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les différens partis qui divisaient la république.

André Doria fut assez heureux et assez habile pour réunir les esprits, et rendre à sa patrie le calme et la tranquillité si nécessaires aux nations. Il aurait pu s'emparer de la souveraineté, mais il se contenta d'avoir affermi la liberté, et cet acte de magnanimité fut pour lui la plus belle des récompenses.

Gênes, dans ces temps florissans, possédait plusieurs îles de l'Archipel, et donnait même des lois à quelques villes situées sur les côtes de la Grèce et de la mer Noire. L'un des faubourgs de Constantinople, Péra, était sous son obéissance, mais l'agrandissement de la puissance ottomane a tellement affaibli son commerce dans le Levant, qu'à peine un de ses navires paraît à présent dans les eaux qui baignent les états du Grand-Seigneur.

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Plus fameuse par ce qu'elle fut autrefois que par ce qu'elle est aujourd'hui, Gênes est tombée de son antique grandeur, et la perte de la Corse, réunie à la France, n'a pas peu contribué dans le temps à affaiblir ses forces et à diminuer ses

ressources.

CORSES.

Les Toscans furent les premiers qui se rendirent maîtres de la Corse. Les Carthaginois soumirent cette île, et, sous Scipion, les Romains la conquirent tout entière. Les Sarrasins s'en saisirent dans le vie siècle, mais ils en furent chassés quelque temps après.

La Corse, sous l'empire de Charlemagne, fut envahie par des barons romains de la maison Colonne, et, dans la suite, les papes, les rois d'Aragon et ceux de France se la disputèrent tour à tour. Le traité de Cambrai en assura la possession aux Génois, qui en avaient acheté plusieurs parties, et cette île, prétexte de longues guerres entre les gouvernemens de Pise et de Gênes, est enfin restée aux Français, qui s'en sont rendus maîtres en 1769.

La Corse rappelle trois personnages fameux, son roi, l'aventurier Théodore de Neuhoff, gentilhomme allemand; Paoli, et Napoléon Bonaparte, qui, du rang de simple officier d'artillerie, élevé sur le pavois militaire comme un trophée national, s'est élancé sur le premier trône du monde, et, couronné dans le sein du triomphe, a été salué fils aîné de l'Église et restaurateur de

la Foi, et rendu l'oint du Seigneur par le Pontife des pontifes, venu exprès de Rome pour le sacrer empereur des Français dans l'église métropolitaine de Paris (*).

TURCS.

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Originaires de la Tartarie, les Turcs ignorèrent long-temps' l'usage de la marine. On les vit paraître dans les armées de l'empereur Héraclius, mais ce n'était qu'en qualité de troupes auxiliaires, et ils se retiraient dans leurs déserts dès qu'on cessait d'avoir besoin de leurs services. Eloignés des mers, et habitant un pays inculte, ils ne vivaient que de vols et de brigandages. Enfin, ils formèrent un corps de nation au commencement du xe siècle. Leurs armes eurent du succès dans les âges suivans. Un de leurs satrapes, Osman, fils d'Artogule, se rendit maître de plusieurs provinces de l'Asie mineure, et établit le siége de sa domination à Pruse, ancienne capitale de la Bithynie. Son règne fut glorieux; ses successeurs ajoutèrent à ses conquêtes; mais, jusque-là ils ne durent leurs succès qu'à leurs

(*) Credere, posteritas, si tam ardua facta recuses,
Aurum, marmor, ebur, spirantia saxa loquuntur.

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forces de terre, et ce ne fut qu'après avoir soumis les côtes de la mer Égée, de l'Hellespont, et quelques îles voisines, qu'ils sentirent la nécessité d'avoir une marine. Nous les retrouverons dans le cours de cet ouvrage.

RUSSES.

L'histoire des Russes n'a point d'époques certaines avant l'année 862 (*). Dans les temps anciens, la Russie, la Pologne, et quelques autres

(*) Aucune famille sur la terre ne connaît son premier auteur, aucune nation ne sait sa première origine. Cependant tous les peuples, jaloux de la reculer, en ont placé l'époque dans la nuit des temps, et rempli les lacunes de leur généalogie par les fables les plus grossières *. Ils ont cru voir dans des langues qui n'avaient point d'analogie entre elles, des rapports de noms pour la démontrer. Ces conjectures, ces étymologies forcées, ont rendu bien suspects les monumens et les actes qu'ils interprètent à leur avantage. Ainsi chaque nation a eu ses historiens; mais la vérité n'a qu'une histoire : si elle fouille dans les archives du monde, c'est pour nous faire remonter aux différens âges du temps, pour déterminer les époques des révolutions humaines et des événemens

* Les Grecs ( Græcia mendax) étaient si vains d'une antiquité qui leur appartînt en propre, que les Athéniens aimérent mieux se dire descendans des Cigales de la forêt d'Hégyne, que de se reconnaître pour un peuple étranger dans l'Attique.

LE CLERC.

contrées formaient ensemble la Scythie. La première ne comprenait qu'une partie de la Sarmatie européenne. Ces vastes régions étaient peuplées de Sarmates, de Massagètes, de Goths, de Huns, d'Alains, de Gètes, de Cimbres, de Roxelans, de Varaignes ou Varéges, de Slaves, et de Rouffs proprement dits. Les Slaves étaient particulièrement désignés sous le nom de Slavenski, ou de

moraux, pour fixer quelques points dans l'immensité de l'espace, et placer un certain nombre de pierres numéraires sur la route du temps.

L'amour-propre des nations et des particuliers se garderait bien de chercher une fausse origine dans les ténèbres qui cachent la véritable, s'il se rappelait que presque tous les grands empires doivent leur fondation à des brigands *, à des lâches fugitifs dans un coin du monde inhabité, et quelquefois à des proscrits, qui, pour s'assurer l'impunité, ont établi des colonies sous un ciel rigoureux ou dans des climats éloignés du lieu de leur naissance. La prudence veut

Toujours l'ambition fut fatale aux provinces;
Sous un sceptre de fer les peuples prosternés,
N'ont vu que trop souvent, au nombre de leurs princes,
Des brigands couronnés.

BOUVET DE CRESSÉ,

Ode sur la descente du duc Guillaume en Angle

terre, sujet proposé par l'Académie de Caen, en 1804, époque où Bonaparte allait passer du Consulat à l'Empire.

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