forces. Resté sur le rivage avec une partie

de ses vaisseaux, le roi de Perse n'en est que le simple spectateur; mais Arthémise, reine de Carie, qui était venue au secours de Xercès, combattait vaillamment au milieu des premiers chefs. Cette femme courageuse se distinguait par une audace au-dessus de son sexe (*). Battus et vaincus de nouveau, les Perses prirent la fuite, et, dans cette déroute générale, plusieurs vaisseaux coulèrent à fond; le plus grand nombre rentra dans ses ports (1).

Frappé de cette défaite, Xercès restait irrésolu. Alors Mardonius (**), un de ses généraux, lui adressa ces paroles : « Grand roi! le bruit de cet échec peut exciter quelque sédition en Perse. Retournez dans vos états, et laissez-moi trois cent mille hommes d'élite. Si je subjugue la Grèce, la gloire en rejaillira sur votre personne; si au contraire je suis vaincu, le déshonneur ne pourra vous atteindre. » Ce conseil fut goûté, Mardonius prit le commandement de l'armée, et Xercès se

(*) C'est à cette occasion que Xercès, voyant la victoire prête à se déclarer pour les Grecs, s'écria: «Ici les femmes combattent en hommes, et les hommes en femmes. »

HIST. ANC.

(**) Gendre de Darius, et beau-frère de Xercès. (1) JUSTIN.

disposa à ramener lui-même dans son royaume le reste de ses troupes.

Aussitôt que les Grecs eurent eu connaissance de la fuite de Xercès, ils formèrent le projet de rompre le pont qu'il avait construit à Abydos. Leur intention était, en lui coupant la retraite, ou de le faire périr avec son armée, ou de le forcer à demander la paix; mais Thémistocle, qui craignait que l'ennemi, se voyant enfermé, ne tombât dans le désespoir, conseilla aux Grecs de ne point détruire le pont. Ne pouvant vaincre leur obstination, il renvoya à Xercès l'homme dont il a déjà été parlé, pour l'avertir de leur dessein, et lui recommander de précipiter sa fuite. Interdit à cette nouvelle, le roi de Perse chargea ses généraux de la conduite des troupes, et, suivi de peu de monde, il se dirigea sur Abydos, où étant arrivé il trouva le pont détruit par les mau

vais temps de l'hiver.

Saisi de crainte à cet événement inattendu, Xercès se jeta dans une barque de pêcheur. Ainsi ce monarque, dont peu auparavant la mer pouvait à peine contenir les vaisseaux, fut forcé de confier son salut à un frêle esquif. L'armée, dont il avait laissé la conduite à ses généraux, ne fut pas plus heureuse dans sa route, car aux fatigues journalières se joignirent bientôt la famine et

même la peste. Le nombre des mourans était si grand, que les chemins étaient couverts de cadavres, et que les oiseaux de proie et les bêtes carnivores suivaient l'armée.

Vers le même temps Mardonius se rendit maître d'Olynthe, en Grèce. Il s'efforça ensuite d'engager les Athéniens à faire la paix avec Xercès; mais, voyant que la liberté était pour eux plus chère que tout le reste, tout le reste, il fit passer son armée dans la Béotie. Les Grecs, au nombre de cent mille combattans, l'y suivirent et lui livrèrent bataille. Mardonius eut le sort de Xercès; il fut vaincu, et s'enfuit avec peu de monde. Son camp, rempli des richesses du roi, tomba au pouvoir

des Grecs.

que les

les troupes

de

Le hasard voulut que le même jour où l'armée de Mardonius fut détruite, les Perses fussent aussi vaincus sur mer, en Asie, sous le mont Micale. Au moment où les deux flottes en venaient aux mains, le bruit se répandit de part et d'autre Grecs étaient vainqueurs, et que Mardonius avaient été taillées en pièces. A cette nouvelle les Perses se troublèrent et prirent la fuite. La guerre ainsi terminée, les principaux éloges furent accordés à la valeur des Athéniens dans l'assemblée générale des Grecs, et, parmi les chefs, le suffrage unanime des villes donna le

premier rang à Thémistocle, qui, par sa prudence, sa sagesse, son courage et son dévouement accrut la gloire de sa patrie (1).

Cependant Xercès venait de faire de nouveaux préparatifs de guerre, et les Grecs avaient confié le commandement général de leurs troupes à Cimon, fils de Miltiade, vainqueur des Perses aux champs de Marathon. Le bel exemple de piété filiale qu'avait donné ce jeune homme, avait fait présager sa grandeur future. Il avait racheté, pour lui rendre les derniers devoirs, le corps de son père qui avait été mis en prison, et qui y était mort. Les Grecs, durant cette guerre, ne furent point trompés dans l'espoir qu'ils avaient conçu du courage de Cimon, qui vainquit Xercès sur terre et sur mer, et le contraignit à retourner dans ses états.

Quelque temps après, les Messéniens recommencèrent la guerre pour la troisième fois. D'abord les Lacédémoniens appelèrent les Athéniens à leur secours; mais bientôt, suspectant leur bonne foi, ils les congédièrent. Grièvement offensés de cet outrage, les Athéniens s'en vengerent. Sparte toutefois ne resta pas oisive, et, quoique occupée contre les Messéniens, elle fit

(1) JUSTIN.

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