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ractérisent, l'objet qui mérite le plus particulièrement de fixer l'attention, c'est de rechercher comment l'Amérique a été peuplée, par quelle route les hommes ont passé d'un continent à l'autre, et dans quelle partie du globe il est le plus probable que s'est établie une communication entre les deux hémisphères.

On sait, avec une certitude infaillible, que toute la race humaine est sortie de la même souche, et que les descendans d'un seul homme (*), sous la protection divine, et obéissant aux ordres du ciel, se sont multipliés et ont peuplé la terre. Mais ni les annales, ni les traditions des peuples ne remontent jusqu'à ces temps éloignés où ils ont pris possession des diverses contrées dans lesquelles ils sont à présent établis.

Nous ne pouvons ni suivre les branches de ces premières familles, ni indiquer avec certitude l'époque de leurs séparations, et la manière dont elles se sont répandues sur la surface du globe. Chez les nations même les plus éclairées, le période de l'histoire authentique est extrêmement court, et tout ce qui remonte au-delà est fabuleux ou obscur. Il n'est donc pas étonnant que les naturels ignorans de l'Amérique,

(*) ADAM, Genèse.

qui n'ont ni inquiétude sur l'avenir, ni curiosité sur le passé, n'aient aucune connaissance de leur propre origine.

Les Californiens et les Eskimaux en particulier, qui occupent les parties de l'Amérique les plus voisines de l'ancien continent, sont si grossiers, qu'il serait absolument inutile de chercher parmi eux quelques moyens de découvrir le lieu d'où ils sont venus, ou les ancêtres dont ils sont descendus. Nous devons le peu de lumières que nous ayons sur cet objet, non aux naturels de l'Amérique, mais à l'esprit de recherche de leurs conquérans.

Lorsque les Européens firent la découverte inattendue d'un monde nouveau, placé à une grande distance de toutes les parties connues alors de l'ancien continent, et rempli d'habitans dont l'extérieur et les mœurs différaient sensiblement du reste de l'espèce humaine, la curiosité et l'attention des hommes instruits dut naturellement les porter à rechercher l'origine de ces peuples.

On remplirait plusieurs volumes, dit le savant auteur de l'Histoire de l'Amérique(1), des théories et des spéculations qu'on a imaginées sur ce sujet;

(1) ROBERTSON.

mais ce sont, pour la plupart, des idées si bizarres et si chimériques, que je croirais faire un affront à l'intelligence de mes lecteurs, si j'entreprenais de les exposer en détail, ou de les réfuter. Quelques-uns ont eu la présomption d'imaginer que les habitans de l'Amérique ne descendaient pas du père commun de tous les hommes, mais qu'ils formaient une race séparée, distinguée par des traits particuliers, et dans la forme extérieure de leur corps, et dans les qualités caractéristiques de leur esprit. D'autres prétendent qu'ils sont descendus de quelques restes des anciens habitans de la terre échappés au déluge qui, du temps de Noé, a détruit la plus grande partie de l'espèce humaine, et ils regardent, contre toute raison, des tribus grossières et sauvages, dispersées sur un continent inculte, comme la race d'hommes la plus ancienne qu'il y ait sur la terre.

Il n'y a guère de nation, depuis le pôle du nord jusqu'à celui du sud, à laquelle quelque antiquaire, livré à la folie des conjectures, n'ait attribué l'honneur d'avoir peuplé l'Amérique. On a supposé tour à tour que les Juifs, les Cananéens, les Phéniciens, les Carthaginois, les Grecs, les Scythes, avaient, dans les temps anciens, formé des établissemens sur cet hémisphère occidental.

On a dit que, dans des temps postérieurs, les Chinois, les Suédois, les Norvégiens, les Gallois, les Espagnols, y avaient envoyé des colonies en différentes circonstances, et à des époques diverses. Les prétentions respectives de ces peuples ont trouvé de zélés partisans, et quoique les raisons les plus plausibles dont ils appuyassent leurs hypothèses ne fussent que des rapports accidentels de quelques coutumes, ou une ressemblance équivoque de quelques mots, on a employé de part et d'autre beaucoup d'érudition et encore plus de chaleur à défendre, sans résultat utile, les hypothèses contraires.

Rien ne peut être plus frivole ou plus incertain que de chercher à découvrir l'origine des Américains, en observant simplement les ressemblances qui peuvent se trouver entre leurs mœurs et celles de quelque nation particulière de l'ancien continent. Si l'on suppose deux peuples placés aux deux extrémités de la terre, mais dans un état de société également avancée pour la civilisation et l'industrie, ils éprouveront les mêmes besoins, et feront les mêmes efforts pour les satisfaire. Attirés par les mêmes objets, animés des mêmes passions, les mêmes idées et les mêmes sentimens s'élèveront dans leur âme. Le caractère et les occupations du chasseur d'Amé

rique seront peu différens de ceux d'un Asiatique qui tire également sa subsistance de la chasse. Une tribu de sauvages des bords du Danube ressemblera beaucoup à ceux qui vivent dans les plaines qu'arrose le Mississipi. Au lieu donc de présumer, d'après de pareils rapports, qu'il y ait quelque affinité entre ces peuples divers, nous devons seulement en conclure que les dispositions et les mœurs des hommes sont formées par leur situation, et naissent de l'état de sociabilité où ils se trouvent.

Du moment où ces circonstances commencent à s'altérer, le caractère d'un peuple doit changer, et, à proportion qu'il fait des progrès dans la civilisation, ses mœurs se raffinent, ses facultés et ses talens se développent.

Les progrès de l'homme ont été à peu près les mêmes dans toutes les parties du globe, et nous pouvons le suivre dans sa marche, de la simplicité grossière d'une vie sauvage, jusqu'à ce qu'il arrive à l'industrie, aux arts et à l'élégance des sociétés policées. Il n'y a donc rien de merveilleux dans les ressemblances qu'on a observées entre les Américains et les nations barbares de l'ancien continent.

Les hypothèses que l'on a faites sur l'origine des Américains, d'après l'observation de leurs

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