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près du mont Athos, par un vent nord des plus violens, fit fausse route, manœuvra mal, et perdit trois cents bâtimens qui se brisèrent sur les récifs dont la côte est hérissée. Vingt mille hommes périrent dans cette occasion; les uns se noyèrent, les autres moururent de faim et de froid, plusieurs furent dévorés par des bêtes féroces.

Ce désastre toutefois n'abat pas le courage de Darius, et ne diminue en rien le désir qu'il a de tirer des Athéniens une vengeance éclatante. Une flotte formidable couvre la mer (*); il en confie le commandement à Datis et à Artapherne, généraux plus habiles que Mardonius. Montée par deux cent mille fantassins, et portant dix mille cavaliers, cette flotte fait voile vers Samos, et aborde à Naxos, dont les habitans épouvantés fuient sur les montagnes. Les maisons et les temples de l'île deviennent la proie des flammes; les Perses ravagent les îles voisines, et forcent à s'incorporer dans leurs troupes les prisonniers qui tombent entre leurs mains. Opérant ensuite une descente sur les côtes d'Érétrie, ville de l'Eubée, ils la pillent et portent partout le carnage et la désolation.

(*) Hérodote la fait monter à six cents vaisseaux, d'autres à cinq cents seulement.

Néanmoins, comme l'objet principal de cet armement était Athènes, les Perses cinglèrent vers l'Attique; ils y débarquèrent à la faveur de plusieurs ponts qu'ils construisirent avec des vaisseaux, et s'étendirent dans la plaine de Marathon, où ils formèrent leur armée.

On agita long-temps à Athènes la question de sayoir si l'on attendrait les Perses dans la ville, ou si l'on irait à leur rencontre. On ne pouvait opposer aux forces nombreuses des Barbares que

dix mille Athéniens et mille citoyens de Platée. « Marchons à l'ennemi, s'écrie Miltiade; étonnons les Perses par notre intrépidité; elle seule peut suppléer à la faiblesse numérique de nos troupes. » Il dit; tous l'approuvent et le suivent. Abrités par une montagne, les Grecs ne peuvent être ni tournés ni enveloppés; de longs abattis d'arbres couvrent au loin l'espace qu'ils embarrassent, et rendent nuls les mouvemens de la cavalerie. Le signal du combat est donné, l'attaque commence, le désordre se met dans les rangs ennemis. Mal commandés, les Perses s'étonnent, fuient, courent à leurs vaisseaux, et mettent à se rembarquer tant de précipitation qu'un grand nombre d'entre eux périssent dans les flots (1).

(1) CORNELIUS NEPOS.

Les Athéniens poursuivirent les Perses jusqu'au rivage, et leur tuèrent beaucoup de monde. Cet échec fut l'atteinte la plus sensible qui eût été portée jusqu'alors à l'orgueilleuse puissance de Darius. Miltiade toutefois ne put profiter de sa victoire; la mer donna des bornes à sa valeur, mais il brûla plusieurs vaisseaux ennemis, et en prit sept. Cette journée fameuse fut l'époque de la décadence des Perses, qui depuis long-temps s'étaient rendus redoutables aux Grecs. La terreur était, pour ainsi dire, attachée à leur nom; leur habillement seul inspirait l'effroi, et l'on ne parlait d'eux qu'en tremblant.

Héritier du trône de Darius, Xercès le fut aussi de sa haine contre les Grecs, et il entreprit de laver dans leur sang l'affront que son père avait reçu à Marathon. Cinq années furent employées aux préparatifs du plus formidable armement qu'on eût jamais vu. Unis par un traité d'alliance avec les Perses, les Carthaginois devaient attaquer les Grecs établis en Sicile et en Italie, tandis

que Mardonius irait soumettre ceux de l'Attique et du Péloponèse.

Tout entier à ce projet, Xercès arme sur terre et sur mer; la construction des vaisseaux se pousse avec la plus grande activité dans tous les ports de sa domination. Les Phéniciens et les Syriens lui

fournissent trois cents navires; les Cypriens cent cinquante, les Ciliciens cent, les Pamphiliens trente, les Lyciens cinquante, les Doriens d'Asie trente, les Cariens soixante-dix, les Ioniens cent, les habitans des îles dix-sept, les Égyptiens deux cents, les Æoliens soixante, les Hellespontins cent; et Artémise, reine de Carie, qu'il ne faut pas confondre avec la veuve de Mausole, conduisit elle-même cinq bâtimens armés au rendezvous général de la flotte.

Tout ce qui suit, et sous Xercès, et sous ses successeurs, jusques et compris le règne d'Alexandre le Grand, qui soumit l'Asie, devant se retrouver dans ce que nous allons rapporter de la marine des Grecs, nous suspendrons ici notre résumé de la navigation des premières monarchies.

MARINE DES GRECS.

Les premiers temps de la Grèce sont obscurs et fabuleux. Bornée au nord par la Thrace et l'Illyrie, au sud par la mer de Crète, à l'est par la mer Égée, et à l'ouest par la mer d'Ionie, elle tenait encore sous sa dépendance les îles qui environnent la terre ferme. Quoique cette contrée fût heureusement située pour la navigation, l'origine

de sa marine est cependant fort incertaine, et il est impossible d'en fixer au juste le commencement; tant sont grandes les difficultés et les contrariétés qui se rencontrent à chaque page dans les auteurs anciens, qui, poëtes et historiens, ont dénaturé les faits par les saillies d'une imagination déréglée, et tout confondu en insérant des fables dans leurs productions mensongères. Un d'entre eux (1) toutefois semble avoir entrevu la vérité, en distinguant trois âges dans la Grèce. Le prémier, qu'il appelle obscur, s'étend depuis la création du monde jusqu'au déluge d'Ogygès; le second, qu'il nomme fabuleux, commence à ce déluge, et va jusqu'à la première olympiade; le troisième enfin, qu'il traite d'historique, se rapporte à l'époque de la première olympiade.

Environnés des eaux de la mer, et semés, en quelque sorte, le long de ses côtes, les Grecs avaient devant eux des rades sûres et des ports commodes pour les entreprises commerciales et les expéditions maritimes; mais comme ces peuples formaient un grand nombre de petits états séparés, qu'ils se défiaient les uns des autres, et qu'ils étaient dans un état de guerre presque continuel, ils demeurèrent long-temps isolés, sans

(1) VARRON.

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