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songer à s'unir, et a équiper à frais communs une armée navale. Chaque peuplade avait ses vaisseaux, et exerçait le métier de pirates. Les courses étaient bornées; on craignait de s'aventurer au loin; on se pillait réciproquement; on faisait des descentes chez ses voisins; et souvent on portait le fer et la flamme dans des villes ouvertes ou peu fortifiées, et toujours hors d'état de se défendre et de repousser une invasion. Ce brigandage était les Grecs un titre d'honneur. Roi de Crète pour et maître des Cyclades, Minos rassembla des forces maritimes imposantes, battit les corsaires, nettoya les côtes infectées par ces voleurs publics, purgea toutes les mers voisines, et y ramena la tranquillité.

Ce fut cinquante ans environ après la mort de Minos, que les Argonautes partirent pour la Colchide, avec l'intention d'enlever la toison d'or, que gardaient des taureaux à gueules enflammées, et un dragon monstrueux. Chef de l'expédition, Jason fit construire le premier vaisseau long qui parut, et que l'on nomma Argo (1), soit qu'Argus en ait été l'architecte, soit à cause de sa marche supérieure, ou enfin parce qu'il fut monté par des Grecs nommés Argiens.

(1) OVID. et CATULL.

Éblouie par l'éclat d'une si belle entreprise, toute la jeunesse du pays se présenta à Jason pour partager les dangers du voyage; mais il ne voulut admettre à l'honneur de voguer sous son pavillon, que des hommes distingués par leur mérite personnel, et déjà connus entre les héros par milles preuves de courage et d'intrépidité. Ils s'embarquèrent au nombre de quatre-vingts (*), et prirent le nom d'Argonautes, du navire qu'ils

montaient.

Déjà l'Argo a levé l'ancre et cinglé vers le PontEuxin; mais il n'eut pas plus tôt doublé le Bosphore de Thrace, que Jason et ses compagnons, peu habiles encore dans l'art de la navigation, se trouvèrent embarrassés aux approches des Symplégades, les deux rochers Cyanées qui se présentent en entrant dans cette mer, et sur lesquels les jetèrent probablement les courans et les vents.

(*) HIST. GEN. DE LA MAR. Les Anciens varient sur ce nombre, et les modernes ne sont pas d'accord entre eux. Noël, dans son Dictionnaire de la Fable, donne à Jason cinquante-, quatre compagnons, tandis que Grellet, dans sa Théologie payenne, dit qu'on a toujours cru qu'ils étaient cinquante. Quoi qu'il en soit, l'équipage de l'Argo comptait parmi ses membres, Hercule, Thésée, Castor, Pollux, Orphée, Lyncée, Typhis, Pélée, Télamon, Calaïs, Zéthès, Iphiclés, Admète, etc.

JOUVENCY.

Cependant ils arrivèrent heureusement dans la Colchide, connue aujourd'hui sous le nom de Mingrélie.

L'enlèvement de la toison d'or était l'objet apparent de l'expédition des Argonautes; mais ils avaient pour but réel de s'enrichir des mines d'or dont la Colchide abonde, et d'acheter des laines du pays, ou des toisons dont on se sert pour recueillir l'or que les rivières charient avec le sable. Aussi, quand les poëtes avancent que Jason fut le premier qui entra dans ces mers inconnues, cela veut dire qu'il les parcourut le premier sur un vaisseau d'une dimension plus grande que ceux construits sur les modèles alors en usage; car il ne fit que marcher sur les traces de Phryxus et d'Hellé (1), qui lui en avaient frayé le chemin.

L'expédition des Argonautes fut suivie de la guerre de Troie. Une femme enlevée, une pomme, la jalousie d'une déesse, tout à la fois reine des dieux, sœur et épouse de Jupiter, suffirent pour mettre l'Asie en feu, pour soulever la Grèce, et détruire l'empire de Priam (2).

Les voyages d'Ulysse, d'Antenor, de Francus et d'Énée sont trop connus pour que nous nous arrêtions; nous pensons qu'il doit en être de

y

(1) HIST. POÉT. (2) Virg.

même de toutes les guerres maritimes des Grecs jusqu'à la bataille de Salamine, où le génie de Thémistocle sauva son ingrate patrie.

Quelque temps auparavant, la guerre avait éclaté entre les Athéniens et les Mégariens, touchant la propriété de l'île de Salamine, et de part et d'autre on s'était battu à outrance. Après des pertes nombreuses, les Athéniens avaient rendu ce décret : « Que celui qui proposera une loi relative à Salamine, soit puni de mort. » Solon était d'avis qu'il fallait soumettre cette île par la force des armes, mais il craignait le ressentiment des Athéniens s'il manifestait ouvertement sa pensée; il craignait aussi, en gardant le silence, de ne pas assez prendre les intérêts de la république. Pour pouvoir donc, non-seulement dire, mais encore faire ce que défendait la loi, Solon feignit une démence subite. Il courut ensuite, comme un insensé, dans la place publique, où on l'entoura; mais, pour dissimuler son dessein, il se mit, contre sa coutume, à réciter des vers. Peu

à

peu il conseilla au peuple ce que la loi défendait, et bientôt la multitude partagea son avis. La guerre fut aussitôt résolue contre les Mégariens, l'ennemi succomba dans la lutte, et l'île de Salamine devint la propriété d'Athènes.

Cependant Xercès, deux fois battu sur terre,

venait de prendre la résolution de courir les hasards de la mer; mais, avant d'en venir aux mains, il avait envoyé à Delphes quatre mille hommes armés pour piller le temple d'Apollon. Ce n'était donc point aux Grecs seuls, mais encore aux dieux immortels, qu'il faisait la guerre. Sa troupe fut détruite par les pluies et par la foudre (*). Cette catastrophe dut lui faire comprendre combien sont nulles contre les dieux les forces des hommes. Xercès ensuite, transporté de fureur, brûla Thespies, Platée et Athènes. Ces villes alors étaient inhabitées.

Réduits à la dernière extrémité, et ne sachant quel parti prendre, les Athéniens avaient envoyé à Delphes consulter l'oracle d'Apollon. La pythie avait répondu « qu'ils devaient chercher leur salut derrière des murs de bois (1). » Thémistocle persuada à ses concitoyens qu'Apollon leur conseillait de transporter sur des vaisseaux et leurs personnes et ce qu'ils possédaient. « Par des murs de bois, en effet, ajouta Thémistocle, Apollon indique des vaisseaux. » Les Athéniens approuvèrent cet avis, et firent passer dans des îles reti

(*) La même chose, dit-on, arriva à Brennus, général gaulois, et pour la même cause.

(1) CORN. NEP.

HIST. ANC.

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